Une table ronde au sujet de la présence de loups dans notre région était organisée à Pontarlier (Haut-Doubs), jeudi soir. Le débat a rassemblé les principaux acteurs locaux : des agriculteurs et des militants de la cause animale. Compte-rendu en images.
"Je suis partagé. Pour, contre... Qu'il y en ait un peu d'accord, mais pas comme ça", nous a expliqué un visiteur venu découvrir, "par curiosité", le film "Notre Part Sauvage", diffusé au cinéma Olympia jeudi soir à Pontarlier. Environ 300 personnes en ont fait de même, la veille de la journée mondiale de la vie sauvage.. "On était déjà surpris par le monde sur le parking. Cela concerne beaucoup de gens. Je viens car j'ai peur des attaques du loup, j'ai peur pour mes bêtes. On aime nos animaux, on n'a pas envie qu'ils finissent croqués par un loup", a confié quant à elle une agricultrice, au micro d'Emmanuel Rivallain, avant d'entrer dans la salle de projection. Une autre spectatrice a déclaré quant à elle : "Ca m'intéresse le loup, comment on peut faire pour vivre avec."
Tous les spectateurs et spectatrices, qu'ils soient agriculteurs, militants écologistes ou simplement intéressés par cet enjeu environnemental, sont restés pour assister à la table ronde très attendue. Étaient présents sur la scène, des représentants de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA ), des Jeunes Agriculteurs du Doubs, de la Fédération de Chasse du Doubs, de la Confédération Paysanne, du Pôle Grands Prédateurs et du collectif Vigie Jura ainsi que France Nature Environnement.
"Ils ne sont pas venus pour être pris à partie"
"Le cinéma l'Olympia se veut neutre sur la question et ne prend pas parti, a débuté d'emblée l'animateur du débat. Nous savons que les avis divergent chez nos intervenants comme c'est sans doute le cas en salle, cependant, si nos intervenants ont accepté de venir exposer leurs idées pour informer la salle sur ce sujet, ils ne sont pas venus pour être pris à partie". Des précautions ont été prises, à la hauteur de la crispation que peut générer le sujet. En 2022, 74 bovins ont été prédatés par des loups dans le Massif du Jura, créant la colère d'une partie du monde agricole, notamment dans le Haut-Doubs.
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"Plus nombreux et nombreuses nous serons à mettre en place des moyens de protection, mieux nous seront en capacité de nous protéger et de protéger les animaux que nous accompagnons", a développé la représentante de la Confédération Paysanne. Le représentant de la FDSEA du Doubs est revenu sur le "choc violent" subit par les agriculteurs touchés par les prédations en fin d'année 2022, après des années plutôt calmes. "Il n'y a pas de volonté d'extermination du loup", a-t-il rappelé, précisant que les agriculteurs souhaitaient des solutions non-chronophages", pas trop coûteuses à mettre en place. "Comment on fait ça ? Le véritable débat il est là".
"Il n'y a pas eu une pause de 10 ans. Tous les ans, il y a eu des attaques", a rappelé le porte-parole du Pôle Grand Prédateur, tout en énumérant les solutions qui ont été proposées dès les années 2007 aux services de l'État ou à certains agriculteurs.
La question des élevages de bovins au coeur des débats
"On parle des moyens de protection des troupeaux mais les moyens pour les bovins ne sont pas efficaces. Il faut miser sur les nouvelles technologies et l'innovation pour trouver des solutions à la protection bovine", a suggéré le représentant des Jeunes Agriculteurs.
Le public a pu poser des questions concrètes et faire des remarques. Combien de chiens patou faut-il pour protéger un troupeau ? Les vaches sans corne sont-elles plus vulnérables ?... "La solution, c'est peut-être aussi de laisser plus de gibier dans les forêts, pour qu'il n'y ait pas que nos vaches qui subissent...", est intervenu un jeune paysan. L'échange a été plutôt cordial entre les différents acteurs, comptant tout de même quelques pics échangés, qu'ils soient pour la cohabitation pacifiste avec le loup ou pour réguler la population lupine à l'aide de tirs de défense. Fin 2022, deux individus, dont une louve alpha, ont été tués par des louvetiers après des attaques de troupeaux grâce à une dérogation accordée par la préfecture du Doubs.
>> Reportage : Emmanuel Rivallain, Jean-Stéphane Maurice et Sébastien Dufour