Le 7 janvier 2024, les amateurs du club de football du CA Pontarlier défieront en 32ᵉ de finale de Coupe de France un club de ligue 1 : l’Olympique Lyonnais. Quatre divisions séparent les deux clubs. Dix jours avant le match, immersion avec les joueurs franc-comtois qui jonglent entre leur métier et les pelouses, avant ce match de gala.
Jeudi 28 décembre 2023. Il est 17 h 45, rendez-vous est donné devant le magasin Hyper U de Pontarlier (Doubs). C'est ici qu'évolue Maxence Villemain, arrière droit du club de football amateur de Pontarlier, lorsqu'il ne foule pas les pelouses. "C'est un peu une double vie qu'on mène" sourit le jeune homme, manteau siglé de l'emblème de son employeur sur le dos et tire-palettes en main, au micro de nos journalistes Alexis Cecilia-Joseph et Damien Lefauconnier. "C'est sportif, un bon train de vie on va dire".
L'arrière droit du club amateur de Pontarlier travaille aussi en dehors des pelouses. 39h par semaine dans cette grande surface, et trois entraînements par semaine. Un train de vie qui diffère du tout au tout avec celui de ses futurs adversaires, les joueurs du club de Ligue 1 de l'Olympique Lyonnais, qui viendront défier le CAP, à Besançon, en 32e de finale de Coupe de France, le 7 janvier 2024.
Pour cette rencontre de gala, toutes les places du stade Léo-Lagrange sont parties en une dizaine de minutes. Mais malgré sa petite notoriété locale, sur son lieu de travail, Maxence Villemain passe presque inaperçu dans les rayons. "Non, je ne le connais pas" avoue une cliente alors que l'arrière-droit s'affaire à fournir les rayons, derrière elle. "Ce jeune homme a l'air d'être très bien, mais il m'est inconnu" renchérit un autre.
Trois entraînements par semaine difficiles à concilier avec une vie professionnelle
Une vie particulière, un peu à 100 à l'heure. Car une fois sa tenue de travail remisée au vestiaire, la deuxième journée de Maxence commence alors : celle de footballeur. À peine le temps de souffler, il doit se dépêcher de rentrer chez lui, troquer sa tenue de travail contre short et crampons.
Une journée comme là, c'est remplie. On bosse toute la journée, on rentre, on va au foot, on rentre encore, on mange, on se pose un petit coup puis c'est déjà l'heure de dormir pour être en forme le lendemain.
Maxence Villemain,arrière droit du club de football amateur de Pontarlier
À 19 h 15, l'entraînement débute au stade Paul Robbe, l'antre du CAP. Et si aujourd'hui la majorité des joueurs se rassemble, ce n'est pas toujours évident pour les amateurs de répondre présent à chaque fois. Pierre Vannier-Simon, défenseur central, est par exemple infirmier en Suisse.
Son quotidien : des gardes de 12h en semaine comme le week-end et des trajets de 100 km aller-retour pour se rendre à l'entraînement. Initialement, le jeune homme devait travailler le 7 janvier. Mais impossible de louper le match d'une vie, il sera finalement disponible contre Lyon.
J'ai réussi à négocier. Grâce à une de mes collègues, que je remercie d'ailleurs, j'ai pu changer mon week-end pour être présent dimanche prochain. Donc très content d'être là.
Pierre Vannier-Simon,défenseur central du CA Pontarlier
Vous l'aurez compris, l'entraîneur de la formation doubiste, Jean-Luc Courtet, doit au quotidien bricoler avec les absences. Mais après 23 ans à la tête du CA Pontarlier, il n'a pas à rougir de son bilan en Coupe de France. "Les premiers exploits remontent à 2011 avec l'élimination d'Amiens, qui était en Ligue 2" rappelle-t-il. "Ensuite, on a éliminé le FC Sochaux, aussi en Ligue 2. Donc on s'est pris à rêver et à comprendre que c'était faisable. La Coupe de France, maintenant, ça fait partie de nous".
Dans dix jours, les joueurs auront l'occasion d'écrire une nouvelle page de leur histoire. S'ils font tomber Lyon, ils qualifieront leur club pour la première fois en 16ᵉ de finale de la Coupe nationale.