À chaque printemps, quand la nature se réveille, les bourgeons font le bonheur de la faune sauvage et particulièrement des chevreuils. En Haute-Saône, ce fut le cas ces derniers jours d'avril.
Trois chevreuils ivres. À Angirey en Haute-Saône, le trio a été plusieurs fois observé sur la route communale, rapporte l’Est Républicain (article payant) ce vendredi 29 avril. Ces animaux déambulaient de façon désorientée. Un phénomène de saison bien connu à la campagne. Dans cette petite commune de Haute-Saône, il faut dire que la faune est bien présente. “Des chevreuils, on a l’habitude d’en voir, on a beaucoup de gibier, de sangliers aussi dans les bois. Les chevreuils ivres, à cette époque, ce n’est pas un phénomène extraordinaire” relativise Chantal Faradon, maire de cette petite commune de 150 habitants, pas habituée à faire parler d’elle dans les journaux !
Dans d’autres régions de France, l’ivresse des chamois est relatée dans les rubriques faits divers. À Vernon dans l’Eure, vendredi 15 avril, un chevreuil s'est retrouvé sur le parking du CHU. Ce dernier aurait traversé la Seine à la nage avant de se retrouver dans le centre-ville. L’animal a été pris en charge par la police municipale.
Près de Reims, un photographe animalier, a lui croisé la route de deux chevreuils quelque peu éméchés dans la petite commune d’Arcy-le-Poinsart. “Ils étaient complètement paniqués et perdus. Ils essayaient de traverser un grillage en donnant des grands coups de tête dedans” relate ce dernier.
Le bourgeon, ce cadeau de la nature si sucré...
À consommer avec modération, dit la pub ! Mieux que la réserve d’un bar, les bourgeons du printemps ont des effets sur les animaux qui en consomment trop. “Tous les bourgeons sont riches en sucres et en sucs. C’est un concentré des sucres de l'arbre. C’est une nourriture à haut pouvoir de fermentation, et quand on en mange en quantité, cela provoque une ivresse passagère” explique Gilles Moyne, directeur du centre Athénas dans le Jura, spécialisé dans le sauvetage de la faune sauvage. “C’est le processus de fermentation dans la panse, elle se produit chez les ruminants” rappelle-t-il. Et tous les jeunes bourgeons, pas seulement les bourgeons de sapin peuvent rendre ivre un chevreuil ou une chevrette !
Un chevreuil qui présente ces "symptômes" d’ivresse, “on peut le voir en plein jour courir de façon désordonnée, ils sont désorientés et peuvent être un peu euphoriques !", précise Gilles Moyne.
Ne pas intervenir, si vous trouvez un chevreuil au comportement inhabituel au printemps
Le centre de soins aux animaux sauvages Athénas près de Lons-Le-Saunier dans le Jura, reçoit chaque printemps des appels pour des chevreuils ivres. Des gens se retrouvent parfois avec un chevreuil un peu “pompette” dans leur jardin. “Il faut les laisser tranquilles, ne pas les stresser, ne pas intervenir” dit-il. “Un chevreuil est toujours à côté d’un milieu qu’il connaît bien, il y retournera. On dissuade les gens de vouloir attraper l’animal, un chevreuil avec ses bois et ses sabots peut blesser l’homme” alerte Gilles Moyne. Si l’animal n’est pas en danger, si des humains ne sont pas en danger, il faut laisser faire la nature.
Au printemps 2016, les gendarmes du Jura avaient dû appeler de l’aide. Ils avaient reçu la visite dans leur caserne de Lons-le-Saunier, d’un chevreuil ivre, qui avait apprécié le lieu. Il avait fallu l'intervention des agents de l'office national de la chasse et de la faune sauvage pour capturer l'animal. Le cervidé avait abusé des bourgeons, selon les gendarmes.
La fondation 30 millions d’amis appelle à la prudence des automobilistes et des passants qui pourraient croiser des animaux désorientés
Car ces animaux ivres, s’ils prêtent à sourire, peuvent provoquer des accidents de la route.
La fondation rappelle également que la perte des repères naturels n’est pas due uniquement à l’ingestion de végétaux euphorisants : en cette saison, les jeunes chevreuils quittent leur mère pour partir à la conquête d’un territoire. Certains cervidés se retrouvent loin de leur habitat, parfois aux abords d’habitations, dans les villes.
Ivres, les chamois et d’autres animaux peuvent l’être aussi !
En Franche-Comté, où le chamois est de plus en plus visible, en montagne, mais aussi dans la verte plaine, la saison du printemps donne lieu à quelques scènes cocasses. Cet amateur a filmé cette scène, il y a quelques années. Des chamois en pleine forme sans doute après une consommation de bourgeons non maîtrisée.
Sur le massif du Jura, le chamois est particulièrement attiré par les verts, tendres et sucrés bourgeons de sapin dont l’homme fait également d’excellentes liqueurs. Pas folle la bête !
Vous avez la tête qui tourne après trois coupes de champagne ? Normal, vous êtes un mammifère et donc plus ou moins sensible à l’alcool.
Chez les mammifères, tous peuvent être ivres, comme les singes, écureuils… après avoir consommé des fruits fermentés par exemple. Ivres, les oiseaux peuvent l’être aussi lorsqu’ils se gavent de trop de baies. “D’où l’expression : "saoul comme une grive !”. Et bientôt celle peut-être, d’“ivre comme un chevreuil au printemps” ?!