Ce mardi 29 septembre, la ministre de la Transition écologique a annoncé la fin des élevages de visons sous cinq ans, dont celui de Montarlot-lès-Rioz, en Haute-Saône. Une décision qui ne surprend pas son propriétaire.
"On s’y attendait un petit peu" au téléphone, le ton est morne "ça fait tellement longtemps qu’ils en parlent, que je ne suis pas surpris". Sylvain Chassain est résigné. Ce mardi 29 septembre, dans un discours sur le bien-être de la faune sauvage captive, la ministre de la Transition écologique a annoncé la fermeture des élevages de visons pour fourrure sous cinq ans. Son exploitation, l’une des quatre dernières déclarées en France, est concernée."Ça fait quand même un an qu’ils en parlent" explique-t-il. Pour autant, l’éleveur ne sait pas quand, ni comment cette fermeture se déroulera "on ne sait pas trop où on va" explique-t-il, avant de détailler les investissements et crédits qu’il a pris au cours des dernières années. "Ils nous disent qu’ils vont nous accompagner, on verra comment".
"Enfin", une décision attendue des associations de protection animale
Martine Landry, elle, ne cache pas sa joie : "là, on est ravis !". La porte-parole d’Humanimo, une association de défense de la cause animale, basée en Franche-Comté, attendait ce plan gouvernemental depuis plus d’un an. Car si ces annonces du gouvernement sont issues de la réflexion d’un groupe de travail, lancé en avril 2019 par un prédécesseur de Barbara Pompili, François de Rugy, et dont les annonces ont été repoussées à plusieurs reprises.
C’est archaïque, on ne met plus de peaux de bête quand on a froid
"Les visons, c’est de l’élevage épouvantable" expose-t-elle "mettre des animaux semi-aquatiques et sauvages dans des petites cages grillagées pour des manteaux de fourrure… C’est archaïque". Même son de cloche à Combactive, une association qui œuvre pour "la protection de la nature et des droits des animaux" en Bourgogne-Franche-Comté : "ça n’a plus de sens" affirme Fabien Robert, président de l'association "aujourd’hui, vous passez avec un manteau de fourrure dans la rue, tout le monde vous regarde".
Pour autant, le militant reste mesuré : "je suis plutôt content que mécontent, mais je ne saute pas au plafond". Car de nombreuses questions restent en suspens, après les annonces, relativement succinctes, de Barbara Pompili. "Cinq ans, à partir de quand ?" se demande Fabien Robert. Il s’interroge également sur la nature administrative de ces fermetures : est-ce qu’elle prendra la forme d’une loi ou d’un arrêté ? S’agira-t-il une interdiction définitive d’élever les visons ? Des questions d’autant plus présente que selon le militant, il n’existe plus que quatre élevages de grande tailles (plus de 2.000 visons) en France, mais que d’autres, parfois minuscules, subsistent.
Que deviendront les visons ?
La ministre de la Transition écologique n’a pas annoncé de calendrier précis, mais l’élevage de Montarlot-lès-Rioz pourrait fermer ses portes avant 2025 : "je ne me vois pas aller au boulot pendant cinq ans et me dire après je démonte l’élevage" explique Sylvain Chassain "je préfère me reconvertir tout de suite". Mais en l’absence de précisions sur les mesures d’accompagnement pour les élevages concernées par le plan gouvernemental, l’homme n’en sait pas plus sur le sort de son exploitation, et de ses animaux.
"J’espère qu’ils ne vont pas tous les tuer" avoue Martine Landry, porte-parole d’Humanimo "je le crains, mais j’espère qu’ils pourront faire un geste". Elle le reconnaît, il n’existe pour l’instant aucune infrastructure d’accueil pour les visons en France. A Combactive, Fabien Robert n’est pas optimiste sur le sort que les milliers de visons des élevages français subiront : "aujourd’hui, les replacer, ce n’est pas envisageable" explique-t-il "un vison c’est un animal subaquatique qui vit seul. Il faut un kilomètre et demi par individu, vous imaginer la place qu’il faudrait ?". L’année dernière, l’homme a dû faire placer cinq visons, donnés par une exploitation : "je ne vous explique pas la croix et la bannière, j’ai appelé jusqu’en Pologne et en Belgique, personne n’en voulait". Et la tâche s’annoncerait d’autant plus dantesque que les Pays-Bas ont déjà annoncé en avril la fermeture de ses 160 élevages, et que la Finlande s’apprêterait à faire la même chose pour ses 700 exploitations.