Depuis le 10 juillet, tous les infirmiers doivent être répertoriés au tableau de l’Ordre national des infirmiers. Une obligation dénoncée par plusieurs syndicats, qui fustigent une cotisation « nécessaire pour travailler » et une instance dénuée de sens.
Certains décrets passent inaperçus. D’autres créent des raz-de-marée. Celui du 10 juillet dernier a entraîné quelques remous au sein d’une profession qui, pour Cyril Moulin, président du Comité interdépartemental de l’Ordre des infirmiers, a besoin de s’organiser.
Il rend obligatoire l’inscription de tous les professionnels au tableau de l’Ordre national des infirmiers. De leur côté, plusieurs syndicats généralistes appellent au boycott et pointent un organisme « inutile ».
Pour Cyril Moulin, président du comité interdépartemental de l’Ordre, l'instance est plus que nécessaire. « Elle permet de se regrouper, de s’organiser » et de réfléchir aux évolutions du métier.
Ordre national des infirmiers : quésako ?
Il a été créé en 2006 pour regrouper l’ensemble des infirmiers, qu’ils soient libéraux, salariés du privé ou employés de la fonction publique. « Normalement, l'inscription est obligatoire depuis le début », explique Cyril Moulin. Mais jusqu'à présent, aucun décret n’avait été appliqué.« L’instance parle au nom de la profession, pas des professionnels », rajoute le président. Mais qu’ordonne donc l’Ordre national des infirmiers ? A quoi sert-il ?
"Compter les infirmiers"
« A l'heure actuelle, il n'y a aucun moyen de savoir combien d'infirmiers exercent véritablement. Le fichier qui répertorie les infirmiers détenteurs d'un diplôme d'Etat est un fichier départemental. Lorsque l'on change de département ou que l'on part en retraite, on oublie parfois de s’effacer du registre. Il est essentiel de savoir combien d'infirmiers pratiquent pour savoir combien d'infirmiers il conviendrait de former ».
"Vérifier le casier judiciaire"
« Quand on travaille auprès de personnes vulnérables, il faut s’assurer de la probité du professionnel. L’Ordre vise à garantir la qualité et la sécurité des soins apportés aux patients. Et aussi à éviter les affaires concernant le passé de certains infirmiers... On a eu des cas de pédophilie, d'agressions sexuelles ou de radicalisme par exemple ».
"Parler au nom de tous les infirmiers"
Les syndicaux qui boycottent l'inscription s'estiment déjà suffisamment représentés et protégés. Mais pour Cyril Moulin, " l'Ordre n'a de voix que s'il parle au nom de tous les infirmiers. Les infirmiers de la fonction publique ont un conseil de discipline, par exemple, qui n’a de valeur que dans l’hôpital. L’hôpital ne transmet pas forcément ces informations au privé."
Un nouveau rôle pour l'infirmer dans un contexte de désertification médicale
" On n’entend pas les syndicats parler du nouveau rôle que peuvent jouer les infirmiers, notamment dans un contexte de désertification médicale", estime Cyril Moulin.
Le décret a aussi mis en place un nouveau statut de professionnel de santé, intitulé "infirmier en pratique avancée". Un infirmier aux compétences élargies, dont la formation se fera à l'université, dès la rentrée prochaine, à Dijon ou à Besançon.