Neuf mois après le début de la guerre en Ukraine, 905 réfugiés sont accueillies dans le Doubs. En Haute-Saône, 200 Ukrainiens sont hébergés en ville ou à la campagne. Certains repartent, d’autres arrivent, « la liste d’attente pour un logement s’allonge de jour en jour » constate Soliha A.I.S, agence immobilière à vocation sociale et solidaire dans le Doubs.
C’est un havre de paix à deux pas de Besançon. Le foyer de la Roche d’Or héberge habituellement des chrétiens venus participer à des retraites spirituelles. La communauté de la Roche d’Or avait mis à disposition ses logements pour accueillir temporairement des Ukrainiens qui fuyaient les combats. Depuis environ un mois, cet accueil a dû prendre fin.
Reste un autre hébergement collectif dans le Doubs : l’hôtel « Le relais vert » à Montbéliard qui accueille 66 familles soit 128 personnes. « On est complet » précise l’hôtelier que nous avons pu joindre au téléphone. Cet accueuil collectif est un accueil temporaire avant que les personnes puissent loger dans des appartements.
Trouver des logements devient compliqué
En Haute-Saône comme dans le Doubs, les acteurs sociaux chargés de l’accueil des réfugiés alertent les préfectures. Contrairement au Doubs, la Haute-Saône ne dispose pas d’hébergement collectif. « Je ne trouve plus de logement à Vesoul, constate Nathalie Serra, directrice générale adjointe de l’association AHSSEA, Association Haute-Saônoise de Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte. « Cela devient compliqué de trouver des logements et aussi les financements pour les meubler » précise la directrice adjointe. En fin d’année, les financements accordés par la Croix-Rouge pour meubler les appartements sont quasi épuisés. « Il me reste environ 2000 euros pour acheter des matelas ou de l’électroménager et je ne sais pas si les financements seront renouvelés en 2023. ».
Dans le département de Haute-Saône, 90 % des quelques 80 familles hébergées sont dans des logements autonomes. Malgré l’obstacle de la langue, certains Ukrainiens parviennent à trouver du travail.
Toujours dans ce département, des particuliers ou des municipalités mettent des logements à disposition des Ukrainiens. L’AHSSEA indemnise les Haut-Saônois qui prêtent un logement pour participer aux charges.
Dans le Doubs, 327 personnes occupent des appartements du parc HLM qui étaient inoccupés. Il existe aussi d'autres propositions de logement : 99 personnes sont hébergés par des collectivités et 308 Ukrainiens sont chez des particuliers ou dans des appartements prêtés par des Francs-comtois. Reste une quarantaine de réfugiés logés dans des appartements détenus par des opérateurs sociaux.
Des solutions existent
Pour développer l’offre de logement, une solution existe : le contrat d’intermédiation locative. Des bailleurs privés et sociaux peuvent ainsi louer leur bien à une association qui ensuite la sous-loue à des familles de réfugiés. Une garantie financière qui peut inciter des bailleurs à louer plus facilement.
Cette solution est aussi en train de se mettre en place dans le Doubs. « On est en recherche active de logement » précise Loriane Huguet, chargée de captation à l’agence immobilière sociale et solidaire Soliha dans le Doubs.
Même solution chez le bailleur social Habitat 25. « En pratique, les réfugiés d’Ukraine ne louent pas directement un logement à Habitat 25 mais à l’ADDSEA ou l’HSFC (Hygiène Sociale de Franche Comté) en charge de les accueillir et de les accompagner (ameublement des logements, accompagnement dans les démarches, soutien,…) » précise Lucie Louvet, responsable communication de Habitat 25.
Cela va être compliqué mais on va trouver des solutions.
Nathalie Serra, directrice adjointe de l’AHSSEA
"Desserrer" les autres régions
Cette difficulté à trouver des logements peut s’expliquer par la nécessité d’héberger des familles qui ont d’abord été accueillies dans d’autres régions françaises. Beaucoup d’Ukrainiens sont arrivés en région PACA (Provence Alpes Côte d’Azur) mais les possibilités d’accueil sont saturées d’où des opérations de « desserrements » , un mot un peu administratif mais qui a la mérite d’être clair.
En Haute-Saône, 18 familles étaient venues, en juillet, d’autres régions puis 25 en août et enfin 28 en octobre.
Dans le Doubs, même constat. Habitat 25 qui loue actuellement 41 logements dans le Grand Besançon, le Pays de Montbéliard et Pontarlier remarque que «dans un premier temps, il s’agissait de familles venant directement d’Ukraine, et depuis quelques mois, il s’agit principalement de familles qui ont d’abord résidé dans une autre région de France ».
En Ukraine, l’hiver s’est installé et le conflit n’a pas faibli. Tous les acteurs sociaux restent mobilisés pour accueillir les réfugiés de cette guerre aux portes de la communauté européenne.