Se ravitailler en eau douce par camion-citerne comme pendant la sécheresse de 2018, ce sera bientôt de l'histoire ancienne pour certains villages du Haut-Doubs à l'approvisionnement chaotique, comme Les Alliés et Hauterive. Des travaux de raccordement à Pontarlier débutent le 11 octobre. Un chantier onéreux, mais qui conditionnait l'accueil de nouveaux habitants.
À l'heure où certains font couler le café et la douche sans même y penser, d'autres font en sorte que cela puisse continuer. Dans le vénérable réservoir des Alliés, petite commune rurale du Haut-Doubs, Paul Bize s'affaire sur la tuyauterie qui commence a montrer des signes de fatigue.
"Nous avons des installations qui sont assez vieilles, glisse le soudeur-tuyauteur. Le château d'eau, il date de 1926. Du coup, on a des vieilles fondes, des vieilles vannes. Il faut qu'on remplace tout, ça ne facilite pas le travail."
Malgré cela, le bout du tunnel est tout proche. Après avoir creusé deux kilomètres de canalisation à 1100 m d'altitude pour capter l'eau de Pontarlier, le chantier s'attache désormais à défier les lois de la gravité.
"Il y avait une conduite existante, avec du dénivelé. L'écoulement de l'eau se faisait depuis Hauterive vers les Alliés, donc dans le sens descendant, raconte Pauline Bouveresse-Dessirier, la maître d'oeuvre du chantier. C'est pour ça qu'on met ici, dans le réservoir des Alliés, un surpresseur qui permettra de remonter l'eau dans l'autre sens."
En finir avec l'approvisionnement par camions
Réguler l'approvisionnement de trois réservoirs permettra à ces villages d'en finir avec l'approvisionnement en eau par camions-citernes lors des épisodes de sécheresse. Une centaine de ces véhicules s'étaient succédés aux étés 2018 et 2019, avec une facture plutôt salée pour de l'eau douce.
"L'achat de l'eau à la petite commune de Pontarlier, plus le transport, ça nous a coûté 13 euros du mètre cube. Aujourd'hui, on parle d'1,50 ou 2 euros du mètre cube. C'est cher, mais ça nous a coûté à l'époque 13 euros du mètre cube. Non répercutable sur les administrés, on va dire. Donc c'est énorme," confie Philippe Drezet, maire (sans étiquette) de Hauterive-La-Fresse.
Pouvoir accueillir de nouveaux habitants
Le coût du chantier s'avère énorme aussi : il revient à 500 000 euros hors taxe, dont presque la moitié à la charge de deux minuscules communes qui réunissent à peine 400 habitants. Mais faute d'eau, cette dépense coulait de source : Les Alliés refusaient depuis trois ans l'arrivée de nouveaux habitants à cause de ce problème.
"Aujourdhui, le but n'est pas de se développer à tout prix, mais de renouveler quand même la population. Il faut qu'on ait quand même un petit peu d'activité, de vie dans ce village, soulève Pierre Millon, maire (sans étiquette) de la petite commune frontalière. S'il n'y a plus de permis de construire, ça veut dire que le village meurt peu à peu. Les affaires vont pouvoir reprendre." Avec la fin des travaux, la source de tous les maux devrait se tarir fin novembre.