Auxerre : des enseignants du collège Paul Bert en grève pour protester contre un protocole sanitaire jugé inadapté

Ce mercredi 4 novembre, une dizaine de professeurs du collège Paul Bert à Auxerre ont décidé de se mettre en grève pour protester contre des mesures sanitaires jugées insuffisantes. Ils dénoncent "le pseudo protocole sanitaire mise en place en cette rentrée de novembre". 

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La colère monte dans les établissements scolaires de l'Yonne. Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, plusieurs membres du corps professoral de l'Yonne montent au créneau pour dénoncer et protester contre le protocole sanitaire qu'ils jugent inadapté. 

Un premier mouvement de grève a eu lieu ce matin au collège Paul Bert d'Auxerre. Cette grève devrait être reconduite ce jeudi 5 novembre. Ce matin, devant plusieurs banderoles, une dizaine d'enseignants se sont rassemblés devant le collège pour crier haut et fort leur mécontentement et distribuer des tracts aux parents d'élèves. Ils craignent aujourd'hui pour leur santé et celle de leurs élèves. 

Lucie Morissot est conseillère principale d'éducation (CPE) au collège Paul Bert. Cette représentante syndicale Force ouvrière (FO) exige aujourd'hui des mesures réelles de protection pour les élèves et le personnel. "Il est impossible de faire de la distanciation physique car les salles sont petites et les classes sont quand même assez chargées. On a environ 150 élèves qui mangent à la cantine. Même en rallongeant le temps de cantine, c'est impossible de mettre les élèves à distance les uns des autres." Selon elle, dans ces conditions, "il est impossible qu'il n'y ait pas de contact physique".

Un constat partagé par un parent d'élève. "A la cantine, mon fils me dit qu'ils sont encore quatre à table et que les distances ne sont pas trop respectées. Ils essaient de faire ce qu'ils peuvent mais c'est compliqué." 

A la pause de 12h, les parents d'élèves interrogés comprennent la colère des enseignants. "Je les comprends car cela ne doit pas être simple de gérer. On leur donne des informations du jour pour le lendemain. Franchement je les plains", témoigne une maman d'élève. 

Les syndicats exigent donc aujourd'hui le recrutement de personnels nécessaires à la prise en charge pédagogique et à la sécurité des élèves. Ils réclament plus de moyens pour une meilleure protection des élèves et du personnel. 
 


Classes surchargées à 35 élèves au collège de Puisaye

Le cas du collège Paul Bert n'est pas un cas isolé dans l'Yonne. En Puisaye, Julien Godard, professeur d'histoire-géographie et membre du syndicat Sud éducation dénonce une situation catastrophique sur le site de Bléneau, l'un des trois sites du collège de Puisaye.  
 

Sur le site de Bléneau, sur le temps du midi, mettre en place le protocole sanitaire, matériellement et humainement, ce n'est tout simplement pas possible.

Julien Godard, représentant syndical SUD éducation



"Là-bas, la situation est apocalyptique. On a quelques classes à 35 élèves. Sur le site de Bléneau, sur le temps du midi, mettre en place le protocole sanitaire, matériellement et humainement, ce n'est tout simplement pas possible", témoigne l'enseignant. 

Le représentant syndical pointe d'autres désordres matériels qui mettent à mal la mise en place du protocole sanitaire. "Pour aérer les salles, on n'a pas forcément assez de personnel qui puisse gérer la désinfection des locaux. Sur le site de Bléneau, il y a certaines fenêtres qu'on ne peut pas ouvrir." 

Sur un autre site du collège de Puisaye, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, par manque de personnel, les "assistants d'éducation sont obligés de procéder à la désinfection des salles durant les temps de permanence alors que cela ne fait pas partie de leur attribution. Mais cela veut dire que l'on n'a plus personne pour surveiller les élèves. Donc le protocole est très difficile à mettre en place au collège de Puisaye." 

Déboublement des classes

Plusieurs syndicats plaident depuis des semaines pour un renforcement des règles ainsi que l'accueil des élèves en effectifs réduits, via un système de rotation.

Pour Julien Goddard, "le dédoublement des classes, cela nous parait en mesure d'urgence une solution qui permet de résoudre pas mal de problèmes. C'est facile à mettre en oeuvre, cela ne côute pas d'argent et cela permet d'assurer un minimum de sécurité sanitaire."  

Plusieurs possibilités existent via un système de rotation par demi-groupes, une piste que n'exlue pas totalement la rectrice d'académie. Nathalie Albert-Moretti, s'est exprimée sur notre antenne à ce sujet. "On travaille sur un scénario d'enseignement hybride sur les lycées. Là où les élèves sont suffisamment grands pour pouvoir travailler en autonomie sans que cela ne cause aucune difficulté. Pour les écoles et les collèges, l'hypothèse privilégiée, c'est vraiment la présence dans les établissements avec une accentuation du protocole sanitaire." Le directeur académique des services de l'Éducation nationale n'a pour le moment pas souhaité réagir. 

La crainte d'une nouvelle fermeture des écoles 

L’objectif pour les professeurs, c'est d'éviter à tout prix la fermeture de l’établissement comme lors du printemps dernier. Pour Louise Morrissot, "Si on ferme, je pense que c'est catastrophique. Je pense plutôt qu'il faut mettre les moyens pour que les écoles restent ouvertes mais pour cela il faut recruter du personnel." 

Elle ajoute qu'il faudrait que soit mis à disposition du personnel de vraies mesures de protection. "Nous avons eu des masques fabriqués par DIM qui ne protègent pas. Beaucoup de collègues doivent acheter leur propres masques. Nous voulons de vrais masques protecteurs FFP2."
 

Les établissements scolaires dans l'idéal doivent rester ouverts. Parce qu'on a bien vu que le dernier confinement avait creusé des inégalités scolaires.

Stéphane Lafon, délégué syndical Snes 89



Pour Stéphane Lafon, représentant syndical Snes 89, "toutes les organisations syndicales s'accordent sur le fait que, même si les protocoles sanitaires sont difficilement applicables, les établissements scolaires dans l'idéal doivent rester ouverts mais dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Parce qu'on a bien vu que le dernier confinement avait creusé des inégalités scolaires." 

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait estimé dimanche, dans une interview au Journal du dimanche, "possible" que les lycées referment si les mesures prises ces derniers jours pour freiner l'épidémie ne s'avèrent pas "suffisamment efficaces."

La grève au collège Paul Bert se poursuit demain. Selon les syndicats, cette mobilisation pourrait s'étendre à d'autres établissements de l'Yonne ces prochains jours. Plusieurs assemblées générales se sont déroulées ces derniers jours dans une dizaine d'établissements du département. Une réunion intersyndicale est prévue demain à 14h pour réfléchir à d'autres actions. 

Reportage de Baziz Djaouti et Claude Heudes 

 
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