"Je n’étais pas malade, j’oubliais la maladie" : comment le sport a permis à Angélique De Abreu, atteinte d'un cancer du sein, de s'en sortir

Adhérente de l'association la Grayloise en Haute-Saône, la jeune femme a repéré elle-même son cancer, en 2019. Après avoir subi l'ablation des deux seins, puis de son utérus et de ses ovaires, elle dit aujourd'hui avoir tenu grâce au sport. Entraîneuse d'une équipe de football dans les Vosges, elle a puisé sur le terrain l'énergie d'affronter les opérations, la fatigue, et d'accepter son corps, bouleversé.

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La mammographie recommandée après 50 ans, Angélique  De Abreu  ne l’a pas attendue, elle a préféré prendre les devants. En août 2019, la jeune femme âgée de 34 ans perçoit une boule sous son sein gauche. Cette auto palpation, elle ne doit rien au hasard. Originaire de Besançon (Doubs), Angélique est membre de la Grayloise, une association  de Haute-Saône  qui organise des manifestations sportives en soutien aux personnes atteintes de cancers. La menace, elle la connaissait. Sensibilisée à ce risque, elle est d’autant plus consciente de ce qui l’attend. Elle a accepté de témoigner de son histoire, en ce 4 février, journée mondiale de lutte contre le cancer.


Cette longueur d’avance sur la maladie, sur le cancer du sein, va peut-être lui permettre de gagner un peu de temps. Pourtant, très vite, le diagnostic tombe. Elle subit l’ablation du sein gauche un mois plus tard. « Forcément ça a été difficile, se souvient-elle. Ça a été suivi de chimiothérapie, de rayonthérapie, le corps fatigue. »

« Elle sortait de chimio, partait sur le stade »

Installée dans les Vosges depuis quelques années, Angélique de Abreu entraîne alors une équipe de football junior à Cheniménil, son village. Elle est coach des jeunes joueurs de catégorie U11. « Je faisais les entraînements une fois par semaine et les matches les samedis ». Une vie rythmée par le lourd traitement, à raison d’une chimiothérapie et d’une séance de rayons par semaine. « Elle sortait de chimio, partait sur le stade entrainer son équipe », témoigne avec admiration Maria Charton, sa tante, présidente de l’association la Grayloise, qui a suivi le combat de sa nièce depuis le début. Combative sur le terrain, persuasive avec ses jeunes, Angélique va devoir l’être encore davantage avec elle-même.

Quand j’étais en chimio, tout ce qui est quotidien j’avais beaucoup de mal. Les trois premières m’ont fait perdre mes cheveux et cils, m’ont fait perdre l’appétit. Le corps est très fatigué, on dort énormément. Et c’est difficile de se lever, on a l’impression d’avoir des courbatures partout. Ce qui a été le plus dur c’est d’accepter de ne plus avoir de seins. C’est surtout l’image de moi-même que j’ai eu du mal à affronter.

Angélique De Abreu

En août 2020, la maladie s’aggrave : « On a appris que c’était un cancer génétique, qui pouvait aller ailleurs. » On lui apprend qu’elle va devoir subir l’ablation du sein droit, mais aussi, par prévention, de son utérus et de ses ovaires. La pandémie sévit, et Angélique l’affronte doublement : « À cause du covid, mon opération a été reprogrammée trois fois. » En octobre 2021, son sein droit lui est retiré.

Ce qui m’a scotchée, c’est que quand elle est sortie de l’hôpital après son ablation, elle était sur le stade. Elle voulait montrer qu’elle était plus forte que cette saloperie-là.

Maria Charton, présidente de l’association la Grayloise

Puis, le 18 janvier 2022, l’hystérectomie et l’ovariectomie sont enfin menées, alors que des cellules précancéreuses avaient atteint le col de l’utérus. « Ça a été plutôt un soulagement qu’on me les enlève. C’est comme si j’avais eu un couteau au-dessus de ma tête qui pouvait tomber. » Maman de 3 enfants, la jeune femme ne craignait pas de perdre toute possibilité d’en avoir, bien au contraire : « J’avais envie de voir mes enfants grandir, et donc je ne voulais pas de nouvelles chimio. »

Dribbler la maladie

Tout juste sortie de l’hôpital en ce début d’année 2022, Angélique De Abreu n’a peut-être pas vaincu sa maladie, il est encore trop tôt pour le dire, confie-t-elle. « Ça fait du bien, on se dit qu’on a encore tourné une page. Normalement c’est fini, j’espère voir le bout assez rapidement. »

 
Le bout du tunnel, Angélique l’a au moins atteint sur le tableau sportif. En septembre 2021, malgré toutes les difficultés quotidiennes que lui font subir le cancer, l’entraîneuse réalise un petit rêve, monter sa propre équipe, l’équipe féminine senior de Cheniménil. « Ce qui m’a permis de tenir, c’est faire partie du bureau de la Grayloise, c’est ma famille. Mais surtout, ce qui m’a permis de m’évader, c’est le foot, je suis dirigeante d’une équipe féminine dans mon village, je joue aussi, c’est ce qui m’a permis d’en sortir. » Sur le terrain, c’est elle qui dribble la maladie, c’est elle qui marque des points, c’est elle qui met le cancer hors-jeu : « Pour moi, j’étais pas malade, j’oubliais la maladie. » 


Au diapason du cancer, de ses réminiscences et de son long suivi médical, Angélique De Abreu vit avec le football, son échappatoire. « Il y a entraînement deux fois par semaine, samedi match et dimanche, buvette, donc je suis toujours au foot le week-end », sourit-elle. Son équipe suit évidemment de près toutes ses épreuves, notamment les opérations. « Je n’ai pas caché dès le départ, elles le savaient. Quand je partais à l’hôpital, c’était des messages de soutien, d’encouragement. Ça fait du bien de les sentir derrière moi comme je suis derrière elles sur le terrain. »


« C’est une belle leçon de courage, de vie, s’ébahit Maria Charton. Jamais je ne l’ai vue triste, déprimée, elle allait de l’avant, comme si le cancer n’existait pas. C’était bluffant. C’est comme si elle était dans le déni mais en fait pas du tout. »

Tolérer le cancer, à ses côtés

Angélique De Abreu regarde aujourd’hui l’avenir avec espoir, et son cancer, avec une forme de fatalité. « Maintenant il fait partie de ma vie. Je vais pas dire que c’est un copain, mais c’est quelque chose qui fait partie de moi, je dois le tolérer. »  À tous ceux qui traversent le cancer, la jeune femme souhaite porter ce message : « il faut rester positif, jamais se décourager, avancer, écouter son corps, jamais abandonner, même si des fois c’est dur, je le reconnais. » 


À la suite d'une formation, Angélique De Abreu a ouvert son auto-entreprise en décembre 2021, elle s’est installée à domicile en tant que prothésiste ongulaire. Après avoir longuement pris soin d’elle, l’occasion, enfin, de prendre soin des autres ?

En soutien à toutes les personnes atteintes de cancer, Angélique sera, en tout état de cause et comme chaque année, sur la ligne de départ de la course de la Grayloise, le 13 mars 2022. 

Cette histoire, son histoire, Angélique de Abreu en témoigne dans un podcast, en lien ci-dessus.

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