"Les ouvriers ne sont pas des mendiants" : en colère, les salariés de CF2P en Haute-Saône sont en grève illimitée

Les salariés de l'usine de panneaux de bois CF2P de Lure (Haute-Saône) sont depuis mercredi 13 mars en grève illimitée. Du jamais-vu depuis 20 ans selon les syndicats. Ils réclament une augmentation de leurs salaires, dans un contexte social tendu.

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Ils se préparent à faire durer leur mobilisation. À Lure en Haute-Saône, les salariés de l'usine de panneaux de bois CF2P, ont reconduit mercredi soir et jeudi matin leur grève. "On a demandé aux gars, ils veulent continuer si rien ne bouge" précise Nathalie Grandjean, déléguée syndicale CFE-CGC. "Ça fait plus de 20 ans qu'on n'a pas eu de grève comme ça". 

Dans cette ancienne usine Ikea, rachetée début 2019 par le groupe Parisot, devenu P3G Participations, puis Alpagroupe, les ouvriers demandent la fin de l'austérité salariale instaurée à la suite des rachats. "On a fait pas mal d'efforts" rapport Joël PIedbois, représentant du personnel CFE-CGC. "Plus on en fait, plus ils en veulent" s'agace Nathalie Grandjean. Après trois années de gel des salaires, de 2019 à 2022, les augmentations de 2023 avaient tourné aux alentours de 2% selon les salariés. "Les gens qui travaillent ici, ils aiment leur entreprise, donc faire un effort, c'était normal"  complète Joël Piedbois, "mais à un moment, il faut quand même que la direction donne quelque chose".

Les grévistes demandent 120 euros d'augmentation des salaires bruts de base, pour tous. La direction a arrêté les négociations à 80 euros bruts, et des valorisations individuelles ponctuelles. Si le dialogue est bloqué, c'est aussi parce que l'enjeu dépasse les négociations financières. 

"Les gens ne se sentent plus respectés"

Depuis plusieurs mois, les tensions se multiplient dans l'entreprise. "Les ouvriers, ne sont pas des mendiants" s'insurge Joël Piedbois, "les gens ne se sentent plus respectés" explique Nathalie Grandjean. Elle dénonce un management violent, qui "se dégrade de plus en plus" : pressions, managers qui n'adressent plus la parole à certains salariés, et même propos insultants selon elle. "Ils sont toujours en train de rabaisser, de dire qu'on est bêtes".

Elle rappelle les conditions de travail, du fait de l'organisation de l'usine aux 5/8 : "on n'arrête jamais, les gars font deux matins, deux après-midi, deux nuits, et quatre jours de repos". "C'est très dur, très usant, commente-t-elle, et en plus, ils n'ont pas de respect."

Conséquence : un turn-over qui exploserait. "Les salariés démissionnent dans tous les sens" décrit la déléguée syndicale, "on a encore cinq départs ce mois-ci". Un mauvais signal social. "On perd notre savoir-faire, on perd des gens qui ont 15 ans d'ancienneté". Et une source d'angoisses : "On voit bien que quelque chose se trame". "Ça fait 19 ans que je suis là, on s'inquiète pour l'avenir".

Autre source de colère : la place du site de Lure au sein d'Alpagroupe, et les tarifs de vente des produits entre les différentes entités du groupe. Les grévistes estiment que les choix de la direction léseraient leur usine. 

Contactée par France 3 Franche-Comté, la direction de CF2P indique que l'augmentation proposée représente une hausse moyenne de 4,23%, alors même que l'entreprise est déficitaire, notamment en raison des coûts de l'énergie. CF2P investit par ailleurs près de 8 millions d'euros pour remplacer deux séchoirs à copeaux.

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