Elle a 21 ans et aimerait bien enfiler l'écharpe de Miss France agricole 2024. Océane Balland est agricultrice en Haute-Saône et très fière de son métier. Une passion qu'elle partage déjà sur sa chaîne YouTube suivie par près de 45000 fans
La scène est poignante. Elle dure un peu plus d'une minute. On y voit la jeune agricultrice en train de réanimer un veau juste après le vêlage. Sur sa dernière vidéo TikTok, Océane Balland masse vigoureusement le nouveau-né et n'hésite pas à faire du bouche-à-bouche à l'animal pour qu'il reprenne enfin conscience. Une vidéo postée ce jeudi 16 novembre 2023 qui fait déjà le buzz. Elle totalisait près de 160 000 vues sur le réseau social quelques heures seulement après sa publication.
Des images bien loin de la photo avec laquelle elle se présente pour la prochaine élection de Miss France agricole 2024. Mais cette photo avec "Rupture", une de ses vaches, montre elle aussi toute la passion que la jeune femme nourrit pour ses bêtes et son métier.
Fille et petite-fille d'agriculteurs
"Je ne me suis jamais posé la question, c'est ce métier qui m'a choisie", explique l'éleveuse de 21 ans à France 3 Franche-Comté. Fille et petite-fille d'agriculteurs, elle travaille sur l'exploitation familiale située à Larret, près de Champlitte (Haute-Saône). Une ferme de 105 vaches charolaises qu'elle reprendra seule au 1er janvier prochain après le départ à la retraite de son père.
La jeune femme parle sans détour. Elle raconte le harcèlement scolaire dont elle a été victime et son choix, "à l'aube de [ses] 15 ans", de partir dans un collège agricole puis, très vite, en apprentissage. "Quand on part très jeune comme moi en apprentissage, ça éveille, ça montre tout de suite la réalité du métier d'agriculteur."
L'agriculture au féminin
Ce métier, elle adore le faire découvrir, en montrer toutes les facettes sur les réseaux sociaux et notamment sur sa chaîne YouTube, suivie à ce jour par près de 45 000 abonnés. "C'est un métier qui n'est pas reconnu à sa juste valeur, assure-t-elle. Maintenant, j'ai une petite communauté et ça m'aide à faire passer les messages. Car c'est à nous, les agriculteurs, de montrer ce que l'on fait vraiment, de répondre aux questions que se posent les consommateurs et à leurs doutes."
Si elle veut aujourd'hui enfiler l'écharpe de Miss, c'est aussi pour prouver que l'agriculture se conjugue aussi très bien au féminin. Elle a d'ailleurs été candidate deux fois déjà à ce concours : elle a été élue 1ère dauphine junior en 2019 et seconde dauphine sénior en 2021.
J'ai la chance d'être agricultrice depuis trois ans et ça me tient à cœur de montrer que les femmes ont toute leur place sur les exploitations. Et si ça peut encourager les jeunes à choisir ce métier...
Océane Balland, 21 ans, agricultrice à Laret (Haute-Saône).
Ambassadrice des agricultrices
"Qu'elle soit céréalière, éleveuse ou viticultrice, Miss France agricole va être pendant un an l'ambassadrice de sa filière et de sa région", confirme Emilie Marin, la présidente de l'association Miss et Mister France agricole. La viticultrice et maraîchère, installée près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), a été sacrée Miss France agricole en 2015 et sait tout l'enjeu de ce concours.
Les agricultrices ne sont jamais sous les paillettes ou les projecteurs. Cette élection de Miss agricole est pour nous l'opportunité de s'exprimer sur notre agriculture. On a besoin de communiquer "positivement" aujourd'hui, de montrer au grand public et aux consommateurs tous les efforts que l'on fait pour l'environnement ou le bien-être animal.
Emilie Marin, présidente association Miss et Mister France agricole.
L'idée est née en 2014 sur la page Facebook "VIP - Very Important Paysans". Puis une éleveuse du Cantal a organisé de son côté un premier concours en 2015, qui se voulait un "pied de nez" à l'élection de Miss France. Et le succès a été immédiat. "On a surtout compris avec ce concours que cela nous donnait enfin la parole dans les médias", insiste Emilie Marin. Avec Alexia Maigret, Miss France agricole 2014, elle a donc décidé d'organiser un peu plus la compétition. Loin des clichés.
"Les gens se reconnaissent plus dans une Miss agricole que dans une Miss France, sourit Emilie Marin. Ce sont des femmes comme tout le monde. Elles ne s'arrêtent pas de travailler pendant un an quand elles sont élues. Il n'y a pas de limite d'âge. Elles sont dans la vraie vie."
Même si le titre de MIss peut aussi changer la vie de l'heureuse élue. "Cela m'a apporté énormément, avoue-t-elle, pour la confiance en moi. Ce n'est pas rien d'être choisie parmi 100 ou 150 candidates. J'ai reçu beaucoup d'encouragements et de soutien. Vous savez, on est souvent confronté à l'agribashing, on s'en prend plein la figure, alors ça motive."
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Les candidates ont jusqu’au 8 décembre pour se faire connaître, envoyer une photo et un texte de présentation. Le jury fera ensuite une première sélection de 20 finalistes. Le nom de Miss France agricole sera officiellement dévoilé le 16 décembre. Son écharpe lui sera remise au prochain Salon International de l'Agriculture en mars.
Océane, elle, se prend à rêver. "J'ai pas voyagé, j'ai pas fait beaucoup d'études mais j'y crois, confie la jeune Haut-saônoise. Avant j'étais timide, mais j'ai bien changé. Ce serait une vraie fierté de représenter la France !"
