Un rapport parlementaire à paraître jeudi minimise les dangers pour la santé du glyphosate. La polémique enfle. Les propos tenus par le sénateur Médevielle mettent en colère le sénateur socialiste du Doubs Martial Bourquin.
"Le glyphosate est moins cancérogène que la viande rouge" : Le rapport d'information parlementaire doit être officiellement publié jeudi, il ne livre pas de conclusions sur le caractère cancérogène ou non du fameux herbicide mais les déclarations dans la presse de Pierre Médevielle, sénateur centriste de Haute-Garonne et vice-président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) ont fait l'effet d'une bombe et provoquent la polémique.."A la question "le glyphosate est-il cancérogène", la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites", a déclaré le sénateur à la Dépêche du midi. "Ce rapport, nous le rendons à quatre parlementaires, sous l'égide de l'OPECST dont les membres sont tous des scientifiques. Je ne vois aucune raison pour laquelle nous prendrions notre part de l'hystérie collective suscitée par une molécule dont on affirme qu'elle est cancérogène alors qu'en réalité, elle ne l'est pas", ajoutait-il.
Une insulte envers les scientifiques et les malades de cancer
"C’est avec stupéfaction et indignation que j’ai appris ce matin la publication d’un rapport parlementaire sur le glyphosate . Le vice-président de l’office parlementaire, le Sénateur Médevielle a déclaré dans les médias que « la cancérogénicité de la molécule n'est pas démontrée par la science, mais encore qu'en l'état actuel de nos connaissances, le glyphosate est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge". Je suis scandalisé par cette déclaration qui est une insulte envers les scientifiques, envers les malades et envers tous les parlementaires qui se battent chaque jour contre le glyphosate malgré les pressions des lobbies. Je rappelle que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé cet herbicide comme cancérigène probable en 2015. Je rappelle également que la justice américaine a condamné Monsanto à deux reprises, en 2018 et 2019, en notant que le glyphosate était un « facteur significatif » dans le déclenchement du cancer" écrit le sénateur du Doubs dans un communiqué publié ce lundi 13 mai.
D'après Martial Bourquin, Pierre Médevielle ne fait que reprendre les éléments de langage de Monsanto et ne fait pas honneur à la fonction de sénateur qui doit être au service de l’intérêt général et non des intérêts privés et industriels.
Une conclusion personnelle du sénateur Médevielle ?
Cédric Villani, premier vice-président de l'OPECST, a regrettés les propos tenus par Pierre Médevielle."Je regrette que le sénateur Médevielle, en s'exprimant prématurément et sous une forme qui ne reflète pas le rapport, ait contribué à ajouter de l'huile sur le feu", a réagi le député LREM de l'Essonne. "Vous ne lirez pas cela dans le rapport, car cela n'y a jamais été. C'est la conclusion que tire Pierre Médevielle à titre personnel" dit-il.
Les déclarations choc du sénateur de Haute-Garonne ont provoqué également la colère d'ONG, quelques jours après les révélations sur le fichage d'élus et journalistes pour Monsanto.