Dans cette petite commune du Doubs, un projet était soumis jusqu'à ce 12 février à une enquête d'utilité publique. Le groupe agro-alimentaire LDC veut implanter ici un élevage industriel. Plusieurs habitants et la Confédération Paysanne dénoncent l'envergure d'une telle exploitation.
A Flangebouche, au coeur de l'AOC Comté et de la zone IGP de la saucisse de Morteau, cet élévage en batterie de poulets ne fait pas l'unanimité. Reportage dans le 19/20.
Le bâtiment de 1530 m2 comporterait 33.000 poulets. Avec plusieurs rotations par an, ce sont 200.000 volailles qui pourraient voir le jour ici.
Le projet a été déposé par un membre du conseil municipal. C'est le groupe LDC connu pour les marques Le Gaulois, Maître Coq, Loué ou Poulets de Bresse qui se cache derrière ce projet. Nous avons essayé plusieurs fois de contacter Mickaël Troutet qui a déposé la demande d'implantation de cet élévage auprès des services de la Préfecture du Doubs. Il n'a pas répondu à nos sollicitations.
A l'heure des filières courtes, du mieux manger et de l'essor du bio, cet élevage de poulets en batterie est vu d'un mauvais oeil. La ferme offrirait un mètre carré de surface pour 22 volatiles.
Jérémy Coley, porte-parole de la Confédération paysanne du Doubs et du Territoire de Belfort s'indigne : "C'est un projet qui n'a rien à faire dans notre département en en France. Je suis surpris que les autorisations soient encore valables. Ce n'est pas du tout la demande des consommateurs qui veulent des produits respectueux de l'environnement, des animaux". Le syndicaliste s'étonne que ces volailles soient nourries aux tourteaux de soja OGM alors que l'utilisation des OGM est interdite en zone de production du Comté.
Côté riverains déjà échaudés par la construction de la 2x2 voies et de la station d'épuration de la fromagerie, c'est le même combat. "On n'est pas en Chine on est en France dans un pays AOC Comté où l'on rêve de verdure" lance Paul Caillier. Ce dernier s'inquiète d'un élevage en batterie avec des "détergents et pesticides". On n'est pas contre un élevage ici mais on veut du bio dit-il.
"On s'achemine vers la malbouffe et des cancers, et on ne réagit pas, c'est très décevant" ajoute Blandine Caillier
L'enquête d'utilité publique s'est déroulée du 14 janvier au 12 février 2019 inclus.
Sur le site de la Préfecture du Doubs, grand nombre de remarques ont été formulées. Elles dénoncent toute l'impact et l'absurdité de cet élévage :
"33 000 volailles, soit 22 poulets/m2 entassés dans un espace clos, dans lequel ces animaux ne verront ni le jour, ni l’air du Haut-Doubs ! Bien dommage car nous sommes dotés de nombreuses pâtures verdoyantes !"
"Il me semble qu'à l'heure actuelle, une telle proposition est incompréhensible. En effet, cela va l'encontre du bien être animal mais aussi de la protection de notre environnement. Que dirons nous aux générations futures ?? On est conscient du mal que cela nous fait alors il est de notre devoir de ne pas cautionner une telle chose. Je ne suis pas vegan mais je ne veux pas n'importe quoi dans mon assiette ni dans celles de mes filles."
"Complètement impensable qu'un tel projet puisse voir le jour dans notre région !!! Ici on prône la "bonne bouffe" et le bien être. On respecte la faune et la flore et on choisit le bio lorsque l'on peut le faire (le bio ce n'est pas forcément des étiquettes sur des paquets en grande surface). Totalement contre ce projet et ce qu'il en découle !!!"