VIDEO. Avec le label "Entreprises du Patrimoine Vivant", la tradition en mouvement

Une centaine d’entreprises détient le label "EPV", comme Entreprise du Patrimoine Vivant, en Bourgogne-Franche-Comté. Gros plan sur 4 d’entre elles. Fierté, innovations technologiques, transmission, avenir : petit voyage dans le monde de l’excellence.

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Patrimoine et vivant : deux mots qui semblent ne pas faire bon ménage. Et pourtant, si ! La preuve avec ces 4 entreprises qui ont reçu le label EPV.

La fonderie de Saint-Sauveur, près de Luxueil-les-Bains en Haute-Saône, coule des statues en bronze pour des artistes européens. Elle produit également des luminaires, de l’ameublement et des bijoux. Bruno Redoutey l’a fondée en 1984 et s’est installé dans d’anciennes filatures en 2000. Aujourd’hui, 24 personnes y travaillent.

L’Ours de la Gare du Nord à Paris, œuvre de Richard Texier, a été coulé à Saint-Sauveur, tout comme, par exemple, le Minotaure de Jens Boettcher bien connu des Bisontins : 7 mètres de haut pour un poids de 8 tonnes de bronze !

La manufacture Meynier est située à Lavans-les-Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle fabrique boutons, capots de parfum et accessoires de luxe pour ses clients, principalement les maisons de haute-couture parisiennes. Elle fêtera son centenaire cette année en 2023. Elle a été reprise par Thomas Gruget au printemps 2022. Elle emploie 25 salariés.

Hugo Delavelle est né et a grandi à Saulnot, en Haute-Saône. C’est dans cette commune rurale, au milieu des forêts, qu’il a ouvert son atelier d’ébénisterie d’art. Né en 2009, l’atelier est labellisé "EPV" dès 2017 : "…la valeur n’attend pas le nombre des années…" Lui aussi travaille sur commandes, pour des designers qui lui envoient les plans de leurs meubles. Il a lancé également sa propre gamme. Ses divans, tables et autres tabourets sont vendus dans le monde entier. Une quinzaine de personnes travaillent avec lui.

Comme son père, Éric Vergne est pâtissier à Audincourt. Il a ouvert un atelier de chocolaterie à Montbéliard et une autre boutique à Belfort. Bien que fabricant de l’éphémère, il a été labellisé "EPV", notamment pour ses macarons, très originaux, réalisés selon une recette de son père, Georges Vergne, qui date de 1964.

Épisode 1 : la tradition n'exclut pas l'innovation

Le label "EPV" est décerné à des entreprises dont le savoir-faire est exceptionnel mais tradition ne veut pas dire passéisme. L’innovation fait aussi partie de leur ADN. Innovation dans les techniques, dans le matériel, voire dans les matières.

Par exemple, Éric Vergne utilise des machines quand les tâches sont répétitives, que les exécuter à la main n’apporte rien et même peut provoquer des maux de dos ou d’épaule. Et d’autres outils permettent de découper le chocolat grâce à un jet d’eau très puissant et de faire des décors originaux.

Chez Hugo Delavelle, la modélisation en 3 dimensions et une machine à commandes numériques permettent de réaliser des pièces sans défaut, sans gâcher de matière. Quelques fois, une centaine de pièces est nécessaire pour un divan.

Pour la manufacture Meynier, les recherches sont dirigées principalement vers de nouvelles matières. Par exemple, la galalithe, composée en grande partie de protéines de lait. Elle ressemble à s’y méprendre à du plastique mais elle est compostable et biodégradable. Les clients de la haute-couture adorent ses nouveaux matériaux très "écoresponsables".

Pour Pierre Lamard, historien, tradition et nouvelles technologies ne sont pas incompatibles, à une seule condition : que le produit soit respecté.

Épisode 2 : Ce label EPV, comment est-il perçu ?

"On est fier" voici la première réaction des salariés de ces entreprises "EPV". La fierté, la reconnaissance du travail bien fait.

Pierre Lamard, historien, complète : "Outre la fierté, c’est la cohésion de la communauté de travail qui est renforcée." Le sentiment d’appartenance à l’entreprise est consolidé.

En fait, les résultats positifs se font davantage sentir en interne qu’en externe.

En effet, commercialement, l’obtention du label a relativement peu d’impact, peut-être faute de notoriété. Aucun client n’a contacté une entreprise parce qu’elle devenait labellisée. C’est juste "un plus" comme disent les chefs d’entreprise, "un gage de sérieux" selon Pierre Redoutey, le jeune fondeur.

Episode 3 : des histoires de famille et de territoires 
Les parents d’Éric Vergne étaient pâtissiers à Audincourt, il a pris leur succession et développé l’entreprise dans le Pays de Montbéliard "entre les vaches montbéliardes et les voitures de Peugeot", un territoire en même temps rural et industriel. C’est le fameux macaron, créé en 1964 par son père Georges Vergne, qui a épaté l’équipe du label EPV. Un macaron "pas comme les autres", avec beaucoup plus d’amande et moins de sucre.

Le grand-père et le père de Bruno Redoutey étaient fondeurs en Haute-Saône. Il a suivi leurs traces, comme une évidence. La tradition, Bruno Redoutey s’en réclame : l’âge du bronze est une période de l’histoire des hommes qui couvre deux millénaires, de -2700 à -900. Le mélange de cuivre et d’étain a lancé la métallurgie. Et il s’est installé dans une ancienne filature, ambiance très "XIXe siècle" !

Hugo Delavelle a toujours été passionné par le bois : son père était forestier à l’ONF (Office National des Forêts) et son oncle tourneur sur bois. Dès la tempête de 1999, il n’avait que 15 ans, il a fait sécher des grumes tombées à terre. Il avait déjà son parcours professionnel tout tracé dans sa tête. Durant les 2 premières années de son activité, il a pu utiliser son stock sans avoir besoin d’acheter du bois !

Il est devenu, après des études poussées dans l’ébénisterie et le design, ébéniste d’art dans son village natal, Saulnot, en Haute-Saône. Il est heureux d’avoir créé une quinzaine d’emplois en milieu rural, chez lui.

Pas d’histoire familiale pour Thomas Gruget, mais, lui, il a eu "un coup de foudre" pour une entreprise, la fabrique de boutons Meynier, à Lavans-les-Saint-Claude dans le Haut-Jura, qui cherchait un repreneur. "Coup de foudre" aussi pour le Haut-Jura et ses habitants, leurs savoir-faire et leur conscience professionnelle.

Justement, Pierre Lamard est historien, spécialiste de l’histoire du travail, et il enseigne à l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard). Il explique bien le lien entre tradition des savoir-faire et territoires.

 

Épisode 4 : une tradition qui se transmet

Tous ces savoir-faire d’exception, dont certains sont très anciens, doivent être pérennisés. La mémoire du geste juste doit perdurer.

Chaque responsable de ces EPV est bien conscient que cette transmission est indispensable.

Un départ à la retraite pas assez anticipé et il faut trouver une solution, comme à la manufacture Meynier. Heureusement, Hervé Bailly le coloriste maison accepte de venir prêter main forte à son successeur.

Chez le pâtissier Vergne, on s’y forme et on y reste : Léa Chapelain est arrivée toute jeune pâtissière. Aujourd’hui, elle est responsable du laboratoire de la chocolaterie.

La moyenne d’âge à l’atelier d’ébénisterie d’Hugo Delavelle est basse. Quelques anciens et beaucoup de jeunes en cours de formation. D’ailleurs, il recherche du personnel déjà opérationnel. Le recrutement, c’est un souci pour lui : il a des commandes pour plusieurs mois. Il affirme : "Je pourrais embaucher un, deux, dix ébénistes qualifiés. Laissez-moi juste trouver les établis."

À la fonderie de Saint-Sauveur, tous les départs à la retraite sont largement anticipés : de l’assistante de direction, au fondeur meilleur ouvrier de France, jusqu’au chef d’entreprise. C’est simple : la succession se fait de mère en fille ou de père en fils !

Et toutes ces entreprises accueillent de nombreux jeunes en formation. Tradition des savoir-faire, tradition aussi de l’apprentissage !
L’objectif de ces entreprises EPV : durer dans le temps, assurer leur avenir et celui de leurs métiers.

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