Le Festival de musique de Besançon, qui se déroulera du 8 au 23 septembre 2023, a prévu plusieurs nouveautés. Billetterie éphémère, nouvel orchestre, inauguration d’une nouvelle salle de concert et programme de folie, pour la 76e édition, les organisateurs sortent le grand jeu.
Suzana Bartal, Renaud Capuçon, l’orchestre Les Dissonances…des grands noms de la musique classique seront présents au festival de Besançon cette année. Pour cette nouvelle édition, la musique est encore une fois mise à l’honneur. « Le cœur de ce festival, c’est vraiment elle. Il y a beaucoup de classique, de la musique symphonique, de la musique du monde et aussi un peu de jazz », explique Jean-Michel Mathé, directeur du festival depuis 2012. Au total, le festival, c’est 30 concerts et 800 musiciens qui vont se produire dans quatre villes de la région : Dole, Lons-le-Saunier, Arc-et-Senans et Besançon.
Entre artistes internationaux et orchestre régionaux, les programmateurs ont une fois de plus su trouver le bon équilibre. « On aura notamment des ensembles qui viennent d’Allemagne, de Suisse et d’Angleterre », explique le directeur. Sur 15 jours, plusieurs pays seront représentés dans la capitale franc-comtoise sans pour autant oublier les artistes de la région. Sans surprise, l’orchestre Victor Hugo de Besançon se produira sur scène et cette année, l’orchestre Dijon Bourgogne fait son apparition dans la programmation avec un air de réconciliation. « En l’invitant, on voulait vraiment enterrer la hache de guerre qui planait depuis quelques années avec l’orchestre Victor Hugo », confie Jean-Michel Mathé.
« Plus de compositrices, de cheffes d’orchestre, et de solistes féminines »
Les Bourguignons ne sont pas les seuls petits nouveaux du festival. Cette année, les organisateurs ont décidé de s'associer aux Salines royales d’Arc-et-Senans pour l’inauguration de sa nouvelle salle de concerts Claude Nicolas Ledoux. Un décor qui a de quoi rendre les concerts encore plus impressionnants. L'inauguration musicale est prévue le 15 septembre par le célèbre Renaud Capuçon à la tête de l'Orchestre de Chambre de Lausanne.
En musique, il faut savoir changer de tonalité. Pour son 76e anniversaire, le festival souhaite donner plus de visibilité aux femmes dans la musique : « On a essayé d’avoir plus de compositrices, de cheffes d’orchestre, et de solistes féminines. Pendant de longues années, les femmes n’ont pas eu la place qu’elles méritaient alors on essaie, à notre échelle, d’y remédier comme on peut. »
Après l'arrivée des Dijonnais, l'inauguration de la salle de concert et l'importance accordée aux femmes, une dernière nouveauté débarque : une billetterie éphémère. Elle est ouverte du 27 juin au 8 juillet du mardi au samedi de 13h30 à 17h30 dans le hall de l’hôtel de ville de Besançon. Les années précédentes, il fallait attendre le mois de septembre pour réserver ses places en guichet. « Les personnes réfractaires au numérique étaient donc pénalisées par rapport à celles qui prenaient leur place en ligne ou par courrier. Les places étant numérotées, ils n’avaient plus tellement le choix », précise Jean-Michel Mathé.
Le directeur souligne aussi qu’acheter ses places en guichet est une tradition qui va de pair avec la musique classique. Ce nouveau concept est donc un moyen de se rapprocher un peu plus de son public et de tenter de retrouver un nombre de spectateurs d’avant Covid. « On a aussi été secoué par la pandémie. L’année dernière, on a enregistré une baisse de 18 % des ventes », conclut-il. L’achat en ligne et par courrier se poursuit lui jusqu’au début du festival.
Mais pour reconquérir le cœur des festivaliers, aucun public précis n'est visé : « Il y a forcément des mélomanes qui attendent le festival avec impatience et qui sont présents chaque année, mais il y a aussi des publics plus variés. » Il y a aussi des tarifs différents proposés selon la situation de chacun. Étudiants, moins de 30 ans, demandeurs d’emploi… le festival souhaite donner la possibilité au plus grand nombre d’accéder à la musique. Certaines représentations sont gratuites et le prix moyen des concerts est de 27 euros.
Le retour du concours des jeunes chefs d’orchestre
Comment parler du festival international de Besançon sans évoquer le fameux concours des jeunes chefs d’orchestre ? « Ce concours a vraiment une renommée internationale et est très connu en Asie notamment. Il y a vraiment une autre dynamique les années où il a lieu », explique le directeur.
Après des sélections à Berlin, Paris, Tokyo et Montréal pour départager les 300 candidats, seuls 20 sont gardés. Tous les deux ans, les années impaires, les épreuves se déroulent pendant le festival et sont ouvertes au public. Les finales qui départageront les trois candidats encore en lice se dérouleront du 17 au 23 septembre. Le directeur le rappelle : "ce concours est vraiment un pilier du festival."
La grande finale viendra clore le festival et sera projetée sur écran géant place Granvelle à Besançon. À son issue, les sept jurys internationaux dévoileront le grand gagnant. « C’est un coup de projecteur incroyable pour le gagnant, ils sont sollicités un peu partout en Europe pour diriger nos orchestres partenaires, ça booste leur carrière. » Les jurys ne sont pas les seuls à avoir leur mot à dire. Un coup de cœur du public et un de l’orchestre sont aussi attribués.
Et puisque pour Jean-Michel Mathé, la musique, c’est comme la gastronomie, il faut de la technique, de la précision et du génie, qui de mieux placée que Nodoka Okisawa, grande gagnante de 2019, pour diriger l’Orchestre de chambre de Bâle ? Le concert est prévu le 14 septembre au Grand Kursaal de Besançon.