L’arrêt brutal d’activité des agences immobilières n’empêche pas après le déconfinement l’envie de vendre ou d’acheter un bien. Selon les agences contactées, le marché repart bien.
Des visites masquées mais des visites tout de même. Les agents immobiliers ont pu reprendre leur activité depuis le déconfinement. C’est désormais munis de masques, de gel hydroalcoolique et des portes laissées volontairement ouvertes que se font les visites pour la vente et l’achat de biens immobiliers. Le secteur a repris dès le 11 mai, avec quelques débuts timides avant de bien reprendre.
Pour Françoise Debatisse, spécialisée dans l’immobilier haut de gamme chez Ezare immobilier : "On ne peut pas parler de blocage ni de reprise progressive mais d’une reprise énorme. C’est impressionnant. Je fais des journées de 10 heures depuis trois semaines. C’est inhérent au marché de l’immobilier en général. Dans l’absolu, c’est une période très porteuse car c’est un moment où les gens ont envie de changer de maison. Avec le confinement, il y a aussi l’envie de changer pour avoir un extérieur, aussi petit soit-il." Les demandes de biens sont en général fortes sur les mois de mars, avril et mai donc le confinement n’y change rien. L’agente a été la première surprise par cette situation : "Je m’attendais à une période de latence jusqu’à fin juin-début juillet, avec des gens qui se demandent ‘j’y vais, je n’y vais pas’ mais ce n’est pas du tout le cas."
Même son de cloche pour Christine Ziegler, qui estime qu’après la grosse coupure engendrée par le Covid-19, la reprise est "pas trop mal". Pourtant, le secteur a été très touché. Selon le spécialiste de l’estimation immobilière Meilleurs Agents, le nombre de promesses de vente signées durant cette période a baissé de 75%. 120 000 ventes n’auraient ainsi pas été réalisées avec le confinement.
Des profils de clients variés
Le profil des clients actuels ? Ceux qui se sont positionnés avant le confinement sont désormais pressés de vendre. Pour Christine Ziegler, ce sont pas mal de "jeunes couples, de retraités, de personnes qui ont perdu un proche donc les enfants vendent la maison de leurs parents."Dans son agence sur des biens de caractère, Françoise Debatisse note que "le confinement n’a pas forcément incité les gens intéressés par ces biens-là à acheter plus. On travaille beaucoup sur un fichier de clients. On garde les clients en portefeuille et dès qu’on voit un bien qui leur plaît on peut les emmener faire une visite."
La période serait-elle propice au changement d’habitat ? "Il y a des clients qui souhaitaient acheter ou qui pendant le confinement ont eu le temps de regarder le site et de se mettre en contact avec nous. Ce n’est pas forcément l’état de confinement qui fait acheter mais d’avoir eu le temps de réfléchir", remarque Françoise Debatisse.
Est-ce le bon moment pour acheter ?
Pour l’agente immobilière, le cours "n’a pas bougé. Il est encore trop tôt pour dire si cela va augmenter ou baisser. Mon agence propose les mêmes prix et les gens ne cherchent pas à les baisser. S’il y a moins de demandes, les prix diminueront."Pour l’heure, les prix ne se sont pas enflammés. Actuellement, "les taux sont très bas. Les clients payent le même montant de remboursement pour un achat que ce qu’ils payent pour un loyer donc il n’y a pas d’intérêt à avoir un loyer si on peut se payer un bien pour le même remboursement. Les taux sont tellement bas qu’il faut en profiter. J’espère que ça va continuer. Cela nous aide d’avoir des taux bancaires très bas", estime Christine Ziegler.
Pour Françoise Debatisse, "c’est toujours le bon moment pour acheter dans l’absolu car la pierre reste une valeur refuge car il y a moins de fluctuation comme dans la bourse." La demande est d’ailleurs plus importante que l’offre dans la région : "sur le marché en général, on est en manque de biens. Cela a toujours été comme ça à Dijon et sur certains quartiers. Les prix restent élevés pour les maisons et les appartements dans le centre." Pour elle, les prix ne devraient pas augmenter. Seulement, les banques feront-elles beaucoup de crédits ? Se pose aussi la question de la situation de l’emploi après la crise car de nombreuses entreprises sont menacées de faillite. De nombreuses questions restent donc pour le moment sans réponse pour le marché immobilier.
Quant à savoir si le confinement a donné l’envie à certains d’avoir un extérieur, il est encore trop tôt pour le dire. Mais pour Christine Ziegler, la demande de balcon, de terrasse ou de jardin était déjà là bien avant.