Provoquant des pertes de mémoire progressives, la maladie d'Alzheimer touche plus de 30 millions de personnes dans le monde. Une maladie sans traitement curatif. En Haute-Saône, Roland Dromard a fait le choix de garder son épouse à domicile malgré la maladie. Un choix courageux, guidé par l’amour qui lie à jamais ce couple.
Elle s’appelle Claudette. Depuis quatre ans, la maladie d’Alzheimer a fait d’elle une autre femme. Elle crie, elle chante, ne parle plus guère, elle réclame une attention permanente. Roland, 77 ans comme son épouse, n’a jamais songé à placer celle qu’il aime dans un établissement spécialisé. “Bien souvent, les médecins qui s’occupent de mon épouse, le médecin, le neurologue, s’inquiètent pour moi, plus que pour mon épouse. Ils savent qu’il n’y a plus d’évolution possible, ils se demandent combien de temps, je vais pouvoir supporter cela. Mais pour moi, ce n’est pas une vraie charge” explique l’homme. “Il y a beaucoup de tendresse, et ça résout quasiment tous les problèmes” estime Roland Dromard. Le septuagénaire gère tout, tout seul, des courses, au ménage…
Comment vivre avec un proche atteint de la maladie, sans s'oublier, sans s'épuiser ? Les aidants, ces maris, femmes, enfants font face jour après jour à une maladie qui évolue constamment. A Saulx en Haute-Saône, l’Ehpad propose depuis peu un café des aidants. On vient ici rompre la solitude, échanger, partager son expérience, chercher des clés pour faire face à une prise en charge souvent épuisante.
L’Ehpad peut accueillir temporairement des malades d’Alzheimer. “Une grande réalité des aidants, c’est de s’oublier aussi. À un moment donné, parfois d’aller au-delà de ses limites et mettre en danger sa propre santé. C’est dans ce cadre qu’on peut être amené à accueillir des personnes, car l’aidant est allé très très loin dans l’accompagnement à domicile, ou peut avoir un souci de santé” explique Céline Poidevin, psychologue en EHPAD. Roland sait que l’établissement pourra prendre en charge temporairement Claudette si un jour, il en a besoin.
Reportage S.Bourgeot, D.Colle, M. Blanc, R.Bolard avec Roland Dromard, époux de Claudette -Catherine, aidante -Céline Poidevin, psychologue en EHPAD
La maladie d'Alzheimer, la démence la plus fréquente dont on ignore largement les causes et mécanismes précis.
Décrite pour la première fois en 1906 par le médecin allemand Alois Alzheimer, cette maladie "neurodégénérative" conduit à une détérioration progressive des capacités cognitives jusqu'à aboutir à une perte d'autonomie du malade.
Parmi les symptômes figurent les oublis répétés, les problèmes d'orientation, les troubles des fonctions exécutives (projeter, organiser, ordonner dans le temps, avoir des pensées abstraites) ou encore des troubles du langage.
Le nombre de personnes atteintes devrait être multiplié par trois d'ici 2050, à cause d'une croissance des cas dans les pays à revenu faible et intermédiaire, selon l'Organisation Mondiale de la Santé.