Deux trains express régionaux roulant au biocarburant sont en test entre Besançon et Morteau dans le Doubs. Pendant trois mois, la région Bourgogne-Franche-Comté et la SNCF évaluent ces trains en conditions réelles. Une dernière étape avant l’extension sur toute la région.
À première vue, c’est un TER habituel qui fait des allers-retours sur la ligne Besançon-Morteau, la ligne des Horlogers. Cet engin est pourtant l’un des deux spécialement modifiés pour rouler avec un biocarburant, à la place du diesel. Depuis la mi-janvier et jusqu'au milieu du mois d'avril, les réservoirs de ces trains contiennent du B100. Il s'agit d'un carburant issu à 100% du colza. L’expérimentation est menée par la région Bourgogne-Franche-Comté et la SNCF. Les premiers résultats sont encourageants.
Des performances identiques
Sur cette ligne qui compte quatre trains, deux sont transformés pour rouler avec ce carburant présenté comme propre. « On s’attendait à une surconsommation, elle est finalement minime. On s'attendait aussi une perte de puissance mais ce n’est finalement pas le cas sur la ligne Besançon-Morteau, alors qu'elle présente pourtant une faible déclivité », s'enthousiasme Jean-Luc David, ingénieur matériel à la SNCF Bourgogne-Franche-Comté.
Cette "ligne des Horlogers" a été choisie car elle a « un relief accru avec 600 à 700 mètres de dénivelé et surtout un hiver rigoureux. On voulait tester la réaction de ce biocarburant aux basses températures ». D'après le cadre de la société de chemin de fer, l'expérience se présente plutôt bien. Il n'y a pas le droit à l'erreur, d'autant qu'il s'agit selon ce responsable « du premier essai d'un carburant 100% végétal et 100% français sur le parc du TER Bourgogne-Franche-Comté ». Pour les besoins de ce test, seuls des petits aménagements ont été nécessaires : « des cuves contenant 9000 litres de carburant ont été construites dans les ateliers de maintenance, pour pouvoir remplir les réservoirs des trains ».
Une transition possible et rapide
Côté trains, cela tombe bien car l'équipe chargée du projet voulait tester les capacités d'une catégorie de trains en particulier. Il s'agit des "AGC", des autorails à grande capacité. Le résultat est probant, pour Jean-Luc David : « hormis le changement des filtres et le nettoyage des réservoirs, on pourrait passer quasiment du jour au lendemain du B7 au B100. Son profil est très proche du diesel classique, ce qui permet de former rapidement les conducteurs à la conduite avec ce carburant ».
Les conducteurs, justement, voient d'un très bon œil cette initiative. « Si on "verdit" le train avec du biocarburant, c’est encore mieux car ça sent bon, parce que ça sent la frite », plaisante même Alexis Guillon. D'après le chef d'équipe des conducteurs de la ligne, tous sont prêts à faire la bascule et conduire au plus vite ces trains.
« La démarche est très bien acceptée chez nous, car ça va dans l’air du temps. L’acceptation a été très forte dès lors qu'il s'agit de "verdir" le parc, d'amener des nouvelles solutions technologiques et énergétiques et sortir du carburant fossile », rappelle le chef.
Vers des TER entièrement propres
L'expérience d'une durée de trois mois est menée à la fois par la SNCF et la région Bourgogne-Franche-Comté. La région souhaite sortir des énergies "fossiles" au plus vite et réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées aux transports. C'est pourquoi elle commence à rechercher et à tester des trains circulant autrement qu'avec l'électricité.
Des TER à l'hydrogène doivent être réceptionnés d'ici quelques années, dans le nord de la région. Ils doivent circuler notamment dans le département de l'Yonne, vers Auxerre. « La région et la SNCF ont opté pour cette technologie de l’hydrogène mais c’est très onéreux et c’est pour 2026 à peu près », expose Maud Fontaine, cheffe de projet environnemental TER Bourgogne-Franche-Comté.
Cette fois, pour ce test dans le Doubs, la région a fait exception. C'est donc le colza qui a les faveurs de la Bourgogne-Franche-Comté. La plante a déjà été testée dans les trains de Normandie et il s'agit d'une énergie "verte" immédiatement utilisable. « Le biocarburant présente l’avantage d’être tout de suite opérationnel. Ca demande un minimum d’investissement. On parle de 60% de réduction d’émissions de CO2, du champ à la roue », ajoute la responsable du projet.
À la fin de ce test, la région doit faire un retour d'expérience. Si les retours sont positifs, la centaine de TER circulant en Bourgogne-Franche-Comté sera adaptée pour rouler avec ce carburant "propre".