Mardi 7 novembre, la cour criminelle départementale de Paris a condamné à 20 ans de réclusion criminelle, un Bisontin, ancien professeur de langues étrangères à Singapour. L'homme, arrêté à Besançon en 2019, il était jugé pour l'agression de 70 mineurs en Asie, et le viol de sept d'entre eux.
"C'est à la hauteur de ce qu'a commis l'accusé" a réagi Céline Astolfe. L'avocate pour la fondation pour l' Enfance, a défendu les 70 victimes mineures de ce dossier de grande ampleur. Ce mardi 7 novembre, un ancien professeur originaire de Besançon a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avec les deux tiers en peine de sureté et une obligation de suivi socio-judiciare, par la cour criminelle départementale (CCD) de Paris.
Cette cour criminelle départementale, une nouvelle instance, sans jury populaire, créée pour désengorger les Cours d'assises, a condamné l'homme de 55 ans à la peine maximum possible. Il était accusé d'agressions sexuelles en Malaisie entre 2014 et 2017, dont 7 viols.
"On est à une échelle industrielle dans le volume et le professionnalisme" a déclaré pendant le procès Aurélien Brouillet, avocat général. Il a évoqué un "dossier atypique par son ampleur" en qualifiant Jean-Christophe Quenot de "pédophile le plus prolixe" jugé en France. "On peut affirmer sans grossir le trait que la vie de Jean-Christophe Quenot tournait autour de sa pédophilie".
"Il traitait les enfants comme des objets", a conclu l'avocat général
Ancien professeur de français langue étrangère à Singapour, M. Quenot est soupçonné d'avoir abusé d'au moins une cinquantaine d'enfants en Asie du Sud-Est entre le début des années 1990 et son interpellation en flagrant délit à Bangkok en février 2019. L'homme avait alors organisé sa fuite vers la France.
Après son arrestation à Besançon alors qu'il résidait dans sa famille en mars 2019, les enquêteurs ont découvert que Jean-Christophe Quenot filmait systématiquement ses ébats et décrivait méticuleusement ses pratiques dans des carnets "comme un archiviste", "sans aucune émotion", selon le président de la cour, Laurent Raviot. Il avait expédié ces documents par colis, avant sa fuite de Thaïlande.
Rien que pour le volet malaisien de cette affaire, ils ont ainsi découvert 100.000 photos et vidéos.
"La question qu'un enfant de 13 ans doit se poser, en Malaisie ou ailleurs, c'est quand on doit aller à l'école, quand on retrouvera ses copains... pas quand on boira du sperme ou on urinera dans la bouche de M. Quenot", a glissé le magistrat, en référence aux préférences sexuelles de l'accusé largement évoquées à l'audience.
20 ans de prison pour l'éloigner des enfants
"M. Jean-Christophe Quenot est aujourd'hui encore particulièrement dangereux pour la société et les enfants qu'il serait amené à croiser", a affirmé l'avocat général en requérant les 20 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sureté des deux tiers, le maximum légal.
L'accusé, qui aura 56 ans à la fin du mois, n'a cessé de prendre des notes pendant les réquisitions de l'avocat général. "Je veux exprimer mes regrets pour le mal que j'ai causé à mes victimes", a déclaré Jean-Christophe Quenot avant que la cour ne se retire pour délibérer. "Jean-Christophe Quenot n'est pas que la somme des noirceurs de ce dossier", avait auparavant plaidé son avocat, Me Xavier Philipps.
"Tout au long de ce procès, on a senti en creux une forme d'apologie de la pédophilie" a commencé Céline Astolfe, avocate de la Fondation pour l'Enfance, "le travail va être très long".
L'ancien professeur pourrait aussi être jugé pour des faits similaires en Inde, Thaïlande, Sri Lanka et dans les Philippines, dont certains remontent à 1994.