Il pourrait devenir l'homme providentiel du FC Sochaux-Montbéliard. Romain Peugeot, arrière-petit-fils du fondateur du club de football, a trouvé un accord avec Nenking pour renflouer le club et tenter d'obtenir un maintien en Ligue 2. Mais qui est ce "financier", "héritier Peugeot" ?
Son nom fait la une de l'actualité sportive en cette dernière semaine de juillet. Après avoir trouvé un accord avec Nenking, le groupe chinois, propriétaire actuel du FCSM, pour renflouer les caisses, Romain Peugeot a déposé ce jeudi 27 juillet un dossier devant le Comité national olympique et sportif français. Première étape, avant un passage devant le Comité exécutif de la Fédération française de football, pour espérer obtenir un maintien du FCSM en Ligue 2.
À 33 ans, bientôt 34, Romain Peugeot serait en passe de devenir l'homme providentiel, sauveur du mythique club de football. Mais que sait-on de cet héritier de la famille Peugeot ?
Une vie dans l'élite industrielle française
"Financier", "héritier Peugeot", "arrière-petit-fils du fondateur du FCSM". Pour décrire Romain Peugeot, les mêmes qualificatifs et périphrases reviennent sans cesse. Aucun média n'a réussi à le joindre, si ce n'est pour apprendre qu'il ne compte pas communiquer avant "l'issue du dossier". Sans cesse associé à l'histoire du groupe Peugeot, il s'était pourtant déclaré "pas lié à l'entreprise familiale" en 2015.
Né en 1989, Romain Peugeot est, comme il est d'usage de le dire dans la grande famille Peugeot, un "G9", un membre de la neuvième génération de la dynastie industrielle. Son arrière-grand-père, Jean-Pierre Peugeot (troisième du nom) est l'arrière-arrière-petit-fils de Jean-Pierre Peugeot, premier du nom et fondateur de la dynastie. En 2017, Jean-Philippe Peugeot, oncle de Romain, a évoqué dans les colonnes de Paris Match la manière dont la famille préparait cette génération à reprendre le flambeau, et comment la "G8" repérait ses talents.
Sur son compte Linkedin, son curriculum vitae dessine un parcours classique dans l'élite industrielle française : collège et lycée dans un grand établissement privé suisse, l'École internationale de Genève, suivie d'une école de commerce privée à Paris, l'European Business School, un semestre "erasmus" en Chine et des diplômes complémentaires, à Sciences Po Paris puis Harvard. Romain Peugeot s'y spécialise en investissement bancaire, analyse financière, finances d'entreprise... Le bagage parfait du dirigeant d'entreprise.
Investisseur dans les PME européennes
Durant son master en école de commerce, Romain Peugeot suit des stages dans les filiales parisienne et chinoise de l'entreprise familiale en tant qu'analyste financier, avant de se lancer dans les "hedge funds", ces entreprises spécialisées dans l'investissement.
Parti à Londres, il y emmène l'entreprise qu'il a fondé avec un camarade d'école, "Pace Invest Ltd", une "angel investment platform". Concrètement, il s'agit de repérer le plus tôt possible des start-ups prometteuses pour y prendre des parts en les finançant. Sur son site internet, l'entreprise se vante de retours importants sur plusieurs ventes déjà réalisées.
En 2019, il entame une carrière de membre de comité d'administration dans une entreprise portugaise, il en partira en avril 2023. En mai 2021, il rejoint le conseil d'administration des Établissements Peugeot Frères, la holding familiale. Depuis septembre 2021, il est directeur général d'EIM Capital, spécialisée dans l'investissement dans des entreprises européennes de taille moyenne. EIM Capital, dont le slogan est "la valeur en mouvement", revendique une stratégie d'amélioration des résultats et de la durabilité des entreprises choisies et revendues.
Des années qu'il en rêve
Malgré ce parcours dense dans le monde de l'investissement, loin des regards du grand public, Romain Peugeot était déjà connu des supporters du FCSM. En 2015, lorsque le groupe Peugeot annonce qu'il va vendre le FCSM, fraichement rétrogradé en Ligue 2, à un actionnaire chinois, le jeune homme d'alors 25 ans prend la parole pour partager sa déception.
"Mon arrière-grand-père a créé ce club, qu’il appartienne à Ledus ou à PSA, ça ne change absolument rien à ce que je ressens pour ce club et cette région" déclare-t-il au micro de nos confrères de France Bleu. "Ça coule dans mes veines. C’est quelque chose sur lequel nous aurons toujours un œil, nous serons toujours au tournant… ", avait-il déjà promis. "Chacun ses rêves, c'est peut-être mon rêve".
Quatre ans plus tard, en 2019, le FCSM traverse de nouvelles difficultés, et frôle de peu la relégation en National 1. Il fait savoir dans une interview accordée au journal l'Équipe qu'il est toujours intéressé : "à la moindre opportunité, je me positionnerai" déclare-t-il alors.
Romain Peugeot n'avait pas oublié son rêve. Il n'est plus le seul à le partager. S'il réussit à sauver le FCSM du dépôt de bilan, il sera l'actionnaire majoritaire du club fondé par son arrière-grand-père.