Suite au dernier épisode de la colère des agriculteurs, certaines communes de Haute-Saône sont toujours sans panneaux d'entrée. Quelques jours plus tard, plusieurs villages ne les ont toujours pas retrouvés et espèrent ne pas devoir régler la note, alors qu'ils ne sont pas responsables de leur disparition. Certains maires ont porté plainte.
Après le dernier épisode de la colère des agriculteurs, certaines communes de Haute-Saône se retrouvent sans panneaux d'entrée, ou avec celui d'un autre village. Certains maires se sont alors décidés à déposer plainte. Une dizaine de jours plus tard, cela a-t-il changé les choses dans les communes de Haute-Saône qui avaient pris cette décision ?
Pour le moment, la situation reste inchangée du côté de Coisevaux. Jean-Michel Lenormand fait partie des maires qui a porté plainte. "Au début, ils avaient retourné le panneau d'entrée, le conseil municipal avait laissé faire, nous n'étions pas contre. Mais après on nous l'a enlevé, ce n'était plus possible", explique-t-il.
"Notre panneau est à l'entrée d'une autre commune à 80 km"
Le village de Coisevaux n'a désormais plus de nom, sur l'une de ses quatre entrées. Mais cela ne posait pourtant pas de problèmes au départ à Jean-Michel Lenormand. "Le souci, c'est que les gens ne respectent plus les limitations de vitesse quand ils entrent dans la commune" argumente-t-il. "C'est un réel danger. Il y a aussi le côté budget, les petites communes, on ne peut pas tous repayer un panneau, ça coûte cher. On n’attaque pas nos petites communes comme ça".
"Le département nous a dit qu'ils seront ramenés à leur commune d'origine. De notre côté, le panneau a été abîmé, donc il faudra peut-être le changer. Il est à 80 km, à l'entrée de Vaux-le-Moncelot. On ne compte pas non plus faire cette route pour aller le chercher, ce serait des coûts en plus" détaille Jean-Michel Lenormand.
Le maire de Bouligney a annoncé sa décision sur les réseaux sociaux
De son côté, Anthony Marie, maire de la commune de Bouligney, avait aussi annoncé vouloir porter plainte. Une déclaration qu'il avait faite sur Facebook et qui avait provoqué diverses réactions.
"Le panneau d’entrée du village, du côté de Saint-Loup-sur-Semousse a été démonté et volé. Cette pancarte, au-delà d’indiquer le nom du village, indique le devoir de rouler à 50 km/h. Désormais, plus aucune obligation n'est présente de devoir lever le pied. Ces voleurs devront répondre de leurs actes en cas d’accident", écrivait-il sur sa page. Tout en appuyant que, mardi 19 novembre 2024, une plainte avait été déposée.
"On ne peut qu'admirer l'attention portée à un panneau alors que le pays entier étouffe sous des crises sociales et économiques", "Une honte votre plainte", "Les Gendarmes ont certainement autre chose à faire que de prendre une plainte pour ça" : certaines personnes ont critiqué son annonce et sa décision ne fait pas forcément l'unanimité. Des internautes appuient même en déclarant qu'en agglomération, "le code de la route prévoit une réduction de la vitesse, panneau ou pas, nul n'est censé ignorer la loi".
Interrogé par France 3 Franche-Comté, le maire de Bouligney a affirmé ne pas comprendre pourquoi les panneaux ont été enlevés. "Pour moi ils auraient dû demander une motion de soutien auprès des maires de Haute-Saône. Je comprends leur énervement et on les soutient, mais toucher à des panneaux qui sont de l'argent public, je ne comprends pas", explique Anthony Marie.
Pénalement si un accident qui se déroule à l'entrée de ma commune, j'en suis responsable.
Anthony MarieMaire de Bouligney
Le premier édile de Bouligney a bien porté plainte et nous partage "l'avoir fait car pénalement si un accident se déroule à l'entrée de ma commune, j'en suis responsable, j'ai besoin de me protéger". Il poursuit, "la chance qu'on a, c'est qu'on connaît les personnes qui ont retiré les panneaux, ils se sont dénoncés à la gendarmerie. Si le panneau revient, je retirerai ma plainte, sinon, ils devront le rembourser", explique le maire de Bouligney.
"On nous demande déjà de nous serrer la ceinture"
Petite commune est souvent égale à petit budget. C'est ce que nous confirme Jean-Michel Lenormand, le maire de Coivesaux, à la suite de la perte de son panneau : "Ça coûte entre 200 et 500 € d'en refaire un. On n’a pas les moyens en 2024 de se mettre plus dans le rouge pour en racheter. On sera obligé si on ne nous le rend pas en bon état, et de le faire entrer dans le budget 2025 alors qu'on nous demande déjà de nous serrer la ceinture pour l'an prochain".
Le département de la Haute-Saône doit s'occuper de rapatrier la totalité des panneaux qui ont été déplacés et les remettre en place dans leur commune d'origine. À voir combien de temps ces petits villages vivront sans leurs pancartes.