Faire un film sur la guerre, pendant la guerre, et humoristique de surcroît il fallait oser.
Seul le grand Charlie Chaplin pouvait relever le défi. Cela donne en 1918, « Shoulder arms », traduit en français par « Charlot soldat » ou la vie quotidienne d’un bleu au front qui commet des actes héroïques.

Depuis la création de son personnage de vagabond maladroit à chapeau melon en 1914, Charlie Chaplin est très populaire et prolifique. Il s’est fait construire ses propres studios en 17 et tourne plusieurs films que les poilus apprécient particulièrement. Blaise Cendrars dit avoir « rit aux larmes, rit comme quatre » en voyant « Charlot au Music Hall » en permission. A l’entrée en guerre des Etats-Unis, Hollywood est mis à contribution pour accompagner la propagande gouvernementale. Charlie Chaplin a déjà participé à une grande tournée pour vendre des Liberty Bonds, des emprunts d’Etat. Il veut faire plus et réaliser un film sur le conflit. Son entourage est très dubitatif….

Source archives : - Chaplin Office - « Shoulder Arms » de Charles Chaplin Motion Picture : Roy export SAS All Rights Reserved - MK2 - US Government Archives ©France 3

L’acteur et réalisateur pense que la frontière entre comédie et tragédie est mince. Et qu’il pourra dénoncer l’horreur tout en faisant rire. Son héros, recrue maladroite dans un camp d’entraînement américain, est vite envoyé au front en France. Là, il se démène avec la faim, la boue, les tranchées inondées…Guidé par un héroïsme bravache, il capture 13 Allemands à lui tout seul. Puis carrément le Kaiser avec l’aide d’une jeune Française. L’onirisme et une certaine poésie le disputent au clownesque lorsque, déguisé en arbre, Charlot espionne les lignes ennemies.

L’équilibre est subtil et l’image très belle. Charlie Chaplin qui voulait à l’origine dans le scénario capturer tous les dirigeants européens, les renvoyant dos à dos,  amoindrit un peu son propos pacifiste…plus raccord avec la propagande interventionniste américaine. Le film s’achève tout de même sur le carton « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Il rencontre un franc succès auprès des anciens combattants, français et américains. Dominique Bragat écrit dans le Crapouillot en 1919… » Charlie Chaplin, parce que dans son humour il y a une profondeur d’humanité qu’atteint seul le génie (…) nous a donné le premier film vrai sur la guerre sans y avoir été. »





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