Stellantis : à Sochaux, les syndicats en ordre dispersé sur le futur projet de départs volontaires

Le constructeur automobile Stellantis planche sur le départ volontaire de 2.600 salariés entre 2022 et 2023. L'usine de Sochaux (Doubs), anciennement PSA Peugeot-Citroën, est concernée. Les syndicats se montrent mitigés sur cette idée.

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Le constructeur Stellantis prévoit un plan de départs volontaires entre 2022 et 2023. Les négociations avec les syndicats sont en cours, pour discuter d'un nouvel accord en vue du départ de 2.600 salariés par eux-mêmes. 1.380 employés avaient déjà quitté l'entreprise en 2021. Le groupe aux 14 marques automobiles table cette fois sur le départ de 1.300 employés chaque année. Du côté des syndicats du site de Sochaux, futur site pour la remplaçante de la Peugeot 5008, cette décision fait beaucoup parler. 

25% de salariés en moins sur 10.000 personnes

La nouvelle est accueillie fraîchement du côté de Force Ouvrière. "Ce n’est pas forcément bonne chose, ces salariés qui s’en vont. Seuls les salariés volontaires y trouvent leur compte. Ce qu’il faut, c’est aider les salariés qui atteignent un certain âge. Ils doivent pouvoir partir à la retraite plus tôt, 5 ans et non pas 3 ans avant", juge Eric Peultier.

Le représentant du syndicat est inquiet : "Ce que nous dénonçons aussi depuis des mois à FO, c’est l’électrification à marche forcée. On sait qu’il faut environ 25% de personnel en moins pour fabriquer une voiture électrique. 25% sur un effectif de 10 000 personnes, je vous laisse faire le calcul : 2.500 salariés doivent partir".

Il estime qu'il y a danger sur le site de Sochaux, berceau historique du groupe automobile. "Il y a un double impact aujourd’hui du fait de l'arrêt d'une ligne de production mais aussi du fait de impact de la marche forcée vers l’électrique. Le résultat, c'est qu’on va avoir des effectifs en moins, d'où notre demande d'embauches".

D’après Eric Peultier, la direction pourrait envisager l’avenir autrement : "Soit on forme les salariés qui sont aujourd’hui techniciens en thermique, en leur proposant des plans de reconversion pour passer à l’électrique. Soit ils arrivent à un âge où ils pourraient partir en retraite, auquel cas nous demandons qu’ils puissent partir en retraite 5 ans plus tôt pour qu’ils bénéficient de la retraite et qu’on puisse peut-être mettre d’autres personnes à la place".  

L'électrique comme justification des départs volontaires

La CGT est elle aussi en colère. "Le départ de 2.600 emplois en deux ans est une très mauvaise nouvelle. C'est une casse pour l’emploi", se désole Jérôme Boussard. Pour ce représentant syndical, il n'y avait pas de doute possible sur ce plan : "On s’y attendait un peu, c'est toujours dans l'idée d’une direction de préserver les actionnaires et sacrifier le personnel. L’électrique ne doit pas supprimer des postes, mais au contraire en créer".

L'employé syndiqué estime qu'une autre solution reste possible. "Nous sommes ambitieux et nous pensons qu'on peut embaucher une grande vague de salariés. Un départ doit engendrer une embauche et non la perte de 2.600 postes", revendique Jérôme Boussard.

Selon lui, les besoins ne manquent pas pour aujourd'hui comme pour les années à venir : "En Recherche et Développement, nous avons besoin de personnel. L'avenir est en ce moment à l'électrique, à l'hydrogène pour demain et ça nécessite des salariés pour monter les voitures. Embauchons donc les précaires pour la grande usine du futur. Seuls les salariés qui vont partir ont intérêt à accepter cette rupture conventionnelle collective".

Une signature controversée

Pour la CFDT, c'est ce dernier point qui pose question. "Si nous ne signons pas, nous privons les salariés d'une possibilité de reconversion. Inversement, en signant, cela revient à laisser Stellantis ouvrir les vannes pour le départ des employés", expose Benoit Vernier. Le délégué du syndicat reste toutefois mitigé : "Il y a quelques années, il « fallait dégraisser le mammouth ». Maintenant, nous sommes à l'os. Il faut recruter pour favoriser le renouvellement générationnel. Histoire que Stellantis puisse avoir un ancrage en France"Selon la CFDT, les effectifs de Stellantis (ex-PSA) en France ont fondu, passant de 70.000 à 40.000 salariés en 15 ans. 

Autre grief pour le délégué de la CFDT, la question des reconversions : "Il faut favoriser les reconversions à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur, dans d'autres entreprises". Il prend en exemple le secteur de la simulation numérique. Un élément important pour tester la solidité des véhicules durant un choc, par exemple : "Ça se fait de plus en Inde, mais ça devrait se faire en interne".

Sollicitée, la porte-parole du site du constructeur indique que "ce dispositif de départs volontaires concerne le périmètre Stellantis France". Il s'agit donc de l'ensemble des sites du constructeur automobile. Elle ajoute n'avoir "aucun chiffre à communiquer", concernant le nombre de départs volontaires attendus à Sochaux. 

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