Ce mardi 10 novembre, plusieurs syndicats de l'Education nationale appellent à la grève pour demander de nouvelles mesures pour renforcer le protocole sanitaire, notamment dans les collèges. En Bourgogne, le mouvement est suivi.
Malgré un renforcement du protocole sanitaire dans les lycées pour enrayer la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19, plusieurs syndicats d'enseignants ont maintenu leur appel à la grève ce mardi, notamment pour que les collèges bénéficient des mêmes mesures.
La constitution des demi-groupes comme mesure d'urgence
Pour Vincent Castagnino, co-secrétaire départemental SNUipp-FSU 71, "la mise en place des demi-groupes permettrait de garder le lien en présentiel et de réduire les effectifs dans les classes et dans les cantines, et dans le garderies. S’il s’agit de faire un effort pour contenir le virus", poursuit l'enseignant, "il faut que ce soit fait aussi dans les établissements scolaires et dans les écoles. On ne peut pas faire comme si les écoles étaient hors d’atteinte du virus."Quand les élèves sont entassés à 35 dans des classes, il n'y a pas de sécurité sanitaire.
"On a absolument besoin du dédoublement des classes dans les collèges", estime Julien Godard, professeur d'histoire-géographie à Bléneau, un des trois sites du collège de Puisaye, situé dans l'Yonne. "Ce n'est pas parce qu'on a des plus petits effectifs que l'on a moins de brassage. Quand les élèves sont entassés à 35 dans des classes comme c'est le cas sur le site de Bléneau, il n'y a pas de sécurité sanitaire."
"Il est urgent de se mettre autour de la table avec le ministère pour trouver des solutions d'accueil des élèves telles que des gymnases afin de mettre en place des demi-groupes, qui vont nous permettre de tenir sanitairement sur la longueur", estime Guislaine David, secrétaire générale du syndicat Snuipp-Fsu.
Eviter une nouvelle fermeture des écoles
Dans un communiqué, le Snuipp-FSu de l'Yonne veut mobiliser pour "éviter une nouvelle fermeture des écoles, qui aurait des conséquences scolaires et sociales dramatiques, creusant encore davantage les inégalités."
Un constat partagé par Vincent Castagnino. "On sait que le confinement généralisé a été délétère sur les apprentissages des élèves", estime l'enseignant, "qui plus est particulièrement sur les élèves en grand difficulté et en grande précarité sociale. On a tous à coeur d’éviter un reconfinement généralisé", poursuit le représentant syndical. "Nous sommes favorables à ce que les écoles restent ouvertes mais elles doivent le rester à partir du moment où il y a une garantie minimale que le virus est court-circuité en son sein."
Confronté à la grogne naissante de son personnel, le ministre de l'Éducation avait annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour limiter les risques de contamination dans les lycées, notamment en autorisant davantage de cours à distance, à condition de conserver au moins 50 % d'enseignement en présentiel pour chaque élève.
Situation tendue dans certains collèges
Les tensions restent fortes au collège qui, selon les syndicats, brasse de nombreux élèves, notamment à la cantine. "Les questions sanitaires demeurent très vives dans les collèges et la colère est montée d'un cran en fin de semaine dernière, car ils n'ont pas compris d'avoir été totalement écartés des annonces du ministère", a expliqué Sophie Vénétitay du Snes-FSU, le premier syndicat du secondaire.Les syndicats ont du mal à estimer l'étendue du mouvement de grève, mais ils pensent qu'il sera suivi de près au collège. L'école primaire sera également touchée par le mouvement, après l'appel à la grève lancé par le Snuipp-FSU, premier syndicat du secteur.
Des enseignants épuisés
"L'objectif du gouvernement est que les écoles restent ouvertes jusqu'en juin, mais sans moyens supplémentaires, comment assurer le non-brassage, la distanciation, la réduction des effectifs ?" s'interroge Guislaine David. "La rentrée de la Toussaint a été difficile à gérer au niveau sanitaire, en plus de l'hommage à Samuel Paty. Les enseignants sont épuisés alors que nous ne sommes qu'en novembre", juge-t-elle.Les écoles primaires également mobilisées
Le mouvement de grève ne touche pas que les établissements du secondaire. Plusieurs écoles sont mobilisées à travers à la Bourgogne. C'est le cas de l'école des Perrières à Mâcon. Ils ont affiché une grande banderole à l'entrée de l'école.Dans un communiqué, les enseignants réclament au ministre de l'éducation nationale "des moyens et plus d'anticipation et de vraies concertations." Ils se disent "stressés et noyés par les injonctions contradictoires". Enfin, ils réclament "une école ouverte et considérée".
4% de grévistes selon le rectorat de Dijon
Selon le rectorat, le taux de participation au mouvement de grève pour l'académie de Dijon a atteint 4% contre 8,38% au niveau national avec 2,73% de grévistes dans le 1er degré et 6% dans le second degré. Les syndicats estiment que le taux de grévistes est plus élevé. Dans le premier degré, les syndicats annoncent 20% de grévistes et 25% de grévistes tous établissements confondus.
Au niveau national, "on est autour de 20% dans le primaire", a déclaré à l'AFP Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, alors que le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, dénombre "environ 45% de grévistes au collège".
Le reportage de Maryline Barate et Romy Ho-A-Chuck
Plusieurs rassemblements en Bourgogne
Dans l'Yonne, plusieurs rassemblements étaient organisés ce matin devant des collèges sous tension comme devant les sites des collèges de Puisaye à Saint-Fargeau et à Bléneau. Un rassemblement était organisé à 10 h à Sens devant la sous-préfecture. L'intersyndicale invite à se rassembler à 14h devant l'inspection académique à Auxerre.En Côte-d'Or, un rassemblement est prévu devant le rectorat de Dijon à 14h tandis que dans la Nièvre, c'est place de la Résistance à Nevers que les personnels en grève ont prévu de se rassembler entre 11h et 12h. En Saône-et-Loire, faute de temps pour s'organiser, aucun rassemblement n'a pu être organisé.