Procès de Jonathann Daval : l'accusé condamné à 25 ans de réclusion criminelle, pour le meurtre de sa femme Alexia

Le procès de Jonathann Daval se termine ce 21 novembre à Vesoul après six journées intenses. L'accusé a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Récit complet de cette dernière journée. 

 Jonathann Daval a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. "C’est une très bonne décision, c’est à la hauteur de nos souffrances, ça va nous permettre de tourner une page. On a fait tout ça pour Alexia. Si elle nous regarde de là-haut, c'était pour elle" a déclaré Isabelle Fouillot, à la sortie du tribunal. "C'est la fin de trois ans de combat qui ont été très durs, on est contents d’arriver au bout" a quant à lui dit Jean-Pierre Fouillot, le père d'Alexia. 

Pour le principal avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer, cette peine juste. "Je salue le professionnalisme du président de la cour d'assises qui a su préserver l'impartialité des débats et c'était très difficile. Je salue le travail des jurés parce qu'avec toute la pression médiatique qu'il y avait dans cette affaire, ils ont su se départir de cette pression, et ça a été compliqué, pour rendre une décision juste et que je ne commenterai pas" a déclaré l'avocat à l'issue du procès. Selon Me Spatafora, Jonathann Daval ne fera pas appel de sa condamnation.
 

▼ (Re)lisez le déroulé de la dernière journée de procès, ci-dessous.


Les plaidoiries des parties civiles ont cloturé la journée de la veille à Vesoul (lire notre article). Ce samedi, les réquisitions de l'avocat général et les plaidoiries de la défense font office de dernière ligne droite dans le procès de Jonathann Daval, qui a avoué avoir tué sa femme fin octobre 2017. "Nous attendons des plaidoiries de la défense qu'elles soient respectueuses des parties civiles" nous a confié Me Julien, avocate des parties civiles, avant d'entrer dans le tribunal vésulien ce vendredi matin.

Me Estève, avocat de Jonathann Daval, a quant à lui expliqué en début de journée : "La défense de Jonathann Daval consistera à revenir sur le couple qu'il formait avec Alexia, sur le fonctionnement, mais surtout le dysfonctionnement de ce couple. Nous plaiderons à deux voix." La parole est donnée à Emmanuel Dupic, avocat général, en ce début d'audience. "Une peine juste est demandée par la famille Fouillot. Je tiens à souligner la dignité des deux familles pendant ce procès" dit-il juste après avoir déclaré, en s'adressant au jury : "Vous allez finalement juger trois morts : l'agonie d'une femme mariée, sa crémation, et l'accusation contre la famille chargée de porter ce crime". 

L'avocat général revient en détails sur le déroulé de cette affaire, de son enquête, et de sa médiatisation. "Il faut s’interroger aujourd’hui sur cette violation permanente du secret de l’instruction" lance-t-il.

Par chance, le 3e jour, un élève gendarme de Chaumont tombe sur un corps caché, extrêmement difficile à trouver. Ce corps était destiné à ne pas être retrouvé, on était quasiment sur un crime parfait...Il se serait passé quoi ? On l'aurait découvert par hasard, un an après ? Comment aurait-on pu remonter à Jonathann Daval ? Il serait peut-être encore dans sa belle-famille...

Emmanuel Dupic, avocat général

L'avocat général, également procureur de Vesoul, poursuit et énonce sa thèse. "Moi, je pense comme la famille qu’Alexia voulait le quitter" dit l'avocat général qui ne croit pas au fait que Jonathann Daval était un homme violenté par sa femme. Il énumère à nouveau les nombreux mensonges de l'accusé, à sa famille, aux Fouillot, à son employeur. "Les moments de vérité avec Jonathann Daval, c’est toujours une vérité partielle... Cela traduit un caractère manipulateur depuis le début" dit-il.

Jonathann Daval, dans son box, regarde avec attention Emmanuel Dupic, fixement. La veille, il avait la tête baissée pour les plaidoiries des parties civiles. "Certains depuis les mots de Simone de Beauvoir, parlent de féminicide. Moi je parlerai de crime conjugal" explique l'avocat général Emmanuel Dupic tout en précisant que les peines de réclusion criminelle à perpétuité sont rès rares. Elles concernent les crimes sur mineur, sur ascendant, la fonction publique et le terrorisme détaille l'avocat général qui réclame une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
 

Je vous demande de prononcer une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Je fais confiance à votre sagesse, votre décision sera la bonne.

Emmanuel Dupic, avocat général


C'est au tour de Me Spatafora, avocate de l'accusé de se présenter face au président Matthieu Husson, pour sa plaidoirie.

"Fuir. Subir."

"Vous disposez de toutes les cartes entre vos mains pour prendre la décision la plus juste. Vous avez compris que Jonathann Daval ne conteste pas les faits qui lui sont reprochés" dit Me Spatafora en s'adressant en premier lieu aux jurés. Elle revient largement sur la personnalité de l'enfant Jonathann et son parcours de vie : "Ce garçon qui, dès l'enfance, a une personnalité des plus fragiles vivra une étape particulièrement difficile, la perte de son père." Elle aborde ensuite une situation qui pèse petit à petit sur un couple dont les deux membres ne prennent pas la même direction et n'évoluent pas de la même façon. 

Jonathann Daval n'arrivera pas à dire à sa femme, 'Je ne me sens pas prêt'. Alors il va faire ce qu'il sait faire de mieux. Fuir. Subir. Le virage qu'Alexia essaie de donner à son couple, elle le prendra seule.

Me Spatafora, avocate de Jonathann Daval

Elle revient ensuite sur la perte de poids de la victime ainsi que sur les épisodes de crises de la jeune femme, laborieusement décrites par l'accusé au cours de son interrogatoire. "Jonathann Daval ce qu'il a commis, ce soir-là, c'est effectivement tuer sa femme dans un contexte de conjugopathie" dit-elle en invoquant une "rage narcissique"

"Ce n'est pas Guy Georges sur ce banc"

"Une peine juste n'est pas celle qui doit plaire aux parties civiles. Ce n'est pas une peine justifiée par l'impact médiatique. C'est celle qui sanctionnera Jonathann pour ce qu'il a fait, et l'homme qu'il est" conclut Me Spatafora. L'audience est suspendue 15 minutes avant la prise de parole de Me Randall Schwerdorffer, avocat de J. Daval, pour ce qui sera la dernière plaidoirie de ce procès.
Me Randall Schwerdorffer, ténor du barreau de Besançon, prend la parole à 12h25. "La perpétuité, c’est une peine qu’on prononce pour les criminels les plus dangereux de la société. Ceux qui ont fait le pire" débute-t-il d'emblée. "Ce qu'on vous réclame sur les bancs des parties civiles c'est de venger Alexia. Ce n'est pas Guy Georges sur ce banc" dit-il en s'énervant, tout en précisant que la loi prévoit "une peine en fonction de l’acte et de la personnalité de l’auteur."

Twitter, Facebook, où un ramassis d'imbéciles commentent cette affaire, demandent un peine, réclament une peine, je ne les fréquente pas. On est entre nous là.

Me Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval

"On a des réquisitions qui sont totalement décalées des témoignages !!!! Vous n’avez pas suivi ce qu’il s’est passé ici !!!!" s'emporte l'avocat de la défense, sans hésitation, d'une voix ferme. Randall Schwerdorffer reprend point par point les éléments avancés tout au long de la semaine par les parties civiles et notamment la thèse du viol : "Il n'y a pas de viol. Traqui l’a dit. Pas d’éléments ! TERMINÉ !!" dit-il en criant parfois. Il poursuit au sujet de la thèse du divorce : "Est-ce que une seule fois Alexia a parlé de divorce ? Une seule fois ?? Un SMS ??" 

Non ça n'est pas un féminicide, non ça n'est pas un crime de possession... Ça vous arrangerait tellement. Juger c'est comprendre, pas excuser.

Randall Schwerforffer, avocat de la défense

"Cette patiente au tempérament anxieux se plaint de goût de fer dans la bouche, d’agressivité envers son conjoint" dit Me Schwerforffer tout en relisant à voix haute le rapport dressé par la neurologue, entendue cette semaine à la barre. Randall Schwerdorffer reprend le terme de "rage narcissique", employé par sa consoeur juste avant lui. 

"Pardon. Pardon."

"Vous allez juger sous le sceau de votre serment. Dans sa personnalité il y a des choses rationnelles et d'autres irrationnelles. On peut avoir tué un homme ou une femme et le regretter sincèrement, pleurer sincèrement" insiste l'avocat. Il se tourne vers les juges. "C'est vous qui devez arrêter cette folie, cette hystérie" dit-il. 

Il conclut par ces mots : "La perpétuité n'est pas adaptée dans cette affaire. Jugez Jonathan en femmes et en hommes libres. Vous prononcerez une peine en femmes et en hommes libres." 

L'audience est suspendue. Elle reprend à 14h15 avec les derniers mots de Jonathann Daval, l'accusé. Jonathann Daval se lève, il regarde la famille Fouillot. "Pardon. Pardon" dit-il en portant la main au cœur. La cour se retire pour délibérer.  Les délibérés ont duré environ 2h30. Le président Matthieu Husson énonce le verdict de la cour. L'accusé est condamné à 25 ans de réclusion criminelle, pour le meurtre de sa femme. Dans son box, Jonathann Daval affiche un visage sans aucune réaction. 

En vidéo, le résumé de cette dernière journée d'audience du procès Daval
Récit Emilien Diaz, Robin Droulez avec les équipes de France 3 Franche-Comté et Isabelle Fouillot Mère d'Alexia Daval - Dessin : Valentin Pasquier - Emmanuel Dupic Avocat général - Martine Henry Mère de Jonathann Daval - Caty Richard Avocate des parties civiles - Randall Schwerdorffer Avocat de Jonathann Daval.
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