Procès de Jonathann Daval : l'accusé fait un malaise dans son box lors de son interrogatoire, la séance est suspendue

Le procès de Jonathann Daval a débuté à Vesoul le 16 novembre. Ce mercredi, la famille de la victime s'est exprimée à la barre, notamment la mère et le père de la victime. Plus tard, c'est Jonathann qui a pris la parole avant de faire un malaise. Récit.

La première journée du procès de Jonathann Daval, accusé d'avoir tué sa femme en octobre 2017 à Gray, en Haute-Saône, fut longue et moralement éprouvante. La deuxième n'a pas été de tout repos non plus pour la cour. 

La charge émotionnelle de ce troisième jour de procès promet d'être intense. L'audience débute comme chaque matin à 9h.

C'est Xavier Blanchard, officier de police judiciaire qui s'avance en premier à la barre. Ce dernier détaille l'attitude de Jonathann Daval lors de son interpellation le 29 janvier 2018. Au début de la garde à vue, "il ne semble pas plus inquiété que ça, presque comme s’il n’était pas concerné par les faits. Il faut vraiment le questionner. Il est très peu bavard" explique le gendarme. Il ajoute : "C'est très étonnant d’avoir une personne qui nous tient tête froidement, en disant 'Je ne sais pas'" malgré les nombreux éléments accablants dont disposent les enquêteurs. Ce n'est qu'après la 32ème heure de garde à vue et 8 heures d'audition soutenue que Jonathann Daval craque. Il parle à ses avocats, puis finit par avouer : "C’est moi qui ai fait ça, je ne le voulais pas".

L'officier de police judiciaire détaille également la pression médiatique, subie dès le début de l'affaire. 

Moment choquant ce mercredi matin aux assises lorsque l'avocat général, Emmanuel Dupic, lit le texto que l'accusé a envoyé à son épouse, pour se construire un alibi, alors qu'elle était déjà morte, le 28 octobre 2017 : "Toujours en train de courir ? Je vais vider les cadavres des bouteilles que tu bois ! Lol, à toute à l’heure". 

"Si je reste en vie, c'est uniquement pour vous"

Jean-Pierre Fouillot, le père de la victime, est le premier de la famille Fouillot à être appelé à la barre. Le moment est très émouvant. Particulièrement discret durant toute l'affaire, le Graylois s'adresse à la cour en commençant par décrire sa fille, une fille simple, joyeuse, qui participait à leur bonheur. Puis il parle de son gendre et des trois mois durant lesquels il a menti à tout le monde. "Pendant ces trois mois il mangeait avec nous, il sortait avec nous. Pendant ces trois mois avant ses aveux il s'est moqué de nous, il a usé de notre bonté" explique Jean-Pierre Fouillot, avant d'aborder la question du complot familial : "Les médias, qui les a déclenchés ? Qui les amène sur cette horreur ? Le complot ! Le complot ! Imaginez-vous, nous parents. Accusés à tort ?!! La population grayloise, la France entière s’est dite : il n’y a pas de fumée sans feu. On nous a salis. Jonathann nous a salis. Il a cassé notre honneur." Viennent ensuite des révélations suprenantes, au sujet des dires de Jonathann Daval durant les trois mois avant ses aveux. Le père d'Alexia dit que son gendre a toujours parlé en mal de sa propre famille. Pourtant, c'est chez sa mère qu'il se rend quotidiennement en cachette durant plusieurs mois. "'Si je reste en vie c'est uniquement pour vous. Je n'ai pas de famille à part vous nous' a dit Jonathann" explique Jean-Pierre Fouillot. "Jonathann nous a toujours parlé de sa famille, surtout de sa mère en mal. Jonathann avait des propos sur sa mère qui nous laissaient assis. Femme méchante, autoritaire, en guerre avec Pierre Paul Jacques. Ce sont les propos de Jonathann" poursuit-il. L'accusé baisse la tête.

J'ai accepté la réalité le soir, en rentrant à la maison. C'est la télévision qui nous en a informé. Là, le monde s'est écroulé.

Jean-Pierre Fouillot, père d'Alexia Daval

"Pensez-vous que Jonathann Daval vous a aimé ?" demande Me Spatafora, avocate de Jonathann Daval. "Ce sont des questions qu'on se pose. Joue-t-il un scénario depuis dix ans ? On arrive à se demander si Jonathann ne pouvait pas concevoir la vie sans Alexia, ou sans nous ? A-t-il tué Alexia en pensant rester avec nous imaginant que son meurtre ne soit pas élucidé ?" s'interroge Jean-Pierre Fouillot, la tête remplie de questions depuis les aveux de son gendre. 

Si Jonathann avait tout simplement étranglé, si Jonathann avait étranglé Alexia point terminé. Mais non. Là, on aurait peut-être réagi différemment. Mais ce n'est pas le cas. C'est le massacre d'un corps, le déplacement d'un corps. Tout le scénario. Meilleur acteur, meilleur scénariste. Mais au bout du film il y a marqué FIN.

Jean-Pierre Fouillot, père d'Alexia Daval

Le président de la cour d'assises, Matthieu Husson, remercie le père de la victime pour la dignité de sa prise de parole. 

"On ne tue pas pour une petite griffure" 

La mère d'Alexia Daval, Isabelle Fouillot prend place à la barre en début d'après-midi. En pleurs, elle lit une lettre d'amour écrite de la main de sa fille pour son mari.

Elle s'interroge quant à l'attitude de la famille de Jonathann Daval, et sur le rôle qu'ils ont pu jouer dans le montage du "complot" contre la famille Fouillot. "Un jour Jonathann m'a dit qu'il savait que du sperme avait été retrouvé sur le short. Et il m'a dit : 'Je vais vous rassurer ce n'est pas le mien'Et je ne comprenais pas. Aujourd'hui tout cela me parle. Aujourd'hui je comprends. Je ne sais pas si tu as inventé ce complot tout seul, je ne pense pas. Je pense qu'il y a des écoutes téléphoniques où tu demandes à ta maman où était placées les caméras à Gray. Je sais aussi que des gens de ta famille étaient au courant, avant que ça ne sorte. Notamment un neveu" détaille la Grayloise.
Elle émet ensuite des hypothèses concernant l'acte horrible de Jonathann Daval. "Ma première hypothèse est qu'Alexia en avait marre. Tu ne t'impliquais pas mais tu ne voulais pas accepter le divorce. Ma deuxième hypothèse : tu n'as jamais voulu d'enfant car c'est toi l'enfant. Tu te comportes comme tel. Ça se voit. Regarde-toi" dit-elle en s'adressant à Jonathan. 

Jonathann, on ne tue pas pour une petite griffure, n'est-ce pas ? Tout le monde souffre. Ta famille aussi. Ça ne doit pas être facile pour eux non plus. Si tu veux pouvoir te regarder dans une glace, je veux te donner cette chance de pouvoir sortir grandi de tout cela. 

Isabelle Fouillot, mère d'Alexia Daval

Le témoignage de la soeur d'Alexia Daval intervient vers 15h45 ce mercredi. Stéphanie Gay dresse la liste d'anecdotes survenues avant le meurtre de sa soeur dans le but de prouver le désengagement de Jonathann Daval au sein de son couple. "Pour la signature de la maison, il ne vient pas signer ! Il y a une fuite en avant depuis le mariage. Pour les examens PMA, ma sœur m’a confié : 'Je suis seule, il ne vient pas avec moi. Comment il faisait Grégory avec toi ?' (ndlr, Stéphanie Gay a elle aussi eu des problèmes pour tomber enceinte). Comme elle se sent seule elle envoie des sms. La défense y voit des reproches, j’y vois des appels au secours !!" 

Méthodique et déterminée à défendre l'honneur de sa soeur, Stéphanie Gay enchaîne les arguments à l'encontre de son beau-frère qu'elle nomme "l'accusé".

Quand il est avec nous, il médit sur sa famille. Quand il est avec sa famille, il médit sur nous. Quand il est au travail, il doit faire semblant de travailler.

Stéphanie Gay, soeur d'Alexia Daval

 

Grégory Gay, longtemps accusé à tort par Jonathann Daval explique quant à lui : "J'accompagne Jonathann dès le départ pour chercher Alexia. On cherche quelqu'un en vie et lui nous dit qu'elle était folle et qu'il se faisait battre. On regrette tous de ne pas avoir percuté parce qu'il nous donnait des éléments."

Jonathann Daval s'exprime avant de se sentir mal

Jonathann Daval prend la parole à 18h55, après les parties civiles, qu'il a écoutées pendant environ 6 heures ce mercredi. Le jeune homme, qui a avoué avoir tué Alexia Daval après de multiples mensonges, n'avait pas encore pris la parole lors de son procès, excepté pour décliner son identité et confirmer par un "oui" être le seul impliqué dans la mort de sa femme.

"Je voudrais d'abord, c'est peut-être pas le mot adapté, présenter des excuses, mais c'est pas excusable, auprès des proches d'Alexia pour tout ce que j'ai fait. Je leur ai enlevé leur fille, dans un premier temps, après je leur ai menti, l'histoire du complot aussi a détruit votre vie, a détruit aussi la vie de ma famille, à qui j'ai menti aussi. Je vous ai menti. Les gendarmes aussi à qui j'ai menti. Aux médias, à la France, pareil. Donc oui, ce n'est pas pardonnable ce que j'ai fait. Je voulais quand même le dire" a-t-il débuté.

Le jeune homme parle d'une voix fluette, presque enfantine, use de phrases courtes et interrompt son propos régulièrement. Le président le pousse dans ses retranchements en lui posant de nombreuses questions : "Vous avez déclaré vous monsieur Daval que vous avez été très affecté que votre épouse perde l'enfant, mais moins votre épouse. Qu'en est-il ?"

C'est assez désarçonnant car vous semblez adapter en permanence votre discours en fonction de ce que vous dit votre interlocuteur.

Matthieu Husson, président

"Je ne sais pas d'où viennent ces médicaments" dit l'accusé. "Ils y étaient pourtant" répond le président. "Bon... Donc vous ne savez plus si elle a pris un somnifère, mais vous l'avez dit parce que vous savez qu'il y en avait dans son sang..." rétorque le président Matthieu Husson. Les déclarations de Jonathann Daval dans son box sont floues et peu précises. 

Après un peu moins de 40 minutes d'interrogatoire, l'accusé chancelle dans son box, livide. Il ne semble plus entendre les questions du président. "Je ne vais pas bien" semble-t-il dire doucement, en se tournant vers un gendarme. Il est en train de faire un malaise. L'audience est suspendue.
 

Le président annonce la reprise de l'audience quelques minutes plus tard. Jonathann Daval n'est pas dans son box. "Jonathann Daval est transporté aux urgences, car il ne se remet pas. Une expertise sera menée pour voir s'il est en état de comparaître demain. Il s'agit dans l'immédiat de lui donner les premiers soins. Nous reprendrons demain à 9h, si c'est possible..." conclut le président, dans la stupeur générale.
 
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