Dimanche 17 novembre, les agriculteurs de la FDSEA 70 ont démonté, puis jeté et inversé plusieurs centaines de panneaux de communes. Un vrai jeu de pistes désormais pour les retrouver. Et une action qui aura un coût pour les collectivités locales.
Seveux s’appelle désormais Vesoul. Rioz, c'est Fougerolles ou Igny selon l’endroit par lequel vous arrivez ! Depuis dimanche soir, et le coup de force des agriculteurs devant la préfecture de Vesoul, les habitants de Haute-Saône naviguent à vue, ou avec un bon GPS. Près de 400 panneaux ont déboulonnés, jetés devant les grilles de la préfecture. Certains ont été remontés... au mauvais endroit.
Opposés au Mercosur, ce traité commercial entre les pays d'Amérique du Sud et l'Union européenne qui, négocié depuis 25 ans pourrait être signé dans les prochains jours, les agriculteurs craignent de voir déferler sur le marché français des produits alimentaires, dont la viande, à bas prix et ne respectant pas les normes européennes. Une "concurrence déloyale" selon eux. Ils ont décidé de prendre pour cible les panneaux des communes, en apposant sur certains panneaux : "Amis automobilistes et consommateurs, maintenant, vous êtes comme nous. Perdus comme nous paysans, nous le sommes depuis trop longtemps !"
"Tout, ça, c’est pas bien méchant"
Voir sa commune perdre le nord. Un scénario plus ou moins apprécié par les maires de Haute-Saône. Jean Noly, maire de Seveux (désormais Vesoul) s’en amuse. “Maintenant qu’on s’appelle Vesoul, on va pouvoir demander les dotations d’État de Vesoul, et faire de gros investissements l’année prochaine !”. Tout ça, c’est pas bien méchant". .
Dans la commune, ces artisans apprécient un peu moins. “C’est qu’on sait pas la route où qu’y faut aller” lance cet ouvrier au parler bien comtois. “On n’arrive pas à trouver les chantiers. On est à Seveux, parce qu’on connaît” lance un autre.
"C’est bon enfant, c’est mieux que des dégradations"
Du côté des élus, l’inversion des panneaux passe plus ou moins bien. Dans ce secteur rural, difficile de se mettre à dos les agriculteurs. “C’est bon enfant, c’est mieux que de la dégradation. Un peu comme le mouvement des gilets jaunes, on comprend le mouvement des paysans. On comprend leurs attentes, leurs espoirs. On a tous des parents qui ont été agriculteurs” affirme Jean-Paul Carteret, président de l’association des maires ruraux de Haute-Saône. Il affirme avoir eu l’assurance par les services de l’État que le département prendra à sa charge la remise en état des signalisations situées sur les routes départementales.
À Rioz en Haute-Saône, Madame le maire s’interroge sur l’action des agriculteurs. “Quand les panneaux avaient été inversés, on les avait laissés un bout de temps à l’envers par solidarité avec les agriculteurs. Quand il s’agit de dégrader, c’est plus compliqué, car il y a des frais qui vont incomber aux collectivités, soit aux mairies, soit au département et ce n’est pas vraiment la période car on a tous des difficultés financières” lance Nadine Wantz.
Ce n’était pas forcément opportun de dégrader, certains panneaux seront irrécupérables.
Nadine Wantz, maire de Rioz (le bon Rioz en Haute-Saône).
Selon nos informations, au moins deux communes de Haute-Saône auraient déposé plainte contre l’action des agriculteurs.
Plus le panneau des communes est long, plus il coûtera cher de le remplacer. À Rioz, le maire et son équipe estiment qu’il va falloir attendre encore pour intervenir, car le mouvement des agriculteurs contre le Mercosur n’est pas terminé et d’autres actions pourraient encore venir bouleverser la géographie des communes, et leurs portefeuilles.