"Mon fils ne dormait que deux heures par nuit" : les parents d'un enfant de 5 ans en situation de handicap portent plainte contre un instituteur

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Dans une école maternelle, des propos discriminants auraient été prononcés par un instituteur à l'égard de son élève en situation de handicap. Cet enfant de cinq ans a dû changer d'école. ©Sophie Hienard, Antoine Laroche et Sébastien Dufour - France Télévisions

Dans une école publique de Haute-Saône, un professeur aurait proféré des propos discriminants à l'égard de son élève. Cet enfant de cinq ans, atteint d'une maladie génétique, a dû changer d'établissement.

C'est l'heure du goûter pour Thomas*. Dans le salon, l'enfant de cinq ans, grignote des bretzels, en regardant des dessins animés. Atteint d'une maladie génétique, nommé 2PPR1A de Novo, le garçon présente des troubles autistiques et des troubles du comportement. Epaulée par une accompagnante d'élève en situation de handicap, il est scolarisé dans une école maternelle publique.

Des remarques "discriminantes et humiliantes"

Si Thomas se montre jovial ce jour-là, il ne l'a pas toujours été. Depuis sa rentrée en grande section, il subirait des remarques "discriminantes et humiliantes" de la part de son instituteur. Nicolas, son père, raconte : "La situation a commencé avec plusieurs réflexions comme ‘il va falloir lui mettre un bouchon au cul’ parce que mon fils n’est pas propre au niveau des selles."

Ces remarques auraient été prononcées par le professeur des écoles lorsque les parents de Thomas* allaient chercher leur enfant. Dans sa classe, le petit aurait aussi été mis à l'écart, en raison de son handicap. Un isolement qui aurait marqué le jeune garçon, selon son père : "Au départ, il nous en parlait pas trop. Et plus les jours passaient, plus son sommeil était agité, c’est-à-dire qu’il dormait que deux heures par nuit, et qu’il parlait en boucle de l’école."

Joint par téléphone, l'enseignant, qui souhaite garder l'anonymat, se dit "très étonné". Il déclare : "J'ai toujours traité l'enfant avec bienveillance et j'ai toujours eu un comportement aimable avec la famille."  L'instituteur affirme qu'il "envisage de porter plainte pour diffamation."

Une lettre au Ministre de l'Education nationale

"Aujourd'hui, je n'ai plus envie de me taire", reprend Nicolas. Si le père a décidé de s'exprimer, c'est qu'il espère pouvoir alerter sur la situation des jeunes enfants porteurs de handicap. De septembre à décembre, les parents ont fait face à de l'"indifférence" lorsqu'ils ont tenté d'alerter sur la situation. Ils ont multiplié les démarches auprès de la direction de l'école, ainsi que de l'inspection académique, sans succès.

Mi-décembre, la famille a décidé de se tourner vers Antoine Villedieu, député RN de Haute-Saône. Un acte comme un dernier recours qui a porté ses fruits. Le député de la 1ère circonscription a adressé une lettre au Ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye pour lui faire part de la situation. "Aujourd’hui, on parle d’inclusion, et on se rend compte qu’un enfant vient d’être exclu du fait de son handicap, commence-t-il. J’ai demandé au ministre d’agir pour qu’un enfant ne se retrouve pas pensant être coupable d’être en situation de handicap, et de trouver les alternatives, et les sanctions adaptées pour le professeur, si les faits sont avérés."

Peu après, la direction académique des services de l'Education nationale de Haute-Saône s'est saisie du dossier. En concertation avec la famille, il a été décidé de changer l'enfant d'établissement. "Thomas* va être rescolarisé dans une école avec une maîtresse très expérimentée en matière de scolarisation des élèves en situation de handicap, précise Philippe Destable, directeur académique des services de l'Education nationale de Haute-Saône.

"Une dégradation de la confiance"

Thomas*, sa famille et l'enseignante se sont déjà rencontrés le 31 décembre, afin de prévoir la nouvelle rentrée. Une étape importante pour que ce changement se passe au mieux, d'après Philippe Destable : "La situation a atteint une telle dégradation de la confiance entre les parents, l’élève et l’enseignant, qu’il est aujourd’hui nécessaire de refonder cette relation". Le directeur académique se montre confiant, et dit "suivre très attentivement l’évolution de la situation". 

La sœur de Thomas* changera également d'école. "Je veux la protéger aussi", indique Nicolas, le père. Une solution qui satisfait à moitié la famille, pour qui ce changement d'école engendrera aussi son lot de difficultés. Le père l'évoque : "On justifie que c'est pour le bien-être de l'enfant, mais mon fils perdra ses camarades d'école, ses amis. Il n'aura plus de repère". Tout en pointant du doigt, amer, la promesse déçue de l'école publique : "On parle d’inclusion dans les écoles pour les élèves en situation de handicap, moi je parle d’exclusion".

Quant au professeur, l'inspection académique recueille encore les témoignages. Philippe Destable reprend : "Nous avons engagé une instruction administrative afin de faire toute la lumière sur cette dégradation éducative, et afin que toutes les décisions qui s’imposent soient prises." Le fonctionnaire n'écarte pas d'éventuelles sanctions à l'égard de cet instituteur. La famille a décidé de porter plainte. Une deuxième plainte a été déposée par d'autres parents d'élèves.

(*) Thomas est un prénom d'emprunt.

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