"Je voulais jouer" reconnait Camille, accusée d'avoir poignardé et étranglé Théo après un rendez-vous amoureux

Ce mercredi 11 septembre, Camille Anguenot, accusée d'avoir poignardé puis étranglé Théo Découchant, 23 ans, a longuement été entendue devant la Cour d'assises de Haute-Saône. Un meurtre sordide sur fond de relations amoureuses, vol et escroquerie.

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Cette deuxième journée du procès de Camille Anguenot, accusée d'avoir tué en novembre 2021 le jeune Théo Découchant, se sera terminée très tard. La jeune fille, qui fêtera dans deux semaines, son 21e anniversaire, a été, pendant toute la soirée du mercredi 11 septembre, entendue devant la Cour d'assises de Haute-Saône. "J'ai déraillé complètement" a-t-elle avoué. 

"Je m'étais créé une vie"

L'accusée a notamment décrit le quotidien qui était le sien au moment des faits. À tout juste 18 ans, Camille Anguenot vivait alors seule dans un petit appartement d'Oiselay-et-Grachaux, petit village de Haute-Saône entre Besançon et Vesoul. Avec 900 euros de revenus sociaux : "pas la fortune, mais pas non plus la misère, je m'en sortais". La Haut-Saônoise possédait deux chevaux. 

La Haut-Saônoise a décrit une sorte de vie parallèle, fabriquée de toutes pièces pour les réseaux sociaux. "Je m'étais créé une vie" a soufflé la jeune fille. "Je voulais faire croire que ma vie était parfaite, mais elle était loin d'être parfaite". "Je n'étais plus dans la réalité" a-t-elle ajouté. La perte de contact avec cette "réalité", c'est la défense que l'accusée et son avocate ont tenté de mettre en avant. 

"Il me faisait penser que j'étais une fille facile" 

Camille Anguenot a ensuite décrit les circonstances de sa rencontre avec Théo, 23 ans à l'époque des faits, jusqu'à la fatidique nuit du 29 au 30 novembre 2021. C'est en discothèque, quelques jours auparavant, le 11 novembre, qu'ils se sont rencontrés. "Je sentais qu'il s'intéressait à moi, je voulais jouer" a-t-elle reconnu. 

Le 29 novembre, c'est sur sa proposition que Théo vient passer la soirée chez elle. "On s'est posés devant la télé, on a mangé une pizza en buvant du rosé" s'est souvenue l'accusée. Selon la jeune fille, Théo serait resté dormir parce qu'il avait bu. Une affirmation en contradiction avec le rapport toxicologique. 

Ce soir-là, il ne devait rien se passer. "Pour moi, c'était clair" a décrit Camille Anguenot. Pourquoi a-t-il dormi dans son lit et pas sur le canapé ? Pas de réponse. Les draps dans lesquels ils ont dormi ont disparu. Toujours selon l'accusée, Théo l'aurait réveillée dans la nuit par des attouchements, et aurait insisté après qu'elle l'a repoussé. 

Il y a eu une incompréhension et ça s'est envenimé, j'ai réagi

Camille Anguenot, accusée du meurtre de Théo Découchant

Camille Anguenot a expliqué qu'après avoir repoussé Théo deux fois, elle se serait levée, et il l'aurait suivi. La situation "s'envenime" selon ses mots. "Je lui mets des coups de poing, il me pousse, je m'accroche à son tee-shirt". C'est alors qu'elle s'empare d'un couteau et le poignarde. "Il me faisait penser que j'étais une fille facile et comme j'ai fort caractère, tout s'est mélangé". 

Après l'avoir poignardé, Camille Anguenot l'aurait étranglé avec une ceinture. "Je n'avais pas dans la tête les limites qui me permettaient de m'arrêter" a-t-elle expliqué. "Mon acte entraîne la mort de Théo, mais l’intention de tuer n’était pas là".

Après avoir tué Théo, elle prend la voiture du jeune homme, ainsi que sa carte bancaire, et part retrouver un nouvel amant à Bordeaux. "J'avais conscience que j'allais finir en prison, c'est pour ça que j'ai fui", s'est-elle justifiée. 

Pendant les six jours qui ont suivi, elle a maintenu les apparences, envoyé des SMS rassurants à la famille de Théo Découchant, partagé son avis de recherche sur les réseaux sociaux, mais aussi fait changer la plaque d'immatriculation du véhicule volé. "C'est la réalité, mais c'est comme si c'était de la fiction, je ne veux pas y croire. Je ne réalise pas la gravité de l'acte que j'ai commis" a affirmé Camille Anguenot.

"La vérité de Camille Anguenot se résume à : rien"

Malgré ces quatre heures d'audition, à l'issue de cette longue journée de procès, l'avocat de la famille de Théo Découchant, maître Christophe Bernard, n'a pas caché la frustration des proches du jeune homme. "La vérité de Camille Anguenot se résume à : rien. Rien, plus un mensonge" s'est-il agacé, au micro d'Emmanuel Rivallain et Jean-Stéphane Maurice. "La famille de Théo, qui souhaitait cette vérité, ne l'aura donc jamais". 

"Je pense qu'elle a donné un éclairage qui est le sien, il sera complété par les experts psy" a défendu l'avocat de Camille Anguenot, maître Catherine Bresson. "Quand elle dit 'je n'ai pas de limite', c'est parce qu'elle ne sait pas s'arrêter, elle ne sait pas qu'elle ne décide pas tout" a déroulé l'avocate. "Pour moi, on n'est pas sur de la manipulation ou du mensonge, mais sur quelqu'un qui essaie de donner des éléments en étant authentique". 

Ce jeudi 12 septembre, le procès en Cour d'assises doit se poursuivre, notamment avec l'audition des deux experts psychiatriques qui ont rencontré l'accusée. Elle encourt 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu vendredi. 

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