Sur tout le territoire, des particuliers conçoivent du matériel médical et des protections, pour aider, à leur échelle, les personnes les plus exposées au virus. Parmi les « Makers contre le covid », un Comtois crée des prototypes de visières.
Fabriquer des masques ou encore des visières avec des pochettes plastiques et des élastiques … L'idée semble saugrenue, mais certains en font des prototypes. C’est le défi que réalisent des « makers » pour répondre à la pénurie de matériel médical. Les makers forment une communauté de Do it yourself 2.0 (DIY, ou « faites-le vous-même ») tournée vers l’innovation, et la technologie.
Sur Facebook, des Français s’organisent depuis une semaine. Le groupe « Makers contre le covid » compte déjà près de 1400 membres. Des particuliers pour la plupart qui tentent d’aider les soignants, les pharmaciens, mais aussi les hôtes de caisse, ou les facteurs ... En bref, toutes les personnes « en première ligne ». Celles qui sont au contact des patients ou des clients. Celles qui sont le plus exposées au covid-19. Celles sans qui la vie pendant le confinement n’est pas possible.
Une inspiration tchèque
Yann Marchal, le créateur du groupe, veut « rassembler les forces de conception et production pour les mettre à disposition des gens qui en ont besoin ». Le ton grave, le maker de Montoire-sur-le-Loir dans le Centre-Val-de-Loire, déplore la gestion de la crise : « Le gouvernement n’arrête pas de nous rabâcher que les masques ne servent à rien, mais ce n’est pas vrai ».Ce « fils de médecin » a donc décidé de fonder « Makers contre le covid » sur Facebook. Le projet est de coordonner les particuliers disposant d’imprimantes 3D, les fablabs (ou « laboratoire de fabrication »), ou encore des chimistes pour répondre à la demande du personnel soignant ... mais pas que. « N’importe qui devrait avoir un masque », rapporte Yann, avec une pointe d’agacement. Mais certains prototypes, avec des pochettes et des élastiques, ne satisfont pas le chef du groupe, à cheval sur les normes sanitaires.
Ce regroupement de makers s'inspire des modèles tchèques, italiens et chinois. Sur les réseaux sociaux, ces communautés aident, modestement mais sûrement, les médecins, les infirmiers et autres travailleurs hospitaliers.
Des makers et des outils … à tâtons
« Ces imprimantes, je m’en servais pour fabriquer des figurines. Ce sont des amis qui m’ont parlé de cette initiative », raconte Christophe, un maker comtois. Comme lui, des milliers de particuliers impriment des prototypes de visières, de masques, et autres à l’aide de patrons et de modèles open source, c'est-à-dire disponibles gratuitement en ligne.
Christophe donnera gratuitement une vingtaine de visières à l’hôpital Jean Minjoz de Besançon, et le proposera aussi aux agents de police, aux pharmaciens et aux hôtes de caisse. Pourquoi pas des masques ? « Il y a beaucoup de normes sanitaires, et c’est compliqué d’adapter nos prototypes », rapporte le jeune homme. Le maker comtois trouve aussi d’autres limites à sa démarche : deux heures d’impression pour chaque visière. Avec ses quatre engins, difficile de répondre seul à l’urgence.
Des entreprises, voilà, ce qu’il faudrait : leurs imprimantes 3D pourraient fabriquer des outils et des protections à la chaîne. Habitant dans le Grand Besançon, Christophe s’occupe ainsi de la coordination entre les entreprises franc-comtoises et des makers. En Franche-Comté, peu d’usines répondent à l’appel. Le maker comtois, énergique, avoue : « des entreprises, ou toute personne qui peut participer, j’aimerais qu’il y en ait le plus possible ».
Une organisation nationale ... virtuelle
« On a des choses à proposer et de manière désintéressée », clame Yann Marchal, le créateur du groupe. Cependant, les idées fusent, mais s’entendre demeure complexe. Des posts sur Facebook et des prototypes se déploient dans tous les sens. Une cacophonie virtuelle. Alors ceux qui portent « Makers contre le covid » se coordonnent. D’abord un groupe sur Discord, une plateforme américaine de communication souvent utilisée par les gamers, pour fabriquer des prototypes et les tester. Et bientôt, le développement d’une plateforme en ligne pour gérer les stocks, pour recueillir les demandes du personnel soignant et coordonner les entreprises et les particuliers.Une démarche, et un réagencement pour « ne pas faire de bêtises », justifie Yann Marchal. Un moyen aussi de retrouver « l’esprit maker, l’esprit de partage », comme il le revendique, parfois noyé dans le flot des messages de la page.
Pour rejoindre les makers en France : le groupe Facebook « Makers contre le covid » et makersvscovid@gmail.com.
Pour toute question ou proposition sur l'initiative de Christophe en Franche-Comté : makcoeurcovid25@gmail.com.