Une étude de l'association Générations futures, publiée ce mercredi 17 juin, a révélé une inquiétante quantité de résidus de pesticides dans l'eau du robinet en Haute-Saône. Certaines molécules sont des perturbateurs endocriniens, d'autres ont des propriétés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques.
Des résidus de pesticides potentiellement cancérigènes ou des perturbateurs endocriniens. Voilà ce que contiendrait l'eau du robinet que l'on consomme chaque jour, selon une étude de l'association Générations Futures publiée ce mercredi 17 juin.
Cette enquête s'est basée sur plus de 200 000 contrôles sanitaires de l’eau du robinet réalisés par les Agences régionales de santé (ARS). Générations Futures s'est penchée sur le nombre de pesticides présents dans l'eau ayant des propriétés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR) ou perturbatrice endocrinienne (PE).
Une qualité de l'eau inquiétante en Haute-Saône
En 2019, l'Agence régionale de santé en Haute-Saône a réalisé 258 prélèvements sur la qualité de l'eau pour trouver au moins un pesticide. En tout, 333 résidus de pesticides ont été trouvés. Parmi ces résidus, 103 ont des propriétés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR). Et, 213 s'avèrent être des perturbateurs endocriniens.
Un dernier chiffre révèle l'inquiétante situation de la qualité de l'eau en Haute-Saône : 123 métabolites (un composé organique intermédiaire ou issu d'un métabolisme) prélevés lors de ces tests ne sont plus autorisés en France ou en Union européenne en 2019.
Nouvelle enquête de Générations Futures: 56.8% des quantifications de résidus de pesticides retrouvés dans l'eau du robinet en France sont des perturbateurs endocriniens! Pour en savoir plus lire notre rapport: https://t.co/YMfeaUBE1K pic.twitter.com/kbrfcJPuvJ
— Générations Futures (@genefutures) June 17, 2020
Des bons points pour les autres départements franc-comtois
En Franche-Comté, le Territoire de Belfort semble être le bon élève. Au cours des tests réalisés par l'ARS, seuls 14 résidus de pesticides ont été trouvés.
Ce chiffre est toutefois à prendre avec de larges pincettes : seuls 28 prélèvements ont été réalisés afin de trouver des traces de pesticides, quand, dans le même temps, le département de la Haute-Saône en a effectués 258.
Ce travail nous a permis de constater de grandes disparités sur la façon dont les analyses sont conduites d’un département à l’autre. (...) Cette différence de traitement entre les départements nous parait inacceptable car moins on recherche de pesticides moins, on en trouve bien évidemment.
Certaines molécules interdites depuis 2002
Sur 8 835 analyses, Générations Futures a noté que ces résidus de pesticides retrouvés dans l'eau du robinet sont majoritairement, à 56,8 %, des perturbateurs endocriniens suspectés. Les résidus CMR sont aussi très présents (38,5 %).
Parmi les dix molécules les plus souvent quantifiées par l'étude figurent sept herbicides ou fongicides interdits depuis plusieurs années :
- le Métolachlore, herbicide interdit depuis 2003
- le Simazine et l'Atrazine, herbicides non approuvés au sein de l'Union européenne depuis 2004
- l'Oxadixyl, fongicide interdit depuis 2002
- le Dichlobénil, herbicide non approuvé depuis 2008
- l'Alachlore, herbicide non approuvé au sein de l'UE depuis 2006
- l'Anthraquinone, un pesticide type répulsif non approuvé au sein de l'Union européenne depuis 2008
"Etant donné le potentiel d’action à faible dose sur le long terme des perturbateurs endocriniens, Générations Futures considère ces données comme inquiétantes", conclut l'étude qui interpelle le gouvernement et l'implore à s'impliquer davantage dans une agriculture qui ne dépend plus des pesticides de synthèse.