Notre journaliste Sarah Rebouh vous fait vivre le procès en appel de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016, depuis le Palais de justice de Vesoul. Relire notre direct dans cet article.
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13h32 : Les réactions après le renvoi du procès de Nicolas Zepeda
"Je suis évidemment très déçu. Je suis venu du Japon. On s’attendait à tourner la page, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est d’une tristesse, mais ça n’empêchera pas que peu importe ce que Nicolas Zepeda décide de faire, il n’échappera pas à la justice française", nous a confié Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime en quittant les lieux. Les soeurs et la mère de Narumi Kurosaki sont parties précipitamment sans faire de déclaration.
"Je suis très émue de voir mes clientes dans cet état. Elles ont compris violemment qu’il n’y avait plus rien à attendre de Nicolas Zepeda", a dit Me Sylvie Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki. "C'est une décision qui me semble conforme à l’exercice du droit. Là, on n’était plus dans la sérénité. Il ne faut pas voir une marque de faiblesse de l’accusation. Nous sommes convaincus de sa culpabilité. Arthur Del Piccolo vit ça comme une souffrance", a expliqué Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo.
Le procès en appel pourrait être renvoyé à septembre, selon les avocats de Nicolas Zepeda. "Il est d’usage de ne pas donner de date, mais cela pourrait être en septembre. Nous avons ce temps et nous allons le mettre à profit", ont-ils expliqué, pleinement satisfaits de cette décision.
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>> Emmanuel Rivallain, Stéphanie Bourgeot, Rémy Bolard, Florence Petit, Antoine Laroche et Pierre Corne
12h32 : Le procès en appel de Nicolas Zepeda est renvoyé à une session ultérieure.
Citant la Convention européenne des droits de l'Homme, le président annonce le renvoi du procès. "Il est constant que la procédure est particulièrement dense et qu'un temps significatif est nécessaire à son appréhension", détaille le président. "Le renvoi de l'affaire ne portera pas atteinte à rendre justice", a-t-il ajouté.
12h35 : Après deux heures de délibération, la cour n'est toujours pas revenue pour annoncer sa décision. Tout le monde s'impatiente.
10h33 : L'audience est suspendue, le temps que la cour délibère sur le renvoi du procès.
10h27 : Nicolas Zepeda prend la parole en français. "La première observation que j'aimerais vous partager, c'est que mardi matin j'ai attendu Me Vey ici", débute le trentenaire en entrant dans le détail de ce qu'il s'est passé selon lui. "Je ne suis pas le responsable de cette situation. Je suis d'accord avec Me Schwerdorffer pour un vrai procès, je le souhaite aussi". Il continue à détailler méticuleusement sa vision des choses tout en déroulant ses arguments. "J'aimerais bien que vous compreniez ça. J'espère ça, merci beaucoup".
10h20 : "La duplicité de Nicolas Zepeda est sans limite. Il est arrivé ce matin détendu, presque souriant, alors que les parties civiles étaient effondrées, prostrées sur leur banc. C'est lui qui fixe le tempo, le rythme. C'est lui qui prend le contrôle. C'est quasiment lui la victime aujourd'hui. C'est lui qui souhaite être rejugé, c'est lui qui disposait de 10 mois et demi", entame Etienne Manteaux. "Me Vey n'est pas le premier venu. On nous dit aujourd'hui que Me Vey est un menteur. Il [a été] viré du jour au lendemain comme un mal propre", explique l'avocat général qui vient en défense de l'avocat parisien et s'en prend aux avocats de la défense qui ont pourtant accepté de représenter l'accusé.
Il choisit un avocat, qui dit qu'il interviendra, et qui nous dit aujourd'hui que c'est impossible. Nicolas impose sa mainmise sur la justice, alors que c'est lui qui a demandé à être rejugé.
Etienne Manteaux, avocat général
"Si un renvoi est décidé, ce sera un scandale. Pour la famille de Narumi Kurosaki, pour la justice française. Nous ne pouvons pas capituler aux humeurs de monsieur Zepeda", dit-il. Il requiert "solennellement" la tenue des débats et propose la date de lundi matin 27 février.
10h15 : Me Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo prend la parole. "Nous ne souhaitons pas d'avocats potiches", détaille-t-il. "C'est aussi très difficile pour Arthur Del Piccolo. Me Vey n'est pas responsable de la situation. Nicolas Zepeda est responsable. Je ne souhaite qu'une seule chose, c'est un vrai procès, des débats contradictoires". L'avocat bisontin fait primer la qualité du procès, sur l'urgence de rendre justice. "On est là pour avoir un procès pénal équitable et juste. Je m'en rapporte à la sagesse de la cour", conclut-il avant de laisser la parole à l'avocat général.
10h10 : "Quelle est la garantie que dans quelques semaines, quelques mois, monsieur Nicolas Zepeda, dont on nous a dit aujourd'hui qu'il avait consulté des dizaines d'avocats qui tous ont décliné leurs interventions, quelles garanties avons-nous qu'il ne renouvelle pas ce coup de théâtre, cette façon de procéder insoutenable au regard de la famille de la victime ?", interroge-t-elle, en parlant à nouveau de "prise en otage". La famille Kurosaki craque. La mère de Narumi Kurosaki pleure à gros sanglots.
10h02 : Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki, prend à son tour la parole et souhaite que les regards soient tournés vers la mère et les soeurs de la victime. "Mon propos n'est pas de fustiger les droits à la défense, j'y suis attachée. Mais il y a un accusé, qui oui, je le répète, à mon sens nous soumet à ses désidératas, nous oblige à composer avec ses caprices et qui nous prend en otage", débute-t-elle.
Monsieur Zepeda a eu un an pour trouver des conseils de qualité. Mes clientes ont la sensation de devoir toujours composer avec le désir de contrôle de Nicolas Zepeda.
Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki
9h52 : Me Dreyfus, deuxième avocat de la défense, plaide à son tour d'un ton très offensif. "C'est une mission impossible !", martèle-t-il. Me Antoine Vey, ancien avocat de Nicolas Zepeda, est pointé du doigt par ses confrères : "Il a préféré déserter trois jours avant le procès". "Notre renvoi nous le soutenons avec force. Il n'est ni un caprice, ni une offense, ni une entrave à ce que justice soit rendue. Elle le sera", poursuit-il.
"J'ai accepté, voulant rendre service"
9h40 : "Je m'affole. J'ai accepté voulant rendre service, et en réalité je dessers celui qui m'honore de sa confiance. Je ne peux cautionner une procédure qui sera inégale, quoi qu'on en dise", poursuit Me Portejoie, en expliquant que Nicolas Zepeda lui a précisé n'avoir jamais récusé son avocat Me Vey.
Deux versions s'opposent donc toujours, celle de Me Antoine Vey qui dit avoir été récusé par son client, et celle de Nicolas Zepeda. Me Renaud Portejoie poursuit sa démonstration pour justifier sa demande. Il dit aussi "partager la souffrance des proches de la victime" et comprendre les contraintes organisationnelles liées à un potentiel nouveau procès. Me Dreyfus, deuxième avocat de la défense, plaide à son tour. "C'est une mission impossible", dit-il. Me Antoine Vey est pointé du doigt par ses confrères : "Il a préféré déserter trois jours avant le procès".
Le procès s'est effondré mardi matin, du fait de la défaillance de certains. On ne rattrapera pas ce procès qui est gâché. On ne va pas continuer artificiellement un procès dans lequel un homme est dépourvu d'avocat en mesure de l'assister.
Me Renaud Portejoie, avocat de Nicolas Zepeda
9h26 : Me Portejoie, avocat de Nicolas Zepeda, s'avance à la barre et va donner "des justifications précises qui imposent [le] renvoi de l'audience". L'avocat clermontois se lance dans une explication quelque peu théâtrale, pour illustrer son impossibilité d'assister correctement son client. "Qu'une chose soit claire, ce n'est pas parce que j'ai rencontré monsieur Zepeda auparavant, que j'ai pu avoir accès au dossier. Rien ! Je découvre le dossier mercredi matin", explique-t-il vigoureusement. "Je n'ai pas le temps de lire le dossier. Je ne l'ai pas aujourd'hui et je ne l'aurai pas plus lundi. Il y a 8000 - 10000 cotes de procédure", ajoute-t-il.
9h12 : La composition du jury débute. L'accusé suit grâce à un document en main la déclinaison des identités et scrute chaque juré de manière attentive. Le tirage au sort débute. Neuf jurés doivent se placer derrière le président, ainsi que quatre jurés supplémentaires. Les trois premiers jurés appelés sont récusés.
9h03 : L'audience est ouverte. Nicolas Zepeda est vêtu d'une tenue décontractée. Devant lui, se trouvent ses avocats Me Portejoie et Me Dreyfus. Les différents interprètes en langue japonaise et espagnole déclinent leurs identités. L'accusé se lève et décline à son tour son identité. "Je m'appelle Nicolas Zepeda Contreras. Je suis né dans la ville de Temuco, le 11 décembre 1990. Je suis ingénieur dans l'administration d'entreprise", répond le jeune homme, qui remercie le président pour les précisions apportées.
L'incertitude demeure à l'ouverture du procès
8h55 : L'incertitude demeure ce jeudi matin quant à la tenue des débats. Le procès va-t-il être renvoyé ? Me Portejoie, avocat de la défense parachuté sur ce dossier, avait laissé sous entendre qu'il pourrait faire une demande en ce sens, la veille, en arrivant à la prison de Vesoul pour rencontre Nicolas Zepeda. Dans la salle d'audience, l'ambiance est très particulière. Les avocats n'ont pas ouvert leurs dossiers. L'avocat général Etienne Manteaux apparaît avec le visage très fermé.
Le procès en appel de Nicolas Zepeda doit officiellement être lancé ce jeudi 23 février, à 9h, devant la cour d'assises de Vesoul. Après un démarrage loupé, mardi 21 février, en raison de l'absence d'avocat pour défendre l'accusé, les parties civiles espèrent que les débats vont pouvoir commencer sereinement.
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Me Renaud Portejoie, du barreau de Clermont-Ferrand, est arrivé à la prison de Vesoul mercredi après-midi pour rencontrer son nouveau client. Il a confirmé qu'il ne s'agissait pas de leur première entrevue. Va-t-il demander le report de ce procès ? “On va en discuter avec notre client”, nous a-t-il répondu avant de s'engouffrer dans l'établissement pénitentiaire.
En première instance, le Chilien Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, en 2016.
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