Affaire Alexia Daval : “On doit se battre pour dire qui était Alexia”, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot témoignent

Jean-Pierre et Isabelle Fouillot, les parents d’Alexia Daval, ont accepté de répondre aux questions de France 3 Franche-Comté, avant le procès de Jonathann Daval, du 16 au 20 novembre à Vesoul. Le but ? Ne pas laisser la défense “salir la mémoire” de leur fille. Témoignage.

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Jean-Pierre et Isabelle Fouillot vivent toujours à Gray, petite commune de Haute-Saône, théâtre d’une affaire judiciaire hors norme, débutée le 27 octobre 2017, lorsque leur fille Alexia, âgée de 29 ans, disparaît. “Les Graylois n’ont jamais été dupes. Ils nous ont emmené tout leur amour, leur humanité et leur compassion. Je suis chez moi ici” nous explique Isabelle Fouillot, élue municipale dans cette ville qu’elle considère comme la sienne et qu’elle aime profondément.

“Il a tellement menti”

Pourquoi ce couple si malmené tout au long de l’affaire Alexia, pointé du doigt, observé, accusé à tort, continue-t-il de parler à la presse, à quelques jours du procès de celui qu’ils appellent désormais “le meurtrier”, leur ex-gendre, Jonathann Daval ? “Je peux vous dire qu’on s’en passerait bien” nous lance Isabelle Fouillot en nous accueillant avec son mari dans leur maison. Visiblement affectée par notre présence, elle semble néanmoins déterminée à mener à bien l’interview. Pour le couple Fouillot, cette bataille est devenue inévitable. C’est désormais le combat de leur vie depuis que celle de leur fille a été volée. “Je ne veux pas que les avocats de la défense racontent n’importe quoi sur ma fille. Ce qui m’intéresse c’est la vérité. Je veux la vérité. Je ne veux pas leur laisser le champ libre” nous explique Isabelle Fouillot. Elle poursuit : “Tout a été déformé par la défense et le meurtrier. Il a tellement menti.”

Depuis que leur fille Alexia “est partie”, Jean-Pierre et Isabelle pensent à elle tous les jours, depuis maintenant plus de trois ans : “On rumine tout le temps, le matin, la journée. On revoit des images : ‘Il (ndlr : Jonathann) nous a dit ça, mais dans quel but ?’ Et quelque part, obligatoirement, on s’en veut d’avoir été aussi naïfs. On dit que l’amour rend aveugle, mais oui...” détaille Jean-Pierre, le papa d’Alexia, avec beaucoup de calme. Et d’ajouter : “Elle nous manque de plus en plus. Tout nous rappelle Alexia, ici, ce salon, les lieux devant lesquels on passe, ce restaurant qu’on a fait avec elle, une silhouette” nous explique Jean-Pierre Fouillot. 

“Le nom de Daval, on ne pouvait plus”

En effet, il y a la douleur d’avoir perdu son enfant et le vide qu’on ressent à chaque moment. Mais il y a aussi le reste. La douleur brute n’a eu que peu de temps pour s’exprimer pleinement. Très vite, trois mois après la mort de leur fille, les Fouillot ont été pris dans un tourbillon infernal, entraînés par les mensonges de Jonathann Daval, le mari de leur fille qu’ils considéraient comme l’un des leurs. “Le meurtrier a tout choisi avec nous. Le cercueil, l’intérieur du cercueil. Le caveau qu’on a pris, c’est pour quatre personnes. Il y avait une place pour Jonathann” nous confient les parents d’Alexia. “On ne s’est douté de rien. C’est ce qu’on se reproche. De n’avoir jamais douté. Il m’envoyait des messages d’amour. Il m’appelait maman. On gobait tout ce qu’il nous disait” ajoute la mère de la victime. 
Les Fouillot ont fait changer l’inscription sur la pierre tombale de leur fille pour que n'apparaisse plus le nom “Daval”. “Le nom de Daval, on ne pouvait plus. Cela nous est insupportable” précise Isabelle Fouillot. 

C’était une jeune fille souriante, agréable, dynamique. Tout le monde, les voisins, ses amis d’enfance, ses collègues le disent. Elle était vraiment comme ça. Attentionnée envers les autres. En plus, elle voulait sauver son couple.

Isabelle Fouillot

Comme à chaque faits-divers, dès la découverte du corps d’Alexia Daval dans un bois près de Gray, la presse s’est emparée de l’affaire. Les mensonges de Jonathann et le scénario scabreux qu’il a mis en place ont contribué à faire de la mort de sa femme, un mystère à élucider par le plus grand nombre. Il y a eu les ragots, il y a eu les mensonges, les accusations infondées de complot familial à l’encontre des Fouillot, les propos déplacés... Isabelle et Jean-Pierre sont restés unis, malgré tout. “On est unis, oui. On a toujours tout fait ensemble. On est jamais partis en vacances loin l’un de l’autre par exemple” explique Jean-Pierre Fouillot. “Isabelle est combative, moi aussi, mais elle le fait beaucoup plus ressentir” confie-t-il. “Je n’ai pas le choix” enchaîne sa femme.
Témoignage recueilli par Clément Jeannin, Sarah Rebouh, Florence Petit et Rémy Bolard. Montage: Marie Loir.

Les interviews, les émissions, les prises de parole, pour Isabelle Fouillot, c’est l’arène dans laquelle elle prend les armes pour Alexia. Elle le répète, sa fille n’était pas la personne écrasante qui a poussé son mari au meurtre : “Ca fait mal surtout qu’il n’y a aucun sms, rien qui le démontre. Ces sois-disant sms dont parlait la défense, ils n’existent pas. C’est du pipeau. Il est sorti de la garde à vue, il venait d’avouer que c’était lui le meurtrier ; et bien moi j’ai appris en même temps que mon gendre était un meurtrier et que ma fille avait un caractère écrasant”.

Il nous a tout pris. Il a pris nos vies. C’est nous qui sommes condamnés à perpétuité. A cause de ce monsieur qui a décidé de tuer sa femme.

Isabelle Fouillot

L’affaire Alexia Daval, c’est aussi une affaire de féminicide, dans une période de dénonciations des violences faites aux femmes, comme le rappelle Isabelle Fouillot. “Alexia c’est le visage des violences faites aux femmes. C’est toujours la femme la fautive. Il faut que notre société avance dans la lutte contre les féminicides. Il faut qu’on reconnaisse dans notre société que la femme est l’égale de l’homme. Elle n’est pas soumise à son mari. Elle est en droit de faire différemment. On dit que pour une femme, c’est un défaut d’avoir du caractère. Pour un homme c’est une qualité. Il faut arrêter avec ce genre de propos” détaille la Grayloise.
 

Le procès de Jonathann Daval aura lieu à Vesoul, du 16 au 20 novembre 2020. Les parents d’Alexia Fouillot, mariée Daval, espèrent que toute la vérité éclatera enfin. “On veut qu’on retienne la préméditation et l’empoisonnement. On va étayer cette thèse, avec des preuves, des faits, des graphiques. C’est le moment décisif. Est-ce qu’il va être capable de reconnaître ce qu’il a fait ? La balle est dans son camp” préviennent-ils.

Le procès de Jonathann Daval sera à suivre sur France 3 Franche-Comté.
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