Haute-Saône : voleurs de carburants, ils se font arrêter grâce à l'action conjointe des agriculteurs et gendarmes et l'application "Alerte 70"

L'application "Alerte 70" veut renforcer les liens entre la gendarmerie et les agriculteurs pour améliorer la sécurité des paysans et aussi celle de la population. La démarche a déjà porté ses fruits dans le département de la Haute-Saône : un voleur de carburants est en prison.

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Elle a été officiellement lancée en janvier 2022 en Haute-Saône, unique département pilote pour toute la France, « Alerte 70 » est une collaboration entre les gendarmes et les agriculteurs.

L’idée est née au moment de la crise des équidés, quand des chevaux étaient retrouvés mutilés et tués aux quatre coins du pays. La gendarmerie a pu compter alors sur le réseau des agriculteurs même si de nombreuses affaires n’ont pas été élucidées.

En début d’année, la chambre d'agriculture et la gendarmerie de Haute-Saône ont signé une convention dans laquelle ils réaffirment leur coopération.

Des vols de carburants et de matériels agricoles en forte hausse

Le nombre des vols, des « atteintes aux biens » comme disent les gendarmes, est stable dans le département de la Haute-Saône, au contraire de l’hexagone qui voit ces chiffres en forte augmentation.

En revanche, dans ce département de Franche-Comté, les vols de carburants et de petits matériels sont en forte hausse dans les fermes.

Le constat d’Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA 70, est clair : « Maintenant, nos fermes sont situées en dehors des villages, donc elles sont isolées et fragilisées. Non seulement on se fait voler du carburant mais, en plus, du petit matériel comme une tronçonneuse, une disqueuse ou un fer à souder… Au total, ça peut faire un billet de 5 000 ou 10 000 €, ça va vite ! »

Le colonel Thierry Crampé, commandant du groupement de gendarmerie de la Haute-Saône, confirme : « Nous assistons à une recrudescence des vols de carburant et de petits matériel. De septembre l’an dernier à ce mois-ci, nous avons comptabilisé 12 faits. Ils n’étaient que 5 la période précédente. En plus, tous les agriculteurs victimes ne font pas forcément la démarche de porter plainte… »

 

Pour Emmanuel Aebischer, il y a effectivement pas de plainte systématique et même, certains paysans ne se rendent pas toujours compte que des indélicats se sont servis dans les réservoirs de leurs tracteurs : « C’est difficile d’évaluer qu’il manque du gasoil dans les 300-400 litres que compte un réservoir ou dans les cuves que nous avons sur les fermes. Les gendarmes nous disent d’enlever les clefs des tracteurs. Oui, c’est vrai. Mais, dans ce cas, les voleurs percent les réservoirs pour se servir et c’est encore pire : il faut réparer et payer les réparations. »

Une bande de voleurs arrêtée grâce à l'action des agriculteurs

Le colonel Thierry Crampé se félicite d’une meilleure coopération entre ses services et les agriculteurs : «  Le système « Alerte 70 » est une application, téléchargée sur internet si vous êtes agriculteur. Pour nous, cela nous permet d’être plus proche et plus efficace pour la sécurité des agriculteurs et de toute la population. »

C’est le maillage du milieu rural qui intéresse les forces de l’ordre. Alors, les paysans deviennent-ils des indicateurs ? « Non, pas indicateurs. Juste des relais » insiste Emmanuel Aebischer qui poursuit : » Nous voulons sécuriser nos fermes et être acteurs de la sécurité. D’ailleurs, c’est grâce à nous si une équipe de voleurs a été arrêtée il y a quelques jours sur le secteur de Rioz. Concernant des vols de carburants et de petits matériels dans les fermes, un gars avait été repéré par des paysans. J’ai vite appelé le colonel. Je ne veux pas qu’on se fasse justice nous-mêmes. J’avais peur que les paysans fassent une connerie ! »

Le colonel Crampé confirme l’arrestation d’une bande de trois jeunes, âgées de 18 à 22 ans, dont l’un est déjà incarcéré.

Pour le syndicaliste agricole, cette collaboration avec les gendarmes est très positive. Le colonel Crampé est venu rendre compte de l’action de ses services lors du dernier conseil d’administration de la FDSEA 70, une intervention qui réjouit Emmanuel Aebischer : « Cela fait plaisir d’avoir un retour. On est content que la gendarmerie nous écoute et agisse.»

 

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