Camille Anguenot a été condamnée à 30 années de prison. Elle est accusée d'avoir tué un prétendant, Théo Découchant, en 2021. La jeune femme a été jugée devant la cour d'assises de Vesoul (Haute-Saône) entre le 10 et 13 septembre 2024.
Les jurés ont suivi l'avocat de la famille de Théo Découchant. Alors que l'avocat général avait demandé 25 ans de réclusion criminelle pour Camille Anguenot, l'avocat de la partie civile avait lui réclamé 30 ans de réclusion, "le minimum pour cette famille endeuillée" dit-il.
Ce vendredi 13 septembre 2024, la cour d'assises du tribunal de Vesoul, en Haute-Saône, a condamné Camille Anguenot, jugée pour le meurtre de Théo Découchant a 30 ans de réclusion.
Retour sur ce procès de quatre jours à Vesoul. Le mercredi 11 septembre, la jeune femme de 20 ans a raconté devant la cour ce qui s'est passé la nuit du meurtre de Théo Découchant, 23 ans. Le 29 novembre 2021, elle invite ce jeune homme un peu timide à passer la soirée chez elle dans une petite commune de Haute-Saône, entre Vesoul et Besançon. Ils s'étaient rencontrés en discothèque ce même mois.
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Elle le poignarde au ventre
Ils s'endorment dans le même lit et durant la nuit le garçon l'aurait caressé et elle l'aurait repoussé. Elle se lève, il la suit. Elle saisit un couteau de cuisine et le poignarde au ventre. Elle se rend dans sa chambre pour chercher une cordelette et revient l'achever en l'étranglant avec.
"Ces caresses ne correspondent pas à la personnalité de Théo Découchant", que "personne de son entourage n'imagine agresseur sexuel", Camille Anguenot "n'a pas été agressée ce soir-là et la simple insistance verbale ne justifie pas ce passage à l'acte", selon l'avocat général.
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Après avoir tué Théo, elle prend la voiture et la carte bancaire du jeune homme pour mener sa vie, comme si rien ne s'était passé. Alors même qu'elle n'a pas le permis de conduire, elle rejoint notamment un nouvel amant à Bordeaux, puis un ancien à Dijon.
Pendant les six jours qui suivent. Elle maintient les apparences, envoie des textos rassurants à la famille de Théo et partage son avis de recherche sur les réseaux sociaux. Mais elle fait changer la plaque d'immatriculation du véhicule volé.
Elle affirme qu'elle voulait fuir, mais un accident de voiture met un terme à son escapade et elle rentre finalement chez elle.
Une semaine après le meurtre, alertée par la mère du jeune homme, la police se présente au domicile de la jeune femme et découvre le corps de Théo Découchant emballé dans des sacs-poubelle, fermés par du gros scotch brun, caché dans un placard à balais du séjour.
Six minutes d'agonie
"Un placard à balais : même un animal mérite meilleure sépulture. C'est ça un homme, pour Camille Anguenot: une momie dans des sacs-poubelle", a quant à lui dénoncé l'avocat de la famille de la victime, Christophe Bernard, brandissant les photos du corps empaqueté de Théo devant les jurés.
Théo Découchant était "un jeune homme de son temps", inséré professionnellement, poli et bien éduqué, "il est à l'image des siens, respectueux et sympathique", souligne Me Bernard.
Mais la vie de ce garçon "en quête de sentiments, de relations", note le conseil, est partie en "six minutes, les six minutes que Camille Anguenot a mis pour lui ôter l'air, l'asphyxier et le tuer".
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Une version invérifiable
"La version de Camille Anguenot n'est que la version de Camille Anguenot et elle est invérifiable. C'est celle d'une personne qui avait besoin d'argent et d'une voiture, et qui pensait que Théo Découchant ferait un bon "pigeon"", a estimé l'avocat général, avançant la thèse d'un mobile crapuleux et rejetant l'altération du discernement relevé par un expert.
"Théo Découchant est serviable, il est gentil, mais il ne veut pas qu'on le dupe. A-t-il refusé ? Se sont-ils disputés ? Bien qu'elle se défende d'avoir tué Théo Découchant pour avoir son argent et sa voiture, force est de constater qu'elle va les utiliser dès le lendemain", a-t-il ajouté.
L'avocate de l'accusée, Catherine Bresson, conteste au contraire fermement ce mobile crapuleux. D'après un expert psychiatre, sa cliente, qui n'avait que 18 ans à l'époque, "a agi de manière radicale face à une blessure narcissique", rappelle-t-elle, demandant aux jurés de constater l'altération du discernement de la jeune femme au moment des faits.
"Vous n'êtes pas devant un monstre"
Lors des plaidoiries, l'avocat de la famille de Théo Découchant insiste, lui, sur la préméditation. M°Bernard demande la requalification en assassinat, ce que n'avait pas retenu le juge d'instruction.
"On ne peut pas réduire Camille Anguenot à cette femme séductrice, manipulatrice et perverse. Il faut aller au-delà des apparences", a plaidé Me Bresson, évoquant l'enfance difficile de l'accusée, "une jeune fille qui a vu son père frapper sa mère et tenter de l'étrangler".
Ce vendredi 13 septembre, dernier jour de l'audience, l'avocate de Camile Anguenot prend la parole en dernier comme le veut le déroulement d'un procès. "Vous n'êtes pas devant un monstre. Vous êtes face à une jeune fille de 18 ans seulement au moment des faits qui aimait rire, qui aimait les chevaux mais qui était aussi en insécurité affective depuis trop longtemps". Camille Anguenot, habillée tout en blanc, craque, elle est en pleure. La veille, elle avait précisé qu'elle ne voulait pas sortir de prison, qu'elle avait beaucoup de choses à apprendre. En détention depuis trois ans, elle travaille et envoie de l'argent à la famille de Théo Découchant.
Au civil, la jeune femme est condamnée à payer un "préjudice d'affection". 40 000 euros aux parents de Théo Découchant et 20 000 euros pour son frère et sa soeur.