Ce sont des professionnels du tourisme aux 4 coins de la région : ils gèrent des gîtes, des chambres d'hôtes ou encore des villages vacances. Après 3 mois d'arrêt quasi complet, la saison 2020 se lance enfin... Petit tour d'horizon de la situation avec l'été qui arrive.
Il faut être optimiste par nature quand on parle de l'été, de soleil, de vacances, par un temps comme celui de ce samedi 6 juin : froid et pluvieux ! Mais les professionnels veulent croire en une saison estivale qui va leur permettre de "récupérer" la printanière restée confinée pour cause de virus.
Un confinement actif
Déjà, certains professionnels ont pris les deux mois de confinement - presque - comme une aubaine : "On a pris le temps de faire tout ce qu'on a pas le temps de faire d'habitude" comme dit Didier Tabussot de Saône Valley, à Traves. "On a repeint les bungalows, aménager les extérieurs..."
Même constat pour Marie Vassal qui gère avec son époux les chambres d'hôtes de charme "La scierie" à Salins-les-Bains : "On a construit la piscine, terminé la façade, aménagé les extérieurs avec un parking et, surtout, on a planté un potager et des vignes ! On ne s'est pas ennuyé ! Tous ces travaux ont donné un joli coup de peps à notre maison..."
Les réservations arrivent
Pour Laurent Châteaux qui tient un gîte à Myon (Doubs), "Les Greniers", la reprise est timide.
"Les réservations reprennent doucement, trop doucement à mon goût. Notre saison 2019 a été excellente. Pour cette année, je suis quand même optimiste. Il faut que les gens aient le temps de réagir, de préparer leurs congés. J'ai eu quelques nouveaux clients durant la période des "moins de 100 kilomètres" notamment des habitants de Dijon ou de Chalon-sur-Saône... J'attends maintenant les réservations pour l'été ! "
A quelques kilomètres de là, Salins-les-Bains, dans le Jura, "La scierie". Marie Vassal est satisfaite de cette relance d'activité : "Tous les week-ends de juin sont complets. Avec les retraités, avec les commerciaux qui cherchent une chambre en semaine, avec les clients fidèles qui sont revenus très vite en solidarité avec nous, notre activité repart plutôt bien. Août est déjà bien rempli. Seule la première quinzaine de juillet reste un peu creuse."
Peut-être parce que les parents attendent de savoir si les enfants vont avoir école ou pas...
A Métabief, au Village Vacances Azuréva, les affaires reprennent. Gérard Dèque, le directeur le constate.
"On rouvre le 21 avec seulement 10 personnes, 10 personnes alors qu'habituellement, on en accueille 180... Heureusement, dès le lendemain, on accueille un groupe qui vient de Savoie de 28 personnes. Nous, on permet aux gens de partir en vacances car on pratique des tarifs sociaux. Et on accepte les annulations sans frais... Les réservations arrivent. On ne se plaint pas : la baisse sur notre groupe est de 48 % au niveau national, ici, on n'est "que" à 28 %. "
Au bord de la rivière, Traves, et les bungalows au bord de l'eau. Didier Tabussot raconte qu'il n'a pas chômé durant le confinement :"On a accueilli gratuitement le personnel soignant, notamment celui de l'hôpital de Vesoul, à un quart d'heure en voiture.
Médecins, infirmières, anesthésistes venus en renfort. Ils rentraient à 22 heures et repartaient à 5 - 6 heures du matin... Ils faisaient des sacrées journées ! Sinon, pendant la période "moins de 100 kilomètres", ma clientèle était régionale, de Bourgogne - Franche-Comté.
J'ai eu des gens du sud de la Bourgogne qui n'ont pas l'habitude de remonter vers le nord pour leurs vacances... Depuis quelques jours, les réservations commencent à arriver. J'ai 11 hébergements. J'ai déjà des semaines complètes, surtout en août."
Une situation contrastée
De l'espace et la qualité : pour Fabrice Creux, directeur de Destination70, c'est la clé de la réussite en cette période bien particulière.
"Tous les hébergements de qualité, comme Saône Valley ou les cabanes dans les grands lacs, qui bénéficient d'espace et de nature protégée sont actuellement très recherchés. Sont dans une situation plus délicate : les gîtes familiaux qui n'ouvrent que quelques semaines d'été et pour lesquels les mesures sanitaires semblent compliquées aux propriétaires ou encore des hôtels, comme ceux de Luxeuil-les-Bains. Comme la saison thermale n'a pas encore été relancée, ils n'ont pas de visibilité mais les thermes devraient rouvrir vite."
Sophie Ollier-Daumas, directrice du Comité Régional du tourisme, se veut, comme les professionnels directement au contact avec la clientèle, optimiste : "On a vu deux ou trois choses frétiller... Pour les meublés de tourisme ou les chambres d'hôtes, les réservations commencent à arriver. Et, surtout, on répète bien : si un nouveau confinement devait arriver, les professionnels s'engagent à rembourser les acomptes. C'est important de le dire."
Les regroupements familiaux ou amicaux
Signes des temps : les regroupements familiaux ou entre amis, comme l'a constaté Fabrice Creux, de Destination70 : "Le tourisme, cette année, ce sera l'occasion de retrouvailles avec ceux qu'on n'a pas pu voir pendant des mois, la famille et les amis. Les réservations ces derniers jours sont marquées par ces locations à plusieurs, pour passer un moment ensemble, pour rattraper le temps perdu."
Didier Tabussot renchérit : "J'ai fait une promo : une semaine tarif normal et la deuxième semaine à 50%. J'ai des familles qui prennent les deux semaines et qui viennent à plusieurs sur la période, grands-parents, parents et enfants. Le week-end, les cousins arrivent pour deux ou trois jours..."
Beaucoup plus de travail
A Métabief, Gérard Dèque, directeur du Villages Vacances Azuréva constate :"Les mesures sanitaires nous obligent à une autre organisation, qui nous prend beaucoup plus de temps. Buffet et self supprimés : on sert directement les repas à table." Marie Vassal confirme :"Je sers les petits déjeuners dans les chambres ou sur la terrasse, sous des cloches... comme dans un palace ! Mais c'est beaucoup plus de travail !"
Sans compter toutes les mesures de ménage, désinfection et autres mesures nécessaires pour combattre le covid-19.
Les clients ne semblent pas inquiets à propos du virus : "On leur explique tout ce qu'on fait, le ménage, les désinfectants, les masques" raconte Didier Tabussot "J'ai l'impression qu'ils sont déjà habitués et cela ne les stresse pas ! Ici, j'ai de l'espace : 5 hectares au total et 600 m2 par hébergement !"
Des campagnes de publicité tous azimuts
Loïc Niepceron, président du CRT, Comité Régional du Tourisme, rappelle que la région Bourgogne - Franche-Comté a mis la main à la poche pour aider les professionnels de ce secteur d'activité.
"La région a débloqué 7 millions d'aides. Il faut que les professionnels du tourisme retrouvent une respiration. Il faut que les habitants de la région découvrent ou redécouvrent leur région. On a 8 sites classés patrimoine mondial par l'Unesco. Le tourisme, c'est 42 000 emplois et 6, 3 % du Pib (Produit Intérieur Brut). C'est une activité qui compte économiquement."
Pour inciter les habitants de la région à faire vivre le tourisme chez eux, une campagne sera lancée dès lundi 8 juin : "Sortez chez vous", sur le modèle de "Restez chez vous", durant le confinement.
Une autre, qui visera l'extérieur, vantera les mérites de trois secteus géographiques, trois "marques" comme dit le CRT, "Design by Bourgogne, Montagnes du Jura et Vosges du Sud".
En attendant la réouverture des frontières
Ces professionnels comptent, bien évidemment, sur la clientèle française. Sophie Ollier-Daumas donne un chiffre : "Selon une étude de Kantar, 9 millions de Français resteront en France cette année pour leurs vacances." Mais ils attendent impatiemment aussi, la réouverture des frontières.
"J'attends les Allemands, les Belges et les Suisses. Les étrangers, c'est le tiers de ma clientèle" raconte Laurent Châteaux des Greniers de Myon. Idem pour Didier Tabussot qui, lui, compte de nombreux Suisses et Allemands à Saône Valley.
Autre clientèle étrangère importante chez nous : les Hollandais.
Encore des bémols
Tout est prêt pour accueillir locaux, Français, étrangers : les hébergements ont connu une cure de jeunesse durant le confinement, les mesures sanitaires sont rodées, il va faire beau (Si, si...) mais reste une incertitude. Quelle sera l'ambiance de cet été 2020 ?
Gérard Dèque, d'Azuréva de Métabief, s'inquiète déjà : "On ne pourra pas faire de soirées dansantes. Notre truc, c'est la convialité, le contact avec les gens. C'est pour ça que je fais ce métier ! Cela va nous faire drôle."
Didier Tabussot, de Saône Valley, lui, en appelle à la préfecture : "J'organise chaque année 10 animations musicales en juillet - août, en soirée, on danse, c'est sympa. Je ne sais pas si je vais avoir le droit."
Si on n'a même plus le droit de danser en juillet - août... Mais que va devenir le traditionnel tube de l'été ?