L'unité de méthanisation en projet sur la commune de Grandvelle (Haute-Saône) doit produire du biogaz à partir de cultures intermédiaires de céréales. Un collectif de citoyens s'est constitué pour s'y opposer et près de 200 personnes ont manifesté ce 14 juillet.
Dans la petite commune de Grandvelle (Haute-Saône), 350 habitants, le défilé du 14 juillet n'a rien de festif, bien au contraire. A la place des drapeaux bleu blanc rouge, des pancartes de toutes les couleurs sont brandies sur lesquelles on peut lire : "Non à l'usine", "Méthanisaiton = mobilisation et destruction du sol". 170 opposants au projet d'implantation d'une unité de méthanisation sur le village ont manifesté ce mercredi 14 juillet. Parmi eux, de nombreux représentants et adhérents de la Confédération paysanne, le syndicat agricole. Après une première réunion publique et une rencontre avec les porteurs de projets, le collectif vigilance méthanisation de la Romaine a décidé de porter ses revendications dans les rues de Grandvelle.
"La terre doit nourrir l'humanité et non des méthaniseurs"
L'unité de méthanisation en projet entre les communes de Grandvelle et Le Perrenot prévoit de fabriquer du biogaz à partir de seigle fourrager récolté entre deux cultures principales, sans utiliser d'effluents d'élevage. Un fonctionnement atypique dénoncé par le collectif Vigilance méthanisation de la Romaine. "La terre doit nourir l'humanité et les animaux et non pas des méthaniseurs qui produisent un gaz qu'il serait plus pertinent d'économiser" . En gestation depuis plus de quatre ans, l'unité devait initialement voir le jour à Devecey (Doubs), où il fut finalement abandonné. Aujurd'hui, l’unité prévue pourrait s’implanter à l’extérieur du village de Grandvelle, sur une parcelle agricole de 9 hectares, le long de la RD474.
Près de 1 000 hectares de seigle transformés en biogaz
Les opposants s'en inquiètent : "l'artificialisation de terres agricoles est aberrante surtout quand dans le même temps l'Etat demande que sur la même commune il soit fait un effort pour préserver 4,5 hectares de terres agricoles dans le cadre du PLUI", s'offusque Gaël Crouhy, membre du collectif Vigilance méthanisation de la Romaine. Il faudra entre 800 et 1000 hectares pour produire les 36 000 tonnes de seigle fourrager destinés à alimenter le méthaniseur. Les opposants estiment qu'en réalité le double de surface sera nécessaire "autant d'hectares utilisés au détriment d'autres cultures destinées aux hommes et animaux".
Seul le couvert végétal valorisé
Portée par la société Naturalgie, créée par quatre agriculteurs du Doubs et de Haute-Saône, la construction devrait coûter 10 millions d'euros. Elle est financée par des fonds privés. Une quinzaine d'agriculteurs seront partenaires du projet. Leurs terres, dont 70 % sont cultivées en bio, sont situées dans un rayon de 20 kilomètres autour du lieu d'implantation future de l'usine. David Petithuguenin, l'un des représentants de Naturalgie, assure que seul le couvert végétal, ces cultures secondaires obligatoires entre deux cultures principales, sera valorisé. Selon lui, pas un seul grain destiné à l'alimentation humaine ou animale ne sera utilisé. "C'est un vrai outil écologique à la transition énergétique", insiste-t-il. Une convention a été passée entre GRDF et la commune de Trésilley pour le passage et l'installation d'une canalisation de 24 km afin d'acheminer le gaz jusqu'à l'agglomération du Grand Besançon. L'usine fournirait à terme 5 à 10 % des besoins en gaz du Grand Besançon.
Des habitants inquiets des nuisances olfactives et des risques environnementaux
Parmi les manifestants, une vingtaine d'habitants de Grandvelle fait part de ses inquiétudes : "Nous subirons des nuisances olfactives, visuelles sans compter les risques environnementaux générés par l'usine". Les porteurs de projet répondent que cette unité évitera d'utiliser les effluents d'élevage et permettra justement de résoudre le problème des odeurs indésirables. Mais que faire de ces boues, où les épandre alors ? Selon le collectif d'opposants c'est "ajouter un problème à un autre". D'autres habitants caignent que leur bien immobilier perde de la valeur avec l'arrivée de l'usine à proximité.
150 camions par jour en période d'ensilage
"Ce projet n'a pas été officiellement présenté à la population", déplore cet autre habitant qui dit avoir eu la désagréable surprise de le découvrir dans la presse. "La circulation intense des camions et des tracteurs pour alimenter l'usine va générer davantage de pollution atmosphérique" s'inquiète-t-il. En période de récolte et d'ensilage du seigle fourrager les riverains pourraient voir passer près de 50 camions chaque jour. "Les camions pourront emprunter notre déviation, ce qui engendrera un minimum de nuisance, ils circuleront sur une très courte période, un mois seulement" rétorque Jean-Louis Sauviat, le maire de Grandvelle lui-même agriculteur qui soutient le projet. La Chambre d'agriculture ne soutient pas la demande de permis de construire. Or, c'est l'Etat qui devra trancher en dernier lieu, en validant ou non le projet.