Une manifestation contre les projets éoliens en Haute-Saône a eu lieu, samedi 19 octobre 2024. L'installation de ces infrastructures provoque parfois des tensions avec les riverains, comme dans la commune de Fresne-Saint-Mamès (Haute-Saône). À l'heure où la France s'est engagée à accélérer sa production d'énergie renouvelable, il est parfois difficile de faire accepter ces installations.
Plantons des arbres pas des éoliennes, gardons nos forêts, voici quelques pancartes que l'on pouvait lire à Vesoul, samedi 19 octobre 2024. Une centaine de personnes anti-éoliennes ont manifesté devant la préfecture du département. Elles dénoncent plusieurs projets d'installations d'éoliennes en Haute-Saône. Des constructions qu'ils considèrent comme dangereuses pour le territoire.
"Ce département, c'est une richesse de biodiversité, il y a une richesse patrimoniale qui s'exprime, on a toujours été protégé de l'invasion, de l'industrialisation ou même de l'urbanisation. Elles vont provoquer une autodestruction de notre territoire", estime Éric Corradini, président de la Fédération anti-éoliennes de Haute-Saône, au micro d'Élea Nguyen Van-Ky, journaliste France 3 Franche-Comté.
Une journée de mobilisation que déplorent les élus écologistes de Haute-Saône. Dans un communiqué, ils expriment être "profondément indignés par la banalité et le manque de sérieux des arguments" des anti-éoliens.
Pour notre avenir énergétique et notre avenir tout court, il est indispensable de continuer à installer des éoliennes, bien sûr pas n'importe où, pas n'importe comment, avec une grande vigilance sur les impacts environnementaux.
Les élus écologistes de Haute-Sâone dans un communiqué
L'exemple de Fresne-Saint-Mamès
De son côté, le président la Fédération anti-éoliennes de Haute-Saône affirme que 17 projets éoliens sont en cours de réalisation ou en études dans le département. Parmi lesquels celui de Fresne-Saint-Mamès et La Romaine. Dans ce secteur, "4 à 6 éoliennes" devraient voir le jour, selon le porteur du projet, à la place d'une large plaine herbeuse. Le tout sur des terrains privés.
Mais le voisinage voit d'un mauvais œil l'installation des éoliennes de plusieurs centaines de mètres. "Il y a une décision qui a été prise au niveau du Conseil municipal sans concertation de la population pour accepter ce genre de zone. Les nuisances sonores, lumineuses, les infrasons, le bétonnage massif !", estime Frédéric Marissal, habitant de Fresne-Saint-Mamès.
Manque de concertation ?
Pourtant, depuis les débuts du projet en 2020, des réunions et concertations publiques ont été organisées par les porteurs du projet comme le 9 avril 2024. Au total, 50 personnes se sont exprimées lors de cette réunion, selon le porteur du projet. L'organisme affirme que "34 personnes sur les 50 viennent de la commune de Fresne-Saint-Mamès soit presque 70% des personnes qui se sont exprimées", peut-on lire dans le bilan de la concertation préalable.
Concernant le risque de nuisances sonores, l'organisme rappelle que "les campagnes de mesure de bruit réalisées récemment par l’ANSES montrent que ces infrasons sont émis à des niveaux trop faibles pour constituer une gêne", précise le document.
Enfin, pour la proximité des éoliennes des habitations, la distance réglementaire minimale en France est de 500 mètres. Dans le bilan de la concertation publique, l'organisme indique que deux options sont envisagées, l'une à 630 mètres des habitations et l'autre à plus de 800 mètres. La seconde serait privilégiée.
Pertes de valeur immobilière ?
Malgré ses explications, l'inquiétude demeure chez les riverains de voir leur environnement radicalement changer. Ils craignent aussi une baisse de la valeur immobilière de leur bien. Un risque qu'il est encore difficile d'évaluer à l'heure actuelle, alors que le projet n'est pas sorti de terre.
Mais une enquête de l'Ademe datée de 2022 minimisait ce phénomène. L'étude analysait plusieurs ventes immobilières entre 2015 et 2020, et estimait que "l'éolien à un impact très faible sur l'immobilier, de l'ordre de -1,5% sur le prix du m2".
Augmenter l'éolien en France
Ce genre de tensions entre riverains et constructeurs risquent de se multiplier à l'avenir. L'État s'est engagé à atteindre une capacité de production de 33,2 à 34,7 Giga Watts, d'éolien terrestre, d'ici à 2028, dans le cadre des Programmations pluriannuelles de l’énergie. Un objectif encore loin d'être atteint, à titre de comparaison, en 2023, la capacité atteinte était de 21,9 GW, selon le ministère de la Transition écologique.
En attendant, dans le Haut-Doubs notamment, les associations opposées aux projets éoliens envisagent de nouvelles mobilisations si elles estiment ne pas être entendues par la préfecture.