En Haute-Saône, cette pauvre cigogne blanche avait été repérée par un agriculteur le 12 juin. Au bout de son bec, une canette en métal de la grande firme américaine. C’est une classe, en sortie scolaire, qui l’a finalement identifiée en Saône-et-Loire. Le centre Athénas l'a prise en charge, son état est critique.
(Mise à jour du 22 juin: le centre Athénas a annoncé ce jeudi matin que la cigogne n'a pas survécu)
"Elle est très affaiblie." Ce mercredi 21 juin, Gilles Moyne, directeur du centre de sauvegarde de la faune sauvage Athénas, préfère ne pas s'avancer sur le futur de la cigogne qu'il a accueilli la veille dans son centre. Le sort de cette cigogne, filmée en Haute-Saône le 12 juin avec une canette de coca-cola qui lui bloquait le bec, avait ému sur les réseaux sociaux. L'oiseau était activement recherché depuis. C'est une classe élémentaire qui l'a repérée lors d'une sortie scolaire, le mardi 20 juin.
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Soins intensifs nécessaires
"Elle est très amaigrie, elle a perdu environ la moitié de son poids, ce qui nous fait penser qu'elle a passé au moins 15 jours sans s'alimenter normalement" expose Gilles Moyne à nos journlistes Lucie Thiery et Laurent Brocard. Lorsqu'elle a été filmée en Haute-Saône, la cigogne était donc déjà probablement coincée depuis déjà plusieurs jours.
"Là, elle est dans ce que l'on peut qualifier d'état critique" explique précautionneusement Gilles Moyne. "Ce n'est pas parce qu'elle a été capturée qu'elle est sauvée". Le directeur du centre de sauvegarde réserve son diagnostic. "On pourra considérer qu'elle est sauvée dans deux, trois jours, si tout va bien".
L'animal a désormais besoin de calme, et de soins rapprochés pour pouvoir reconstituer ses réserves. "Elle est encore très faible, même si elle a été alimentée hier soir, elle ne mange pas encore spontanément" ajoute Gilles Moyne.
“C’est la cigogne à la canette de Coca !”
La veille, le mardi 20 juin, les retrouvailles de l'oiseau ont provoqué une vague de soulagements, en particulier auprès des bénévoles de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO) en Bourgogne-Franche-Comté, qui la recherchaient activement. "C'est une très, très bonne nouvelle !" avait déclaré son président, Bernard Marchiset.
Des enfants de grande section et de CP de l’école de Mancey (Saône-et-Loire) peuvent être fiers d’avoir eu l’oeil. En sortie de fin d’année en bateau sur La Seille, ils ont aperçu deux cigognes. Une assistante de vie scolaire a tout de suite fait le rapprochement. “C’est la cigogne à la canette de Coca !”. Lucile, mère d’une élève raconte : “Les enfants étaient attristés, ils disaient, oh la pauvre. On a contacté la LPO, on a pris des photos. Depuis le bateau, on ne pouvait rien faire”. Les pompiers sont intervenus pour capturer l’animal, et surtout la libérer immédiatement de la canette qui la bloquait. “On voyait qu’elle était affaiblie” témoigne cette maman.
La distance parcourue par l'oiseau, qui ne pouvait pas s'alimenter ou boire, est remarquable. Entre Faverney, en Haute-Saône, où elle avait été aperçue en dernier, ce vendredi 16 juin, et La Truchère, où elle a été retrouvée, il y a plus de 150 kilomètres à vol d'oiseau. "On pouvait la chercher ici... J'ai prospecté cet après-midi, mais je n'aurais jamais pensé qu'elle aille aussi loin".
Pour autant, il est certain qu'il s'agit bien de la cigogne vue en Haute-Saône la semaine dernière. La canette est la même, et cette distance reste crédible : "Le métier d'une cigogne, c'est de voler" résume Gilles Moyne. "L'essentiel de ses muscles est destiné au vol et elle a tenté d'échapper à plusieurs tentatives de capture. Comment a-t-elle survécu ?, s'interroge-t-il, Comme un gréviste de la faim qui peut survivre 40 jours sans nourriture".
La cigogne à la canette rouge a fait le tour des médias
“ J'ai vu qu'elle avait une canette, je me suis dit 'là, c'est incroyable, c'est le ponpon' !" C’est un ouvrier agricole, Paul Bubba, qui avait découvert, et filmé, en premier, la pauvre cigogne. À Charmoille, en Haute-Saône, le lundi 12 juin, il allait faucher les foins lorsqu’il l’a aperçue. “Quand on commence à faucher, généralement, les cigognes, elles arrivent, elles aiment bien manger les vers" avait-il expliqué à nos journalistes Frédéric Buridant et Antoine Laroche. Choqué par cette découverte, il avait décidé de la filmer et de partager son outrage sur les réseaux sociaux.
Le sort de cette cigogne piégée par un déchet avait ému les défenseurs des animaux. Relayée sur les réseaux sociaux sur le compte de l’influenceur haut-saônois Flooz Flooz la Fripouille, l’histoire de la cigogne a rapidement fait le tour des médias nationaux.
Le journaliste Hugo Clément et son média Vakita, mais également Matthieu Orphelin, (directeur général de la LPO) se sont émus du sort de cet oiseau, et ont interpellé la marque Coca-Cola. Réponse de cette dernière par communiqué transmis aux médias : "C'est avec tristesse que nous avons pris connaissance aujourd’hui de la situation de la cigogne vue en Haute-Saône. Cela rappelle fortement combien les déchets sauvages peuvent nuire à l'environnement. Nous souhaitons ne jamais voir nos emballages finir là où ils ne devraient pas. Pour ce cas particulier, mais aussi pour collaborer sur le long terme, nous avons pris contact avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).” La firme se dit favorable à l’instauration de consignes à l’avenir pour les canettes comme pour les bouteilles.
Une internaute sur Facebook fait remarquer que les canettes n’arrivent pas toutes seules dans la nature. La mésaventure de cette cigogne blanche est due à un objet qui avait sa place dans une poubelle, certainement pas dans un champ. "On peut toujours montrer du doigt Coca-cola, ou MacDo, mais en fait, c'est le comportement des consommateurs qui est en cause" estime Gilles Moyne. "C'est la façon dont ils jettent avec désinvolture leurs petits déchets dans la nature qui est la cause de tous ces dommages".
Chaque jour, le centre Athénas reçoit une cinquantaine d'oiseaux en pension, bien souvent, blessés du fait de l'activité humaine.
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