L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du Sud est une nouvelle au centre des débats, et ce malgré le positionnement de la France. Une situation qui déplaît fortement aux agriculteurs de Franche-Comté, impactés par de possibles importations de viande.
“Si l’accord passe, ça ravivera la flamme et une nouvelle mobilisation serait totalement envisageable” clame Florent Dornier, président du syndicat agricole FDSEA du Doubs. Depuis quelques semaines, l’Union européenne fait de nouveau pression pour faire passer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Et ce malgré le désaccord de la France.
Jeudi 17 octobre 2024, le président de la République Emmanuel Macron s’exprimait une nouvelle fois sur le sujet lors d’un sommet européen à Bruxelles. Selon lui “le Mercosur, en l’état, n’est pas un traité qui est acceptable”.
“C’est un non-sens absolu”
Concrètement, le but est de signer un accord d'association commercial et politique avec les pays d’Amérique du Sud. Il devrait faciliter les exportations de produits industriels et de services des pays européens contre l’arrivée massive de produits alimentaires et agricoles des pays du Mercosur. Un accord qui inquiète vivement les agriculteurs français, qui craignent la concurrence déloyale de produits non soumis aux normes d’hygiène française, et donc à des prix bien inférieurs à ceux du marché.
Le commerce de la viande pourrait être le plus impacté, les éleveurs bovins francs-comtois seraient donc particulièrement touchés. “Nous, on est très inquiets, c’est de la distorsion de concurrence. En France on a une agriculture vertueuse" fulmine Florent Dornier. "On demande à nos agriculteurs de faire plus verts et à côté de ça, on va chercher de la viande à l’autre bout de la planète. C’est un non-sens absolu”.
On considère que les denrées alimentaires ne peuvent pas être échangées sur un coin de table. Cet accord met en jeu la destruction d’écosystème, et c’est le climat de l’ensemble de la planète qui trinque. Tout ça pour importer de la viande à bas coût alors qu’on peut très bien la produire ici.
Laurence LyonnaisPrésidente de la confédération paysanne du Doubs
Quant à la position de la France, là encore, l’énervement des agriculteurs est palpable. “Ça fait des années que c’est repoussé, mais tous les ans il est remis sur la table, soit c'est oui soit c’est non. Si le Président dit que ce n’est pas acceptable, il faut qu’il le prouve” assène Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône.
Une nouvelle mobilisation ?
Les différents syndicats agricoles ne cachent pas leur mécontentement et sont prêts pour de nouvelles mobilisations si cet accord passe. “En ce moment l’horloge fait tic-tac. S'ils ne nous entendent pas, on va y retourner à Paris, à Bruxelles. Et partout. Ils font face à des personnes déterminées. Et un pays, on vous le bloque en pas longtemps, faut qu’ils en aient conscience” témoigne Frédéric Ferrand, membre de la Coordination rurale de Haute-Saône. "La colère de l'année dernière n'a pas disparu et les problèmes de fond ne sont pas résolus. Il ne manque qu'une étincelle pour mettre le feu et ce sera peut-être celle-là" ajoute Laurence Lyonnais, présidente de la Confédération paysanne du Doubs.
Si on voit que le gouvernement français lâche l’affaire, c’est une certitude, on sera tous dans la rue.
Florent DornierPrésident FDSEA Doubs
Une situation d’autant plus tendue que les agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté se sont mobilisés ce vendredi 18 octobre 2024 devant le Conseil régional de Dijon, et ont pénétré de force dans les lieux. Ils réclament notamment le paiement en retard d’aides versées par la région, notamment des dotations pour les jeunes agriculteurs qui tardent à être perçues.