Le premier adjoint au maire de la commune de Doubs près de Pontarlier (Doubs) a été frappé violemment le 17 janvier après-midi alors qu’il venait de photographier des jeunes conducteurs faisant des dérapages sur la neige. Se voyant photographié, l’un des conducteurs a immédiatement frappé l’élu. Le prévenu, âgé de 20 ans, a été condamné à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis. Le juge d’application des peines décidera d’un possible aménagement de peine.
Le premier adjoint au maire de Doubs, Laurent Petit, est venu à l’audience du tribunal correctionnel de Besançon, le visage encore marqué par les coups reçus. A-t-il été frappé parce qu’il est élu de la République ou parce qu’il a voulu intervenir lors d'un rodéo urbain sur le parking de la salle des fêtes de son village ? Les juges ont retenu les circonstances aggravantes. C’est tout l’enjeu de cette audience.
Ce déchaînement de violence sur un parking d’une commune du Haut-Doubs peut-il allonger la longue liste des agressions d’élus ? Une audience en référé qui intervient le jour même où les députés votent à l’unanimité la proposition de loi de Nathalie Delattre. Ce texte législatif, voté en première lecture, doit permettre « aux assemblées d’élus et aux différentes associations d’élus de se constituer partie civile pour soutenir pleinement, au pénal, une personne investie d’un mandat électif public victime d’agression ».
M°Caroline Espuche, l’avocate du prévenu, estime que son client ne doit pas être assimilé à ces « dérives sociétales ». « Ce geste de violence, plaide l’avocate, ne lui ressemble pas. Il a présenté ses excuses. » Pour Maître Espuche, « la qualité d’élu ne rentre pas en ligne de compte ».
Laurent Petit n’avait pas mis son écharpe tricolore pour se rendre sur le parking de la salle des fêtes mais c’est en tant qu’adjoint au maire qu’il s’était déplacé. Plusieurs habitants de la commune s’étaient plaints de ces bruyants dérapages sur neige qui avaient endommagé du mobilier urbain. Une sorte de rodéo urbain qui s’était reproduit à plusieurs reprises.
"Un déferlement de violence hallucinant"
Ce mercredi 17 janvier, quatre voitures dérapent au milieu de l’après-midi sur le parking enneigé de la salle des fêtes. Quelques temps auparavant, les gendarmes étaient intervenus auprès de ces jeunes qui dérapaient sur la neige dans des rues. C’est une infraction au code de la route. Mieux vaut trouver un espace privé sans risque.
Ces jeunes choisissent alors de pratiquer ces dérapages sur neige sur un parking. L'adjoint au maire, Laurent Petit, arrive sur cet espace public. C’est au moment où il photographie le prévenu que celui-ci frappe l’élu. " Un déferlement de violence hallucinant" raconte l'avocate de Laurent Petit, M°Jessica Bracco.
Au premier coup, Laurent Petit, âgé de 62 ans, tombe à terre. Les coups s’enchaînent même après que l’élu précise sa fonction. C’est un des jeunes qui parviendra à faire cesser la violence de son copain. « Des faits d’une extrême gravité, estime la Procureure. Dérive de notre société actuelle. Cet élu n’essaie de faire que son travail. » Au moment des faits, le jeune homme s’est adressé à l’élu en lui disant « Fais attention, car mes nerfs peuvent à tout moment tomber. »
"On ne veut plus entendre parler de vous"
24 heures après ce déchaînement soudain, le jeune homme apparaît tout en retrait devant les juges. Un filet de voix pour s’exprimer et une grosse doudoune comme pour se cacher. Le jeune homme fait partie d’une famille socialement intégrée. Il vient de finir un contrat de travail et est actuellement en recherche d’emploi. Pour son avocate, le jeune prévenu n’a rien d’un « jeune irresponsable ».
Pour M° Caroline Espuche, la peine requise par la Procureure Alexandra Chaumet est « particulièrement sévère ». Le Procureure a requis 18 mois de prison ferme dont 8 avec sursis et un mandat de dépôt. Avec annulation du permis de conduire et interdiction de le repasser pendant trois mois.
Le jeune homme risquait d’aller en prison à la fin de l’audience. Les juges ont voulu lui laisser une chance. « On ne veut plus entendre parler de vous » lui lance le président Alain Troilo au moment de l'annonce de la peine.
Cela lui permet, outre de prendre conscience de la gravité de ses faits, de prendre conscience que la justice peut être aussi clémente. Il a beaucoup de travail à effectuer pour s’améliorer et éviter toute réitération des faits.
M° Jessica Bracco, avocate de Laurent Petit.
L’élu estime lui aussi que la leçon sera apprise par ce jeune homme qui fait partie de ses administrés. « Il fera attention à ses faits et gestes » déclare Laurent Petit à l'issue de l'audience. Son avocate redoute, elle, que d’ici quelques jours, l’élu soit victime d’un choc psychologique. La commune, en soutien en son élu, s’est portée partie civile et demande un euro symbolique de dommages et intérêts.