Au lycée Sainte-Marie de Gray en Haute-Saône, les élèves de CAP service à la personne ont récolté des dons pour l’Ukraine. Une guerre qui les mobilise, les touche, les questionne. Les cours d’Histoire tentent de répondre à l’inquiétude de ces 15-18 ans.
Le drame que vit l'Ukraine suscite un élan général de solidarité. Les élèves de ce lycée privé de Haute-Saône ont mobilisé toute leur énergie pour récolter des dons en nature ou financier. Dans la bonne humeur, ces jeunes garçons et filles mettent en cartons vêtements, alimentation, produits d’hygiène, couches pour bébés…Une mobilisation qui leur permet aussi de composer avec un sentiment d'impuissance voire d'anxiété vis-à-vis de cette guerre qui se déroule aux portes de l'Europe. Car ces jeunes, quand on les questionne, suivent cette guerre au quotidien.
“Cette guerre, c’est vraiment très grave, les civils ont très peur, les hommes en Ukraine n’ont rien demandé. C’est vraiment triste. Ça me fait vraiment peur, j’en rêve. Je fais des cauchemars” confie un jeune lycéen.
“Ce qui se passe, on a très peur que ça revienne. Et les enfants, cela fait mal de voir ce qu’ils vivent à la télé” explique une jeune lycéenne émue aux larmes.
Eco-anxiété, covid, Ukraine : un lourd présent pour cette jeune génération
Dans ce lycée, comme dans beaucoup d’autres en France, les enseignants tentent d’expliquer, de rassurer ces jeunes. À Gray, ce professeur d’histoire a mis le programme de l'année en pause pour prendre le temps d’échanger avec ses élèves. Expliquer cette guerre, ses ressorts, ses protagonistes, les dessous des cartes, le passé… Bref, comprendre ce conflit qui va entrer dans les livres d’histoire. “Avec le cours du professeur, on comprend mieux ce qui se passe” assure un élève.
"Je suis professeur d’histoire, mais pas futurologue"
Philippe Michel, professeur d'histoire, géographie, entoure ses élèves du mieux qu'il peut. L’Ukraine, certains n’en connaissait que le nom, un vague territoire sur une carte. Ces jeunes Français se retrouvent face à un conflit armé en direct devant leurs télévisions, leurs smartphones. Tous aimeraient savoir ce qu’il va se passer demain. Si ce conflit peut prendre fin rapidement ou s’étendre à l’Europe ? “Je suis professeur d’histoire, mais pas futurologue. C’est une belle preuve d’humilité. Les jeunes ne veulent pas être rassurés, mais ils cherchent à comprendre. On se sert de la guerre comme on pouvait se servir des attentats pour mieux comprendre ce qui se joue devant nous, et pour les aider à mieux affronter l’avenir qui s’ouvre à eux” explique l’enseignant.
“En début d’année, on parlait d’éco-anxiété qui était très prégnante pour tous ces élèves, là s'ajoute encore cette guerre qui est plus proche qu’on ne peut le penser. Oui, c’est une génération qui vit des choses pas forcément ordinaires, mais ils restent droits. Ils veulent avoir une place dans cette société qui ne leur laisse pas forcément des choix les plus sereins” analyse Philippe Michel.
L’enseignant perçoit l’inquiétude des élèves, mais aussi leurs forces. “Échanger autant avec les élèves permet de comprendre qu’ils ont conscience de vivre dans une communauté de destins, qui fait très plaisir à voir dans ce drame que vivent les Ukrainiens” estime l’enseignant.
L’espoir pour boussole
Si la France avait été attaquée, des pays seraient venus à notre secours. Alors ces jeunes estiment qu’il est de leur devoir d’aider l’Ukraine. Et la suite ? “J’ai envie de voir l’espoir, c’est toujours important. On ne va pas sombrer. On a eu la pandémie, il y a une guerre maintenant. Peut-être que plus tard, il y aura une guerre en France. Autant vivre au jour le jour et espérer” confie un lycéen conscient que la guerre, est un mot qui se conjugue encore au présent. Même dans une Europe et un monde moderne.