C'est fait. Thibaut Pinot a mis fin à sa carrière de cycliste professionnel après sa dernière course, le Tour de Lombardie 2023. Attendu et fêté par des centaines de supporters, le Franc-Comtois a pu profiter d'un soutien indescriptible au moment de ses adieux. Récit.
"Tu as gagné ?", "Tu as gagné ?". Samedi 7 juillet, à l'arrivée du Tour de Lombardie 2023, voici la question posée deux fois à Thibaut Pinot par un journaliste. La réponse du principal intéressé : un grand "oui". Avec le sourire, sans hésitation.
C'est pourtant le prodige slovène Tadej Pogacar qui a remporté la course, pour la 3ᵉ fois d'affilée. Une performance historique. Mais le vrai vainqueur, le vainqueur des cœurs, c'est bien évidemment le Franc-Comtois de la Groupama-FDJ, qui vient de dire adieu au monde du cyclisme professionnel dans une ambiance de folie.
À 33 ans, et sur sa course préférée, le natif de Mélisey a essayé de "profiter au maximum" selon son propre aveu. "Ma course a été difficile, mais je me suis battu jusqu'au bout" a-t-il confié en fin de parcours. Se battre, tout donner, une constante durant 14 années de carrière. Et si ce 7 octobre, les espoirs de victoire finale se sont vite envolés, l'objectif de Pinot était ailleurs : "il fallait simplement que je finisse l'épreuve".
La Curva Pinot en feu
Car à 3,5 km de l'arrivée, l'attendaient dans les rues bergamasques plusieurs centaines de ses fans, les "ultras Pinot", venus de France et d'ailleurs jusqu'en Italie pour assister à la dernière danse de leur idole.
À grand coup de chants, de fumigènes, de banderoles et tifos agités en tous sens, on aurait cru voir un vrai kop, hurlant son amour comme un seul homme, dans la "Curva Pinot" devenue déjà culte.
Pris par l'émotion, Pinot a même mis le pied à terre pour mieux communier avec ses fans, lui d'habitude si pudique face aux marques d'affection.
C'était un truc de fou. Je ne suis pas champion du monde, mais j'ai le meilleur public du monde. C'était vraiment un truc de fou. Vraiment magnifique à vivre.
Thibaut Pinot
Au sein du peloton, nombreux sont les coureurs à s'être fendu d'un petit geste pour le Haut-Saônois. Des attentions qui ont fait plaisir au néo-retraité, et l'ont même un peu surpris. "Cela m'étonne car dans le peloton comme dans la vie, je suis un peu sauvage, assez timide" confie-t-il. "Je me dis que j'aurais peut-être dû tisser plus de liens avec les autres coureurs. Mais bon. Finir sur la ligne avec mes coéquipiers Rudy (Molard, ndlr) et Quentin (Pacher, ndlr), c'est un beau symbole".
Alors, ciao Thibaut ? Oui, mais prenons le temps de profiter encore quelques minutes. Après l'arrivée, les fanas du Franc-Comtois étaient nombreux à s'être rassemblés devant le bus de l'équipe Groupama-FDJ. "Maintenant, on va célébrer" souriait Pinot dans un sourire. "On va bien fêter cette fin. Cela, on sait faire".
La soirée promet d'être longue. Il le faut pour se remémorer une dernière fois une carrière longue de 14 ans faite de haut et de bas, mais toujours pétrie d'émotions.
Une aventure qui aura transformé le petit grimpeur de Mélisey en chouchou du public tricolore, connu et reconnu pour son style, son panache sur le vélo, et surtout, pour sa personnalité attachante.