"De puissantes hallucinations", le datura, cette plante hautement toxique dont il faut se méfier

Présent sur tout le territoire français, le datura est une plante toxique responsable de nombreux accidents. Consommée pour ses vertus hallucinogènes, elle pourrait être impliquée dans la mort d'un jeune homme, retrouvé noyé en Haute-Saône.

Il présente de grandes feuilles hérissées de pointes et des fleurs blanches ou violettes en forme de trompe. Le datura, de son nom complet datura stramonium, est une plante commune, que l’on trouve comme ornement public, sur les bords de route, de rivière ou dans les friches, mais aussi les jardins potagers. De la famille des solanacées, elle porte aussi le surnom d’herbe du diable. C’est une espèce hautement toxique pour l’être humain, potentiellement mortelle si elle est ingérée.

Le datura, consommé en infusion par un homme retrouvé noyé ?

Le datura pourrait-il être en partie responsable d’une noyade survenue au lac de Vaivre-et-Montoille en Haute-Saône dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 août ? Un groupe d’amis passait alors la soirée au bord de la plage avant qu’une des personnes, un homme de 36 ans, ne disparaisse vers 02h00.

Le jeune homme avait été retrouvé inanimé dans l’eau, le samedi 26 août. Sa compagne avait alors confié à nos confrères de La Presse de Vesoul que le groupe d’amis avait consommé de l’alcool, mais aussi du datura, sous forme d’infusion.

Un des amis proches de la victime, qui n'était pas présent à cette soirée, mais en connaît le déroulement, confirme que la plante a bien été bue en infusion. « Tout le groupe en a pris. Il a dû avoir des hallucinations et rester trop longtemps dans l'eau. »

« C’est assez violent, déplore l'ami du jeune homme décédé. C’est un peu comme des psilo (psilocybes, champignons hallucinogènes, NDLR). Pour moi, il n'en avait jamais pris. » Toujours selon ce proche, le groupe avait aussi consommé de l'alcool, et évoque un « mélange » potentiellement dangereux, en précisant que son ami d'enfance avait perdu plusieurs de ses affaires lors de la soirée. 

Selon le Parquet de Haute-Saône, l’autopsie menée sur le corps du jeune homme « a bien confirmé une asphyxie », ce qui conduit les enquêteurs à estimer que le décès « pourrait s’apparenter une noyade. » En revanche, les analyses toxicologiques demandées n’ayant pas encore abouti, le Parquet n’a pas ajouté de commentaire concernant le danger éventuel de cette plante et l’hypothèse de son implication dans le décès du jeune homme. Ces analyses pourraient encore nécessiter plusieurs semaines.

Le centre antipoison alerte sur la toxicité du datura

Le datura est-il une plante fréquemment consommée pour ses effets hallucinogènes ?

 « Ça existe, mais ce n’est pas extrêmement fréquent, nous répond Christine Tournoud, praticien hospitalier au centre antipoison du CHRU de Nancy. Sa consommation dans un sens récréatif n’est pas nouvelle non plus ». Pas plus que les champignons ou d'autres plantes utilisées de tout temps pour leurs effets psychotropes, selon le docteur Tournoud. « Ça peut favoriser un accident », confirme-t-elle.

Selon l’Inrae, il contient trois alcaloïdes – molécules dotées d’une puissante action toxique ou thérapeutique – responsables, une fois ingérées, de malaises qui peuvent entraîner la mort. 

« Ça dépend de la substance active, modère le docteur Tournoud, qui nous décrit les symptômes : « cœur qui palpite, nausées, des vomissements, sensation de sécheresse de bouche. Et des effets non recherchés comme « un coma ou une convulsion »

Ça peut aller des nausées à la réanimation

Christine Tournoud, praticien hospitalier au centre antipoison du CHRU de Nancy

Selon drogues info services, de puissantes hallucinations peuvent survenir dès une heure après la consommation de datura. La plante peut, entre autres effets, induire une perte de repères spatio temporels et une insensibilité à la douleur, « exposant à des accidents graves ». Toujours selon ce site, si elle était autrefois utilisée pour des préparations pharmaceutiques, elle est aujourd'hui interdite pour toute utilisation médicale. 

Plusieurs cas graves d'intoxication en 2020

Au centre antipoison de Nancy, cette plante ne fait pas parler d'elle tous les jours. Mais elle suscite des interrogations de la part de personnes qui en trouvent dans leur jardin. « On a des appels de gens qui se demandent ce que c’est. On voit que ça pousse comme du chiendent, constate le docteur Tournoud. Elle se porte bien et peut atteindre 2 mètres de hauteur. »

Potentiellement présente partout, car utilisée comme plante d'ornement pour ses élégantes clochettes florales, elle se propage aux cultures agricoles, qu'elle contamine. En 2020, plusieurs cas d'ingestion involontaire avaient d'ailleurs été observés dans l'Est de la France, par confusion avec des épinards, évoque la médecin du centre antipoison. « Si vous l'ingérez, il faut appeler un centre antipoison, éventuellement le SAMU surtout s’il s’agit de plusieurs personnes. »

Pour toute consommation récréative, Christine Tournoud prévient : « Le dosage n'est pas évident. Comme les autres consommations récréatives, quand les effets atteints ne sont plus désirables, c’est consultation aux urgences » et surveillance des symptômes neurologiques et cardiovasculaires. 

Contact des centres antipoison :

https://centres-antipoison.net/

Nancy : 03 83 22 50 50

Paris : 01 40 05 48 48

Lyon : 04 72 11 69 11