Arnaud Montebourg, arrivé 3e au premier tour, maintient le suspense sur son choix. Jusqu'à quand ?
Le député bourguignon est arrivé en 3e position lors du premier tour de la primaire qui va permettre de désigner le candidat du PS à la présidentielle de 2012. Pour qui prendra-t-il position ?
Il se prononcera après le débat qui aura lieu entre les deux finalistes mercredi 12 octobre sur France 2, à 20h35.
Dans un premier temps, le député de Saône-et-Loire avait évoqué la possibilité de ne donner aucune consigne de vote, il a finalement assuré qu'il ferait "certainement un choix" pour le 2e tour, même s'il continue à considérer Mme Aubry et M. Hollande comme "deux candidats issus de la même tradition politique social-démocrate" utilisant "des recettes gestionnaires du passé".
Arnaud Montebourg va écrire une lettre
Le président du conseil général de Saône-et-Loire a indiqué qu'il allait envoyer une "lettre ouverte" aux deux candidats. "Je vais rendre une lettre publique (...) ils me répondront par écrit et nous publierons les échanges", a-t-il expliqué. "Les citoyens pourront ainsi consulter mes demandes et leurs réponses".
M. Montebourg attend une prise de position des candidats sur ses propositions concernant "le contrôle financier, le protectionnisme industriel, la VIe République et la lutte contre la corruption".
"Naturellement je rendrai une position (...) au vu du débat qui se tiendra mercredi soir et des réponses que les deux candidats impétrants auront faites à cette lettre", a-t-il dit. "Si les deux candidats veulent obtenir un geste de ma part et de celle de mes amis (...) il faudra certainement qu'ils renoncent à un certain nombre des recettes gestionnaires du passé, qu'ils ont défendues dans leur campagne", a affirmé M. Montebourg.
Arnaud Montebourg au 20H de France 2 lundi 10 octobre 2011Ce que propose Arnaud Montebourg
CONTROLE FINANCIER :
-Séparation des banques de dépôt et des banques d'affaires
-Entrée de l'Etat dans les conseils d'administration des banques
-Taxe sur les transactions financières (0,1%) qui rapporterait selon lui plus de 250 milliards dans la zone euro
-"Je propose aussi que les banques riches qui distribuent des milliards de dividendes à leurs actionnaires (...) utilisent cet argent pour recapitaliser les banques fragiles" (Libération, 30 sept.)
-"Je propose par ailleurs un pacte de désendettement qui sera financé par les banques. C'est là que se trouvent les excédents, dans le système financier, les paradis fiscaux" (Libération, 30 sept.)
-Possibilité pour la Banque centrale européenne de racheter de la dette souveraine et de financer directement les Etats.
PROTECTIONNISME "VERT ET EUROPEEN"/"DEMONDIALISATION":
-Taxe carbone extérieure aux frontières de l'UE pour que les produits importés reflètent leur "juste coût carbone, sanitaire et social", doublée d'une taxe carbone "à l'intérieur de l'Union européenne" pour encourager "les entreprises à changer leurs manières de produire"
-Procédure anti-dumping à la française, par des mécanismes d'interdiction unilatérale de commercialisation de certains produits (hors UE), "en cas d'agression commerciale par des prix déloyalement bas"
-Réserver des marchés publics au secteur coopératif
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION :
-"Réformer et moraliser" les tribunaux de commerce, où les commerçants sont à la fois juges et parties, pour en finir avec un système "qui allie les défauts de la rente à la maladie de la corruption"
-"Démanteler" les paradis fiscaux en instaurant un embargo sur les transactions avec ces territoires
-Au sein de son parti, Arnaud Montebourg a reproché à Martine Aubry, alors patronne du PS, d'avoir trop longtemps protégé le président
PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, mis en examen en pour "association de malfaiteurs"
VIe REPUBLIQUE :
-"Référendum pour faire naître une VIe République", qui répartirait les rôles entre "un président qui arbitre, un gouvernement disposant de la plénitude de ses pouvoirs, un Parlement aux pouvoirs de contrôle renforcés y compris l'opposition"
-Référendum d'initiative populaire avec possibilité d'action abrogative
-Incompatibilité entre la propriété des médias et l'obtention de marchés publics
-Dans cette VIe République, "il n'y aurait plus d'impunité présidentielle", affirme Arnaud Montebourg, qui avait demandé le renvoi de Jacques Chirac, à l'époque chef de l'Etat, devant la Cour de justice de la République (CJR)
-Interdiction du cumul des mandats. Arnaud Montebourg est depuis 2008 député et président du conseil général de Saône-et-Loire, et doit abandonner en 2012 son mandat national
-Arnaud Montebourg affirme mettre déjà en pratique sa VIe République transparente en s'engageant à publier la réponse que Martine Aubry et François Hollande enverront à sa lettre ouverte.
Montebourg, le troisième homme
Le député de Saône-et-Loire a créé la surprise en prenant la 3e place au premier tour de la primaire socialiste dimanche 9 octobre 2011. L'élu bourguignon se classe 3e (17,35%), derrière François Hollande (38,78%) et Martine Aubry (30,63%).
Arnaud Montebourg, 48 ans, chantre de la démondialisation et promoteur de la primaire du PS a devancé Ségolène Royal. Son score à deux chiffres va lui permettre de peser lourd pour le deuxième tour dont il a désormais une partie des clefs.
M. Montebourg a gagné ses galons de leader socialiste désormais incontournable. "C'est celui qui a incarné une petite musique différence, les Français ont pu identifier une offre spécifique autour de la démondialisation, il a vraiment incarné un sillon extrêmement différent qui lui a permis d'exister", analyse le politologue à l'Ifop Fréderic Dabi.
Arnaud Montebourg crée la surprise au 1er tour de la primaire (09/10/11)Montebourg, candidat à la victoire
Le député de Saône-et-Loire, qui incarne la gauche du parti socialiste et prône la démondialisation, a séduit de très nombreux électeurs au cours de sa campagne à travers la France.
Interrogé sur ses chances de victoire, alors que les sondages le donnaient au coude-à-coude avec Ségolène Royal pour la 3e place, derrière François Hollande et Martine Aubry, le député bourguignon s'est déclaré "candidat au deuxième tour et à la victoire". "Je suis même candidat à infliger une défaite historique à Nicolas Sarkozy", a déclaré Arnaud Montebourg en souriant.
Durant sa campagne -dans "21 régions sur 22", "35 000 km", "6 000 volontaires"- le député de Saône-et-Loire s'est dépensé sans compter. Il a soutenu des ouvriers en grève, fait des "stand up" improbables sur les places de villages, allant même en Algérie, lui qui se dit arabo-morvandiau. Il n'a cessé de rappeler ses origines, famille de charcutier et grand père arabe.
Montebourg fait salle comble
L'outsider de la primaire a fait salle comble pour son dernier meeting avant le premier tour de la primaire socialiste. Le député de Saône-et-Loire, a réuni plus de 600 personnes au Palais des congrès de Dijon vendredi 7 octobre 2011.
Le maire François Rebsamen, proche de François Hollande, sportivement, a tweeté un "bon meeting à notre camarade bourguignon Arnaud". Soutien de Montebourg, la députée guyanaise Christiane Taubira (DVG) a salué en lui "le rénovateur en chef". "Il a réussi cette réforme majeure que sont les primaires", a vanté l'ex-candidate à la présidentielle.
"Aujourd'hui l'économie est oppressante, plus forte que la politique (...) Le projet de nouvelle France, c'est la politique plus forte que l'économie, la République plus forte (...) Il faudra audace et courage". "Il ne s'agit pas de dire que ce sera facile", insiste-t-il. "Obama au départ, il n'avait aucun gouverneur avec lui. Toute ressemblance serait fortuite".
Montebourg lance un appel aux Bourguignons
Arnaud Montebourg était l'invité de l'émission politique de France 3 Bourgogne samedi 1er octobre 2011. Il a lancé un appel très "gaullien" aux Bourguignons pour qu'"ils le portent le plus loin possible". Le député de Saône-et-Loire estime qu'il est le seul candidat à la primaire à incarner les "solutions nouvelles" face aux candidatures de François Hollande et de Martine Aubry qui sont "les mêmes candidatures à quelques nuances technocratiques près".
Il s'est dit d'ailleurs très confiant en ses chances et il n'a pas hésité à appeler les soutiens de Martine Aubry à se porter sur son nom pour qu'il y ait au second tour "un vrai débat entre François Hollande et une autre solution".
Refusant de croire aux sondages, Arnaud Montebourg a insisté : "on ne gagnera pas face à Nicolas Sarkozy avec des sondages, on gagnera avec des solutions nouvelles, des idées nouvelles pour permettre à la France de prendre de l'avance".
Arnaud Montebourg a également confirmé que, quoi qu'il arrive, il ne se représentera pas aux élections législatives de juin 2012.