L'étude menée par l'Ordre national des infirmiers vient confirmer les nombreuses inquiétudes partagées par une très large majorité d'infirmiers de la région Bourgogne-Franche-Comté tant en matière de qualité de l'offre de soins que de perception de leur propre métier. Détails.
C'est une étude qui jette une lumière crue sur la crise de l'hôpital public. Plus de 40 000 infirmiers ont été interrogés par l’Ordre national des infirmiers. Elle dresse un constat alarmant sur la perception de l’offre de soins dans leur territoire d’exercice ou encore leurs conditions d’exercices de leur travail.
Un accès au service inégalitaire, pour 3 infirmiers sur 4
En Bourgogne-Franche-Comté, un chiffre éloquent montre l'ampleur de l'inquiétude. C'est la quasi-totalité des infirmiers interrogés (96%), dans le cadre de l'étude de l’Ordre national des infirmiers, qui se disent inquiets de la situation en matière de soins dans leur région. C'est 6 points de plus qu'au niveau national.
Les motifs d'inquiétudes sont nombreux : les délais d'attente pour obtenir des rendez-vous sont jugés trop longs par 97% des infirmiers interrogés, tandis que plus de 8 infirmiers sur 10 estiment qu'il y a beaucoup de fermetures de lits et de services.
En matière d'accès aux soins, 76% des infirmiers interrogés dans la région jugent que l’accès aux services d’urgence est trop restreint ou trop difficile.
Des conditions de travail jugées plus difficiles qu'avant
Des infirmiers qui ont pourtant conscience d'être encore des acteurs de santé de proximité centraux et indispensables. Paradoxalement, le métier n'attire pas suffisamment. La faute à des conditions de travail jugées de plus en plus difficiles dans la région et à un manque de reconnaissance. C'est un constat largement partagé : 87% des infirmiers interrogés estiment que "les conditions d’exercice sont devenues plus difficiles que par le passé".
Une très grande majorité des infirmiers décrit aussi des difficultés à consacrer suffisamment de temps à chacun de leur patients ou à maintenir un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
"Si 8 infirmiers sur 10 se disent fiers d’exercer leur métier, près des deux tiers des répondants (65%) regrettent que leurs compétences et leur rôle auprès des patients ne soient pas reconnus dans leur territoire", souligne l'étude.
Quelles solutions ?
Parmi les solutions pour améliorer l'accès aux soins, une grande majorité des infirmiers (82%) demandent l'application de ratios par patient, de jour comme de nuit. Ce qui nécessite plus de moyens. "Les infirmiers de ce territoire souhaitent également être davantage associés aux politiques de santé publique", souligne les conclusions de l'étude.
Une très large majorité (70%) pense aussi qu'il faut conférer davantage de "responsabilité aux infirmiers en matière de prévention et d’éducation thérapeutique, sans prescription médicale" ou encore de "développer la consultation infirmière sans prescription médical".
Autre solution envisagée : donner la possibilité aux infirmiers de pouvoir coordonner l'orientation du patient dans son parcours de soins avec la création d'un statut d'infirmier référent. Ce que préconise l'Ordre national des infirmiers.