Le procès de Jonathann Daval a débuté lundi 16 novembre 2020 à Vesoul (Haute-Saône) et doit se poursuivre jusqu'au 20 novembre. Cette affaire ultra-médiatisée dès ses débuts provoque une certaine fascination du public et de la presse. Analyse.
"Est-ce que si c'était à refaire, vous ne seriez pas intervenus plus tôt ? Vous le laissez pleurer devant la France entière, ça ne vous gêne pas ? Avec le recul du temps, est-ce que vous ne vous dites pas au fond de vous-même, quand on revoit la marche blanche, quand on revoit l'enterrement, 8000 personnes qui manifestent, Jonathann Daval qui est en pleurs. C'est ça la médiatisation de l'affaire" a lancé le premier jour du procès Daval Maître Gilles-Jean Portejoie, avocat de la famille d'Alexia Fouillot, mariée Daval, en s'adressant à Franck Paredes, directeur d'enquête.Le poids des mensonges
Selon les parties civiles, le scénario ficelé par Jonathann Daval lorsqu'il annonce la disparition de sa femme, "partie courir", le 28 octobre 2017, ouvre une véritable brèche dans laquelle des dizaines et des dizaines de médias s'engouffrent pour ne plus jamais en sortir. S'en suivront de multiples revirements dans les propos de l'accusé ainsi que des omissions et des mensonges. Au total, Jonathann Daval aura mis 18 mois à donner une version conforme aux constatations des enquêteurs. Il changera de versions à sept reprises, alimentant ainsi les mystères autour de cette affaire, et provoquant le vif intérêt des commentateurs mais également du public.Alexia Daval, au moment de sa disparition, est une jeune femme comme une autre, partie faire un jogging. De nombreuses femmes s'identifient alors à elle, en plein mouvement #MeeToo, lancé à la suite de multiples dénonciations des violences faites aux femmes. Par la suite, on découvre l'histoire d'un jeune couple, de ses problèmes pour concevoir un enfant, des conflits qui peuvent exister au sein d'un foyer face à deux familles, Daval et Fouillot, diamétralement opposées.
Une ribambelle de médias présente au procès
À Vesoul, la presse est présente en nombre. Une quarantaine de journalistes ont été accrédités pour entrer dans le tribunal et assister aux débats, mais ils sont bien plus nombreux à être postés sur l'esplanade, dans l'attente d'une déclaration de l'un des protagonistes. Les déclarations, il y en a, plusieurs fois par jours, notamment de la part des parties civiles, dont font partie les parents d'Alexia Daval.La multiplication du nombre de médias en France ces dernières années participe à ce phénomène. L'avènement d'internet et de l'information en continu aussi.
Découvrez le reportage d'Emilien Diaz, Antoine Laroche, Marie Loir au sujet des médias présents sur le procès Daval :
Des protagonistes très médiatisés
En amont du procès, et durant toute sa durée, les médias publient et diffusent de nombreux reportages, sous forme de feuilleton, au sujet de l'affaire Daval. Ce qui peut différer des autres procès, sur le plan médiatique, c'est la forte exposition des différents protagonistes, et ce tout au long de l'enquête.De chaque côté, deux ténors du barreau s'affrontent : Me Randall Schwerdorffer, qui a beaucoup parlé à la presse au début de l'affaire et qui a été poursuivi pour violation du secret professionnel, puis relaxé ; Me Gilles-Jean Portejoie, habitué aux sorties théâtrales et aux gros dossiers judiciaires. Ces personnalités distillent à merveille les propos marquants et les phrases chocs. Ce sont de "très bons clients", comme le disent les journalistes, à la recherche de propos clairs, détaillés et incarnés, pour alimenter leurs colonnes et provoquer de ce fait l'intérêt de l'opinion public.
Ironie du sort, les débats lors des différentes journées d'audience sont incisifs et engagés, mais les journalistes qui ont suivi l'affaire depuis le début ont déjà connaissance de nombreux détails et enjeux entourant l'affaire judiciaire. Le public, privé d'audience en raison du covid-19, vit ce procès par procuration à travers le prisme des médias, définitivement devenus des acteurs incontestables de ce procès Daval.