Dimanche 24 avril, le second tour de l’élection présidentielle opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Un duo de candidats dans lesquels certains électeurs ne se retrouvent pas. Ils voteront blanc. Même si cela ne compte pas. Témoignages.
Après Mélenchon, ce sera vote blanc pour Antoine*
Antoine* a 56 ans. Il vote en Haute-Saône. PS d’habitude. “J’ai voté Mélenchon au premier tour, mais là pour le second tour, je n’ai plus envie de voter contre, aucun des deux candidats ne me convient” explique ce salarié de l’industrie.
Voter blanc, une évidence après quelques jours de réflexion car Antoine* s’est tout de même demandé à un moment s’il n’allait pas voter pour Marine Le Pen. Il sait pertinemment que le vote blanc ne sera pas comptabilisé, mais tant pis. “Je regrette effectivement que mon vote ne soit pas comptabilisé, c’est absurde, mais au moins, je serai allé voter. On vote blanc pour dire qu’on est contre ceux qui restent en lice” précise-t-il. Il aimerait que les choses évoluent à l’avenir. Que le vote blanc soit compté et reconnu. La possibilité qu’un candidat soit élu avec moins de 50% des votants l’interroge.
A Besançon, Yohan, 23 ans, vendeur, votera blanc lui aussi. Macron ou Le Pen, il rejette ces deux choix. Il aimerait lui aussi que son vote blanc ne soit pas inutile dans les urnes. À Dole dans le Jura, Adélaide, 28 ans, mélenchoniste au premier tour veut elle aussi voter blanc. “Ce sera la première fois, je vote blanc, car je ne suis d’accord avec aucun et que j’attends les législatives pour renverser la balance” explique cette jeune travailleuse sociale. Elle aurait aimé avoir le choix entre trois candidats au second tour.
Au soir du premier tour, la France Insoumise a lancé une consultation auprès de ses électeurs, le vote blanc ou nul est arrivé en tête, avec 37,65%.
"Faire barrage a peu de sens pour moi"
Alexandra, professeur de musique dans le Doubs a choisi elle aussi le blanc. “ Plusieurs raisons me poussent à voter blanc : le fait d'être dans l'incapacité de donner ma voix à l'un ou l'autre des candidats, car je ne me retrouve même pas un minimum dans aucun de leur programme. Et puis, faire barrage pour moi n'a que peu de sens. J'ai voté Macron pour cette raison en 2017 et je me sens responsable du carnage que cela a été dans tous les domaines pendant son quinquennat. Notamment dans celui qui me concerne, l'Education nationale qui a été dépecée par Monsieur Blanquer. Pour autant, jamais je ne donnerai ma voix à Marine le Pen qui représente tout ce que j'exècre notamment au niveau droit des femmes et des étrangers” argumente l’électrice.
Le vote blanc, mode d’emploi
Pour voter blanc, il vous faudra soit laisser vide votre enveloppe, soit y glisser un bulletin blanc et vierge dans votre enveloppe. Le bulletin blanc n’est pas fourni ! Il est même interdit d'en mettre à disposition des électeurs.
Si vous annotez, déchirez un bulletin de vote au nom d’Emmanuel Macron ou Marine Le Pen avant de le glisser dans votre enveloppe, il sera considéré comme un vote nul.
Le vote blanc est-il reconnu en France ?
Pas vraiment. Lors du dépouillement, les bulletins blancs sont bien décomptés séparément des votes nuls. Ils figurent au procès-verbal des résultats dressé par les responsables de votre bureau de vote. Une obligation depuis la loi du 21 février 2014 visant à reconnaître le vote blanc.
Mais quand on fait le calcul des pourcentages de voix acquises par chaque candidat, le vote blanc comme le vote nul ne sont pas pris en compte.
Au premier tour, comment le vote blanc a-t-il été utilisé ?
Dimanche 10 avril, au premier tour, 1,51% des bulletins étaient du “vote blanc”.
Au premier tour en 2017, ce chiffre était à peine supérieur, 1,78%. Mais l’abstention a augmenté entre temps de près de trois points atteignant les 25,44% au plan national. Un électeur sur quatre n’est pas allé voter.
Au second tour en 2017 qui opposait déjà Marine Le Pen, et Emmanuel Macron, 8,52% des électeurs ont voté blanc, un chiffre qui sera scruté de près dimanche soir après le dépouillement.
Quels sont les pays européens qui prennent en compte le vote blanc ?
En Europe, seuls deux pays reconnaissent complétement le vote blanc, et en tiennent compte lors du dépouillement dans le calcul des suffrages. Il s’agit de l'Espagne et des Pays-Bas.
Aux Pays-Bas, la majorité absolue se calcule sur la base des votes “valides”, c’est-à-dire les votes exprimés et les votes blancs, détaille le site internet Toute L'Europe.
Espagne et Pays-Bas considèrent les votes blancs comme valides à toutes les élections. Ils participent au calcul des pourcentages, notamment dans les rares référendums. Ils sont donc pris en compte pour déterminer si un parti a franchi ou non le seuil électoral. En revanche, seuls les suffrages exprimés sont pris en compte pour la répartition des sièges à pourvoir.
En Suède, le vote blanc est uniquement pris en compte en tant que suffrage exprimé lors des référendums. Pour qu’une des deux propositions du référendum l'emporte, elle doit dépasser la majorité absolue des suffrages, votes blancs compris.
* le prénom de la personne a été modifié.