Les constructeurs automobiles sont-ils prêts à passer au tout électrique ?

Le ministre Nicolas Hulot veut interdire d'ici 2040 la vente des véhicules diesel et essence pour privilégier les moteurs électriques. PSA et notamment Sochaux peuvent-ils s'adapter et changer de modèle industriels en deux décennies seulement ?

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Après les déclarations de du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot sur l'avenir des véhicules diesel et essence, les salariés de PSA Sochaux sont sceptiques. L'échéance de 2040 leur parait bien trop proches. Quant aux syndicats, ils craignent les conséquences sur l'emploi local.

La direction de l'entreprise, elle, est optimiste. Elle se fixe comme objectif de produire 80% son offre en électrique d'ici 2023 et doit sortir, entre 2019 et 2021, cinq modèles électriques et sept modèles hybrides.

Le ministre Nicolas Hulot veut interdire d'ici 2040 la vente des véhicules diesel et essence pour privilégier les moteurs électriques. PSA et notamment Sochaux peuvent-ils s'adapter et changer de modèle industriels en deux décennies seulement ? ©France 3 Franche-Comté

"Nos propres constructeurs (automobiles) ont dans leurs cartons de quoi alimenter et incarner cette promesse"

Les constructeurs automobiles français se disent prêts à relever le défi de la fin des voitures diesel et essence en France d'ici à 2040, mais comptent sur l'Etat pour soutenir cette mutation, en aidant par exemple au déploiement de prises de recharge pour véhicules électriques.

"C'est très positif. Les constructeurs français sont déjà dans cette dynamique d'électrification" de leurs véhicules, assure le directeur de la communication du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA), François Roudier. La voiture électrique à 20.000 euros, "on y arrive, mais c'est un sacré challenge technique", souligne-t-il.

"Nos propres constructeurs (automobiles) ont dans leurs cartons de quoi alimenter et incarner cette promesse", a assuré le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. Renault a récemment quasi doublé l'autonomie de sa Zoé, passant de 240 à 400 kilomètres.

La trajectoire fixée jusqu'à 2040 répond à la "notion d'investissement sur les chaînes de production des constructeurs, pour orienter leurs investissements", commente Marie Castelli, secrétaire générale de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere-France).

Un message à destination des industriels

"On a des besoins de visibilité. (...) C'est très important, pour investir ou désinvestir", ajoute Joël Pédessac, directeur général du Comité Français du Butane et du Propane (CFBP), organisation professionnelle de la filière des Gaz de pétrole liquéfiés (GPL).

Cette annonce "est surtout un message à destination des industriels, pour leur dire +bougez-vous+", estime-t-il.

La barre des 100 000 véhicules électriques en circulation dans l'Hexagone a été passée cette année, alors qu'on n'en comptait que 980 en 2010. Côté GPL, le parc est de 200 000 véhicules.
Le Plan climat de Nicolas Hulot
Énergie, fiscalité, transports: le Plan climat du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, présenté jeudi, décline les objectifs pour que la France atteigne une "neutralité carbone" d'ici à 2050, renvoyant souvent à plus tard le détail des moyens. En voici les principaux points:

  • Neutralité carbone en 2050
​Cela signifie trouver un équilibre entre émissions de gaz à effet de serre et capacité des écosystèmes à en absorber une partie. Cet objectif va plus loin que celui fixé par la loi de transition énergétique de 2015, qui prévoyait de diviser par quatre les émissions d'ici à2050. Mais le gouvernement ne détaille pas sa stratégie qu'il promet pour fin 2018.

  • Nucléaire
M. Hulot a confirmé l'objectif de ramener de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité, et donc la nécessité de "fermer un certain nombre de réacteurs".
Plaidant pour une "planification", il a indiqué devoir désormais "identifier avec (ses) services" quels réacteurs seront fermés "en fonction de critères de sécurité, sociaux et économiques".

  • Sortie des hydrocarbures et du charbon
Comme prévu, un projet de loi sera présenté à l'automne pour interdire les nouveaux permis d'exploration d'hydrocarbures. Les gisements actuellement exploités étant amenés à se tarir, "en 2040, il en sera terminé" de la production d'hydrocarbures en France, a assuré M. Hulot.
Les dernières centrales à charbon seront mises à l'arrêt d'ici à 2022, a-t-il annoncé. Des "contrats de transition écologique" accompagneront les territoires concernés et les salariés de ces secteurs.
  • Soutien aux énergies renouvelables
Pour "accélérer" le développement des énergies vertes (éolien, solaire, etc.), le gouvernement prendra des mesures pour "simplifier" le cadre réglementaire. Une programmation des appels d'offres sur les cinq prochaines années sera présentée "d'ici un an".

  • Renforcer le prix du carbone
L'objectif prévu lors du mandat de François Hollande d'atteindre un prix du carbone de 100 euros la tonne d'ici à 2030, via la contribution climat énergie (CCE), sera "dépassé", a confirmé M. Hulot, dans la lignée de ce qu'avait annoncé le Premier ministre mardi. Le niveau choisi n'est "pas encore établi" et sera fixé dans le projet de loi de finance 2018.

La CCE s'applique notamment sur les carburants. Cette mesure s'ajoute donc à la convergence de la fiscalité du gazole et de l'essence, qui sera achevée d'ici à la fin du quinquennat.

Pour "ne pas pénaliser" les ménages modestes, des "mesures de compensation seront introduites", indique le document du plan climat, comme l'augmentation du chèque énergie.
Par ailleurs, les gaz réfrigérants HFC, utilisés par exemple dans les réfrigérateurs et très nocifs pour le climat, seront soumis à une fiscalité incitative.

  • Haro sur les véhicules polluants
"Nous annonçons la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici 2040", a déclaré M. Hulot. Le gouvernement veut aussi "proposer" cet objectif au niveau européen. Il mettra en place une "prime de transition" pour aider les ménages modestes à remplacer une voiture diesel datant d'avant 1997 ou essence d'avant 2001 par un véhicule plus propre neuf ou d'occasion. Jusqu'ici, les aides s'étaient focalisées sur les voitures neuves. Le montant de la prime n'est pas encore arrêté.

Le gouvernement lancera des "Assises de la mobilité" au second semestre 2017, qui prépareront une "loi mobilité" autour des nouveaux usages liés aux transports présentée elle au premier semestre 2018.

  • Fin des passoires thermiques
Les 7 millions de bâtiments mal isolés et consommant trop d'énergie doivent être éradiqués dans les "dix ans", a dit M. Hulot, évoquant l'utilisation de 4 milliards d'euros du "plan d'investissement" annoncé par le Premier ministre Édouard Philippe.
Dans le secteur du logement, un autre "objectif est d'éradiquer complètement la précarité énergétique" en 10 ans, via l'accompagnement des locataires et propriétaires ayant du mal à se chauffer ou à payer leurs factures.

Le dispositif doit être lancé en janvier 2018.

  • Sols et agriculture
Le plan veut "engager la transformation des systèmes agricoles". Au programme: la réduction des engrais azotés, ou encore la lutte contre l'artificialisation des sols. Mais cela reste à discuter, notamment dans les "états généraux de l'alimentation" prévus dès juillet, dont le programme reste à déterminer.

Interrogé sur l'artificialisation toujours galopante des terres et la poursuite de projets d'infrastructures contestés (comme le projet de méga-complexe de Gonesse ou la LGV Lyon-Turin), il a estimé que "l'objectif zéro artificialisation des terres doit demeurer", sans donner encore de calendrier.

  • Fin des importations anti-forêts
Seront concernés les produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation, notamment en Amazonie, en Asie du Sud-Est et dans le bassin du Congo.

"Cette décision est très importante", selon le ministre, "car nous allons fermer une fenêtre qui donnait la possibilité d'incorporer de l'huile dans les biocarburants".
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