Depuis le 25 juin, de nombreux troupeaux ont subis des attaques en Saône-et-Loire. Selon la préfecture, 44 ovins ont été tués. Des images confirmeraient la présence du loup. Mais les associations de défense de l’animal demandent davantage de preuves, comme le test ADN.
Quinze attaques ont été constatées sur neuf communes en Saône-et-Loire : Viry, Vendenesse-les-Charolles, Mornay, Marizy, Martigny-le-comte, Beaubery, Saint-Romain sur Gourdon, Gourdon et Mont Saint-Vincent. Selon la préfecture, 44 ovins auraient été tués, 15 autres seraient blessés. Toujours selon les informations de la préfecture, des agents de l’OFB (Office Français de la Biodiversité) ont été envoyés sur place pour installer des “pièges photographiques” sur les lieux des différentes attaques.
Des tests ADN plutôt que des photos
La présence du loup aurait été confirmée grâce aux images. Mais une association de défense du loup, Le Klan du Loup, conteste la méthode et demande davantage de tests, notamment ADN pour attester de la présence de l’animal sur le territoire.Rodolphe Gaziello, fondateur de l’association, demande une preuve “plus sérieuse, une preuve scientifique”. Pour lui, un test ADN doit être absolument effectué avant d’affirmer que le loup est présent en Saône-et-Loire. “C’est une preuve irréfutable”.
Il ajoute que sur les images filmées par les agents de l’OFB, il est très difficile de faire la différence entre un loup et un chien. “Le loup est un canidé. Tout comme le chien.” Le premier est un canis lupus italicus. Le deuxième est un canis lupus familiaris. Un prélèvement sur place ainsi qu’une analyse dans un laboratoire pourront confirmer ou infirmer la présence du loup en Saône-et-Loire.
Suite à deux nouvelles attaques les 16 et 17 août derniers à Viry, les agents de l'OFB confirment la présence du loup grâce à l'analyse des animaux touchés et les lésions constatées. Des prélevements (poils, urine, sang, excréments) ont été pratiqués à proximité afin de réaliser les tests ADN. L'analyse de ces prélèvements pourraient prendre plusieurs semaines.
De plus en plus de loups à cause des tirs de défense ?
“Il est important de déconstruire aussi les représentations que nous avons autour de ce superprédateur.” Rodolphe Gaziello fait référence aux documentaires animaliers ou aux grands reportages “où les loups chassent les bisons”. Il rappelle que l’animal s’adapte à son environnement et qu’il est par conséquent “impossible de trouver un loup de plus de 35 kilos sur notre territoire”. Il compare même son gabarit à celui d’un “labrador ou d’un berger allemand”. Le président du Klan du Loup rappelle que le loup [en France], se nourrit essentiellement de petits rongeurs et de petits gibiers. “Il arrive parfois quand il passe à côté d’un troupeau qu’il croque une brebis ou un mouton… Mais alors le troupeau n’est pas protégé comme il le devrait.”Le 14 août, les éleveurs victimes des attaques ont demandé l’autorisation d’effectuer des tirs de défense. Là aussi, le Klan du Loup conteste. Et s’explique. “En France, une meute est composée de 5 à 7 loups. Si on tire sur la meute et qu’on tue un des alphas (le couple dominant), alors la meute se déstructure.” Et les loups se déplacent dans la région. “Actuellement, il y a, en France, une stagnation du développement des loups mais paradoxalement, une hyperdispersion de l’animal. C’est l’inverse de ce pourquoi le Plan loup a été mis en place au niveau national….”
Mais Rodolphe Gaziello ajoute qu’un loup qui est seul est un loup en transit et qu’il ne s’attaque pas à certaines proies. “Le loup solitaire est aussi un mythe” précise le fondateur de l’association, “en tout cas en France”.
Plus d’échanges entre les acteurs pour trouver des solutions
Le Klan du Loup affirme ne pas avoir été conviée à une réunion regroupant les représentants agricoles, la fédération des chasseurs, les associations environnementales, l’association des maires, l’OFB et le préfet Jean-Paul Celet, référent Loup auprès du préfet coordonnateur du plan national.Muriel Liviero, représentante de l’association en Saône-et-Loire regrette ne pas avoir été invitée aux échanges entre les différents acteurs concernés. “L’abattage des loups n’est pas une solution. Tout comme pour n’importe quel animal sauvage. D’autres solutions doivent être discutées.”
Concernant les attaques en Saône-et-Loire, la représentante du Klan du Loup s’interroge quant aux protections des enclos des troupeaux. “Étaient-elles bien posées ? Quand on demande aux éleveurs d’installer des clôtures électriques, sont-ils correctement accompagnés ?” Pour l’association, il y a là un manquement de la part de l’État. “Les éleveurs ne sont pas assez formés et informés”. Elle ajoute que dans les pays où le loup a élu domicile, comme en Italie ou en Espagne, “les éleveurs ont appris à vivre avec les loups”.
Si le loup est vraiment présent en Saône-et-Loire, alors l’association s’en réjouit. “C’est une chance. Ca veut dire que la biodiversité est en bonne forme.”